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Tarzan #1

La BD!
BD de Christophe Bec et Stevan Subic
Soleil (2021), 80p., série prévue en 2 tomes.

bsic journalismMerci aux éditions Soleil pour leur confiance.

La très belle couverture, très classique dans le genre, est d’Eric Bourgier. L’album adapte le premier des 26 romans Tarzan de Edgard Rice Burroughs. Un second one-shot adaptera deux autres romans. Les Sculpteurs de bulles sortiront un Tirage de tête NB à priori en 2022.

3173_couvAdopté bébé par une tribu de singes inconnue des hommes, Johnny Greystoke est élevé dans une Jungle où la vie sauvage l’endurcit dans la violence des affrontements sanglants contre les autres grands prédateurs et les tribus de cannibales. Adulte, devenu le seigneur des singes, il rencontre des explorateurs britanniques et une femme, Jane Porter, dont il tombe amoureux…

TARZAN t.1 (Christophe Bec / Stevan Subic) - Soleil - SanctuaryAlors que tout le monde attend avec impatience la version Conan du duo Bec/Subic, cette adaptation littéraire des deux mêmes auteurs est plutôt une bonne surprise! Si vous lisez régulièrement ce blog vous savez combien je suis réservé sur la propension de Christophe Bec à diluer les intrigues de ses séries à succès autant que j’apprécie son exigence et la qualité de son écriture. Il n’est donc pas surprenant que l’adaptation basée sur un matériau contraint, à l’intrigue simple, sur un format court (un gros one-shot de quatre-vingt pages), lui permette d’exprimer la sècheresse de cette histoire dont la sauvagerie colle parfaitement avec le style primal du serbe Stevan Subic (à l’œuvre sur la saga steampunk de Fred Duval, M.O.R.I.A.R.T.Y).

Les auteurs prennent leur temps, sur une construction progressive remarquablement maîtrisée. Alors que l’album s’ouvre directement sur l’enlèvement de l’enfant, les vingt premières pages sont muettes et nous narrent la croissance sauvage de cet enfant soumis quotidiennement à la violence de la nature, que ce soit les affrontements entre singes, contre les félins ou les soubresauts volcaniques de la région. Le reste se limite à une narration dès lors que l’homme-singe découvre le campement de ses parents et les livres qui lui feront toucher la civilisation. Il est ainsi louable d’avoir publié le double album en simultané, une parution en deux tomes aurait été un peu étrange avec cette quasi absence de textes. La seconde moitié, à l’arrivée de Jane et de l’expédition, est plus classique, avec une fuite des hommes blancs dans la jungle et l’irruption de Tarzan pour les sauver. Etrangement le côté désuet du mythe passe fort bien du fait de cette introduction rageuse qui justifie le caractère assez monolithique du colosse. On acceptera la relative tenue du bonhomme en société, lui dont la vie violente aurait probablement provoqué nombre de traumatismes affectifs hors de ce récit d’aventure…

Je le disais, le graphisme de Stevan Subic est brut, claque sèchement avec un encrage épais et massif qui suggère les décors et les formes. Le dynamisme de ses personnages, toujours en mouvement, permet de voir prendre vie cet univers un peu comme dans un folioscope. Le visage de Tarzan, toujours en clair-obscur, n’est qu’une excroissance de son corps musculeux, ses deux billes noires enfoncées dans le trou de leurs orbites nous rappelant sa nature presque animale. La transposition des schémas classiques du récit d’aventure des années 1920 avec ses noirs anthropophages (ici dessinés plus comme des monstres que comme des humains, sans doute pour atténuer l’aspect raciste du récit) colore cette histoire en nous laissant imaginer de futures cités oubliées que les auteurs raconteront probablement dans la suite des aventures de Greystoke. Il est toujours compliqué d’éditer des albums en noir et blanc. Du fait d’une véritable exigence des lecteurs ou d’une vue de l’esprit des éditeurs pensant élargir ainsi leur public? Toujours est-il que l’on aurait vraiment aimé une sortie simultanée en deux formats chez Soleil pour profiter des planches brutes du serbe. Non que la couleur soit mauvaise, mais l’effet numérique et les reflets écrasent un dessin créé en contraste qui perd en sauvagerie.

Ce long récit se laisse très bien lire et apprécier dans tout son classicisme, sa radicalité bestiale et ses encrages en atténuant les aspects les plus datés du matériau originel. On se plait à (re)découvrir l’histoire originale qui a depuis tellement été adaptée, en se disant, comme pour Lovecraft et d’autres auteurs de l’époque, que les clichés qui leur sont attachés sont souvent plus issus des réinventions que des sources étonnamment adultes et évocatrices.

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3 commentaires sur “Tarzan #1

    1. Connais pas et je vois que ça fait décidément un bail qu’il a lâché ses pinceaux pour un clavier… Dommage je le préférais dessinateur car il ne cesse d’étendre ses intrigues sur des dizaines de tomes quelles que soient les séries. Coup de pot, Tarzan via son matériau de base le contraint à être concis et c’est là qu’il est le meilleur. Si tu aimes Bec scénariste je te suggère son récent Crusaders (si tu aimes la hard-SF) qui m’a franchement surpris par sa qualité.

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