Apocalypse selon Lola

Semaine très humour avec la ressortie d’une BD qui, après celle de mercredi, coche toutes les cases de l’humour Fluide…

BD d’Arthur Qwak

Akiléos (2020), 66p. + cahier graphique de 37 pages, couleur. One-shot.

Réedition de l’album « Lola Cordova », paru en 2005 chez Casterman.

Merci aux éditions Akiléos pour cette découverte.

Bel album relié au vernis sélectif, avec illustration d’intérieur de couverture, préface et introduction à cette réedition par le fondateur d’Akiléos et très imposant cahier graphique. Des couvertures d’un faux magazine ont été introduites au sein de l’album. Jolie édition avec nouveau titre (… je n’aime jamais trop cette méthode qui brouille le statut d’ancien album) et pitch redoutablement drôle et parlant… Très bonne édition globalement.

Qu’y a-t’il de commun entre une explosion dans un commissariat français, l’apparition de la formule 1 de Michael Schumacher au fond d’un glacier, la physique quantique et une pute nymphomane? Elle s’appelle Lola Cordova et elle doit sauver la Terre…

Connaissant seulement de nom Qwak, ne ne suis pas a priori fan de son style de dessin qui vire à l’épure numérique sur ce surprenant album tout droit sorti de Metal Hurlant ou Fluide Glacial. Comme souvent on est surpris des deux éditeurs qui ont choisi de sortir cette aventure spatiale de la pute la plus explosive de l’univers! Les dessins simplifiés ne sont donc clairement pas le point central de cette BD qui vous fera bien marrer devant tant de mauvais goût et de dialogues qu’aurait pu produire Tarantino. Optant, donc, pour le tout numérique, Qwak utilise ses outils pour agencer ses planches de façon très élégantes, dynamiques, jouant de façon tout à fait expérimentale avec les cases et les phylactères pour constituer un récit au cours surprenant mais redoutablement efficace et fluide. Ce n’était pas gagné tant le déroulement de l’histoire se passe entre plusieurs temporalités avec donc des cases de partout, des carrées, des rondes, des allongées, en damier et j’en passe. J’aime ces expérimentations et il est vrai que le numérique permet de produire de l’élégance avec bien peu de traits. Attention, l’auteur n’est pas du tout dans le minimalisme et réalise un grand nombre de dessins, parfois assez fins. Simplement le projet est pulp, psychédélique et vaguement rétro, ce qui implique un design général qui ne plaira sans doute pas à tout le monde.

Le gros point fort de cet album est donc dans ses dialogues et son intrigue totalement déjantée avec un vulgaire assumé…, excusez du peu: Lola est une pute qui se sert de ses charmes pour obtenir ce qu’elle veut et passe l’album à se faire sauter par des extra-terrestres pour revenir sur Terre et sauver le monde d’un Apocalypse annoncé… Le récit suit des enquêteurs militaires qui ont mis la main sur Lola et essayent de comprendre comment cette demoiselle pourrait être autre chose d’une énorme mythomane. Il faut dire, elle est difficile à croire avec son histoire de baises, de voyage quantique et de race alien acariâtre! Si les dialogues sont punchy, vulgos et très drôles, les dessins ne sont pas spécialement sexy, jouant plutôt sur des jeux graphiques et des idées à la pelle. Avec un aspect général qui sent bon le web-comic, on se passionne pour les aventures de la belle dont les prouesses guerrières empruntent autant à Ethan Hunt qu’à Neo. La narration n’est pas fine et pour cause, c’est celle d’une pute qui parle tout simplement de ce qui lui arrive sur Bloo comme sur Terre. Ca défile à cent-mille à l’heure dans une ambiance entre le nanar SF, le film d’action conspirationniste à base d’agence gouvernementale et le film de cul… Difficile de voir ce que ce gloubi-boulga peut donner, le mieux est de foncer lire ce gros délire qui vous fera du bien!