BD de David Sala
Casterman (2017), 120p.
Album grand format. Un cahier final propose des croquis, photos de l’atelier et du scénario manuscrit de l’auteur. C’est moyennement intéressant et j’aurais aimé une préface expliquant le travail d’adaptation. La couverture est très réussie, mettant en avant le dessin de l’auteur et suffisamment intrigante pour donner envie d’ouvrir le livre.
Sur un paquebot partant pour l’Argentine en 1941, le champion du monde d’échec est à bord. Un groupe de passagers le convainc de participer à une partie, à laquelle se joint un mystérieux personnage qui parvient à ébranler le champion. Ce « Docteur B. » relate alors son incarcération par les nazis et comment il s’est construit un univers mental totalement dédié aux échecs, jusqu’à fusionner avec sa propre personnalité.
Je suis les publications de David Sala comme illustrateur jeunesse depuis plusieurs années. Ses albums « le coffre enchanté« , « folles saison » et « la colère de Banshee » sont magnifiques et j’étais intrigué de voir ce que son style pourrait donner en BD (je n’avais pas accroché à ses précédentes tentatives, notamment sur Nicolas Eymerich Inquisiteur) avec son utilisation des damiers et des juxtapositions d’aplats de motifs sur des dessins en volumes. L’auteur a choisi d’adapter une nouvelle posthume de Stephan Zweig très tournée sur la psychanalyse et la technique concentrationnaire des nazis.
L’album est volumineux mais pourtant très aéré. Beaucoup de planches sont sans bulles et il y a peu de cases par page avec une structure en damier reprenant l’idée du jeu d’échec. On est proche de l’illustration jeunesse par le format et c’est très agréable pour les yeux avec l’utilisation d’aquarelle sur un dessin de type rétro qui colle bien à l’époque. Ses visages sont caricaturaux comme d’habitude chez Sala, avec beaucoup de très gros plans sur les regards assez réussis. Le texte alterne entre quelques bulles et une narration issue de la nouvelle. Ce sont les atmosphères qu’essaye de rendre David Sala et il y réussit bien.
La tension dramatique tourne logiquement autour des parties d’échec (dans la première partie de l’histoire) et l’on est pris un peu comme un thriller avec cette énigme de savoir si le champion d’échec pourra être vaincu et ensuite qui est ce mystérieux personnage aux capacités hors du commun et qui confie n’avoir jamais appris les échecs ?
Dans une seconde partie (la plus intéressante), l’inconnu raconte comment il a été incarcéré par les nazis et a bâti sa survie psychologique en étudiant les grandes parties d’échec et en se confrontant mentalement à lui-même dans des parties interminables, devenant à la fois un parfait stratège et basculant dans la folie. Là, l’auteur parvient à rendre palpables graphiquement les méandres psychiques dans lesquels est enfermé le personnage tout en se faisant plaisir. Ce qui est intéressant dans cet album (outre un scénario parfaitement maîtrisé et très lisible évitant de tomber dans le conceptuel) c’est l’interaction entre l’univers visuel de David Sala et celui du jeu d’échec. L’on comprend pourquoi il a choisi ce sujet et la pertinence de ses illustrations.
Sa technique garantie 100% sans numérique a quelques ratés du fait de l’utilisation de l’aquarelle sur des crayonnés mais c’est l’essence de cette peinture et cela apporte un côté naturel et organique que j’apprécie.
Le joueur d’échec est contre toute attente une BD relativement grand public qui a le mérite de faire découvrir la nouvelle de Zweig et qui allie critique du système nazi et réflexion sur la psychologie du joueur d’échec. Il permet surtout à ceux qui ne le connaissaient pas de découvrir l’illustrateur David Sala et j’invite vivement ceux qui auront apprécié l’album à acheter ses ouvrages d’illustration jeunesse qui sont de véritables joyaux.
Cet article fait partie de la sélection de, cette semaine hébergée chez Noukette.
Avec un billet sur le roman de Zweig chez Bricabook. Egalement la chronique de la BD par Moka.
J’aime beaucoup les illustrations de David Sala dans les albums… Mais je ne connais pas son travail en bd, à découvrir donc !
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Oui c’est vraiment une bonne découverte pour moi. Et un bon scénariste!
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Je vais y venir, c’est certain !
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Oh, want! J’adore la nouvelle de Zweig et contrairement à plusieurs, le dessin me plait bien… du moins, ce que j’en vois!
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pas super tentée par les dessins de mon côté 😀
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Qu’est ce que je l’aime cet album ! Son graphisme, son coté littéraire, son inventivité. Tout me plait !
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La colère de Banshee est magnifique et cette adaptation du Joueur d’échecs me tente depuis un moment. Ce que tu en dis confirme davantage mon envie de la découvrir.
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Je connais ses albums jeunesse, c’est un illustrateur de grand talent. Du coup ça m’intrigue de voir que cela donne dans cet album.
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C’est assez différent, je trouve ca un peu moins bon graphiquement qu’en jeunesse mais en tant que BD l’ensemble est très bon.
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Cet album a l’air hypnotique… Tentée…!
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J’avoue que je craignais un peu l’album conceptuel de graphiste. Mais le scénario est vraiment bien adapté et intéressant. Ca se lit très facilement.
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Beaucoup aimé le livre, je tenterai peut-être l’adaptation
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J’adore l’histoire et le réel travail autour de la géométrie des vignettes !
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Très tentant!
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J’aime beaucoup la nouvelle de Zweig que je relis souvent, donc pourquoi ne pas découvrir son adaptation bd…
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bien envie de découvrir cette adaptation après avoir lu le roman, sur le tard
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J’aime le sujet mais je crains le dessin, c’est bien dommage
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C’est très illustratif avec des aquarelles. Les visages sont un peu particuliers, mais le scénario est vraiment fluide et permet de découvrir cette histoire.
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