BD de Pierre Christin et Virginie Augustin
Dargaud (2022), collection « Valérian et Laureline par… »
Redevenus enfants, Valerian et Laureline vivent sous la tutelle de Monsieur Albert sur la Terre du XXI° siècle, lorsque Galaxity confie à ces derniers une mission diplomatique au cœur du Caucase…
Alors que certains héros iconiques multiplient les spin-off, séries parallèles, hommages et autres artifices des éditeurs pour vendre toujours plus d’albums, on peut dire que sur Valérian, Dargaud reste fort discipliné en respectant le souhait des auteurs originaux de ne pas voir leur création devenir une attraction commerciale. Tellement qu’on se pince un peu en constatant les dates de parutions des trois uniques hommages de Larcenet (2011), Lauffray et Lupano (2017) et donc ce Christin et Augustin. Des trois, Là où naissent les histoires est le moins comique et interroge sur le statut de suite ou d’histoire solo de l’album, impression renforcée par la présence de Pierre Christin au scénario, dans un contexte qui rappelle étonnamment sa seconde passion scénaristique: le thriller diplomatique.
Alors que le début de l’album nous fait savourer le talent incontestable de Virginie Augustin qui est à l’aise dans absolument n’importe quel environnement, des plaines d’Hyborée aux bahuts parisiens, on migre ensuite dans une étrange intrigue diplomatico-écolo qui risque de laisser un peu sur le carreau les lecteurs qui ne connaissent pas particulièrement la chronologie de la série mère. Le rajeunissement des héros fait référence directe à la conclusion de la série en 2010 dans L’Ouvre Temps. Présentant différents protagonistes qui vont se retrouver au cœur d’un Caucase que Christin aime approcher, l’histoire devient malheureusement un peu brouillonne quand aux motivations des différentes crapules. On sent l’envie de parler de problématiques actuelles, de la surconsommation d’images à l’heure du Bing watching à la question des matières premières sans oublier d’aborder le féminisme cher à Virginie Augustin et incarné par la pétillante Laureline, mais si le contenu est intéressant la trame reste confuse.
Sans doute conçu comme un cadeau bonux vaguement fan-service, cet album luxueux réalisé par deux orfèvres de la BD peine à atteindre le niveau de ses deux prédécesseurs. Sans doute mal calibré et scénarisé par un spécialiste des thriller plus que des blagues, ce troisième Valerian vu par… aura du mal à enthousiasmer les découvreurs de la dernière heure.