***·BD·Mercredi BD

The end

BD du mercredi
BD de Zep
Rue de sèvres (2018), 88 p., n&b, one shot.

couv_329238Je ne suis pas fana des couvertures des albums de Zep, trop monochromes et figées. L’image de couverture reste néanmoins intrigante, avec ce titre fort et totalement pertinent. Album grand format, aéré, papier épais agréable. Du travail propre comme toujours chez Rue de sèvres, mais rien d’exceptionnel non plus.

Théo est doctorant en biologie et commence un stage en suède auprès d’un scientifique qui a découvert le codex biologique de la planète dans un fossile de feuille. Son hypothèse est que toute la communication mondiale de la Nature est inscrite dans ce codex. Lorsque des morts inexplicables surviennent à plusieurs milliers de kilomètres de là, des suspicions se portent sur une multinationale du médicament. A moins que cela soit plus grave…

N’ayant jamais lu Titeuf, j’ai découvert Zep sur Un bruit étrange et beau, qui m’avait impressionné graphiquement mais aussi par sa narration douce et fluide. Les dessinateurs bons scénaristes sont rares et je dois dire que le récent Paris 2119 (avec Bertail aux pinceaux) m’a confirmé les qualités d’écriture de cet auteur. The End se lit ainsi d’une lecture souple, assez rapide, permettant d’apprécier les grandes qualités esthétiques et techniques de Zep. Résultat de recherche d'images pour "zep the end"Il est dommage que l’album soit en aplats de couleurs, il aurait gagné à être soit en noir en blanc soit colorisé de manière plus classique. D’autant que les nombreuses cases de nature et paysages sont très visuelles et auraient mérité un travail de lumières et de verts. Si le dessin, très léger, presque pas encré, est par moments un peu rapide (on sent l’envie d’aller vite), c’est sur les visages, les plans serrés que le dessinateur montre tout son talent dans ce style réaliste.

L’intrigue reprends celle du très méconnu et critiqué  film Phénomènes de M. Night Shyamalan qui présentait un « apocalypse Gaïa » lorsque la Nature toute entière se rebellait contre les humains via l’émission de substances mortellement toxiques par les plantes. Comme le film, l’album de Zep montre ainsi les dernières heures de l’humanité alors que l’équipe du scientifique découvre soudainement que les crises survenues de-ci de là sont liées à une décision « consciente » de la Nature. C’est d’ailleurs rigolo de voir des variations différentes du même principe, entre le Guerrier éternel des comics Valiant (version action), l’apocalypse zombie, cette version plus documentaire ou encore la variante Stryges qui reste fondamentalement sur la même idée.

Résultat de recherche d'images pour "zep the end"Le scénario est le gros point fort de l’album, faisant monter progressivement la tension en jouant sur les psychologies et relations des personnages pour nous faire oublier le drame à venir. L’auteur ne fait pas grand mystère de sa chute puisque la première séquence montre la mort brutale de l’ensemble d’un village. Son objet est de rappeler la crise écologique actuelle et de montrer les conséquences pour l’humanité alors que la Terre n’a pas besoin de cette dernière. Résolument politique, l’auteur prends comme héros un activiste prêt à en découdre avec les forces de l’ordre dans des manifestations pour le climat ou de passer à l’action illégale contre un laboratoire soupçonné d’être responsable des empoisonnements. Les ficelles du scénario catastrophe  scientifique sont parfaitement maîtrisées avec les sacrifices, les survivants et l’avancée inexorable du drame et ses visions d’une terre désolée.

Zep nous livre avec The End une vision très sombre de notre avenir, appuyée sur la bande son du The end des Doors que le professeur écoute une bonne partie de l’album, comme un avertissement. Cela justifie un titre et habille le sujet. Une lecture que je recommande vivement.

note-calvin1note-calvin1note-calvin1

Achetez-le chez njziphxv

Un commentaire sur “The end

Laisser un commentaire