Salut les mangavores! Fournées de suites récentes et globalement excellentes, qui montrent que la passion des jeunes auteurs a encore beaucoup à apporter et le dernier Chef d’oeuvre de Lovecraft de Tanabe.
- Leviathan #2 (Kuroi/Ki-oon) – 2022, 224p., volume,2/3 tomes parus. Série originale Ki-oon.
Merci aux éditions Ki-oon pour leur confiance.
Le premier tomeLeviathan #1 sorti en début d’année nous avait happé dans un graphisme glacial tout à fait européen pour un huis-clos de survie spatiale en deux temporalités. Ici on s’attarde très peu sur les pilleurs dépave qui ne servent qu’à maintenir le suspens de qui est le survivant pour plonger résolument dans un Battle Royal qui évacue les éléments relationnels du précédent volume et tranche à tout va entre différents groupes et caïds du cerveau et des muscles. L’aspect le plus intéressant reste cette jeune fille qui mine de rien arrive à manipuler tout le monde pour viser le graal sans se salir les mains. Plus rythmé, plus linéaire mais tout aussi impliquant, ce deuxième épisode d’une série au format raisonnable coche donc toutes les cases d’efficacité dans le thriller spatial. Sacré performance pour une première œuvre et encore un strike pour cette création Ki-oon!
- Fool Night #2 (Yasuda/Glénat) – 2022, 208p., 2/4 tomes parus.
Merci aux éditions Glénat pour leur confiance.
Pour sa première œuvre le mangaka Kasumi Yasuda avait impressionné sur un premier tome au dessin très inspiré et maîtrisé et qui demandait à confirmer. C’est chose faite avec ce second volume qui gagne directement un Calvin en simplifiant son intrigue vers une chasse au sérial killer. Pour une fois l’auteur évite ainsi d’étirer inutilement son entrée en matière et le cadre et les personnages étant posés il peut lancer son enquête paranormale avec comme vous vous en doutez un être transfloré qui semble avoir gardé la capacité de mouvement et décime la population, obligeant la police à collaborer avec l’Institut de Transfloraison en la personne de notre héros aux pouvoirs spéciaux. Tirant parti de cette atmosphère en clair-obscur alliant dynamisme issue de l’Animation et esthétique très polar, ce manga impressionne et convainc parfaitement en parvenant à garder un subtile équilibre entre cette mélancolie liée à la fin prochaine de ces êtres transformés et thriller classique très efficace. Aussi ne vous fiez pas à ces jaquettes atroces et à ce titre qui (pour l’instant) semble incongru et plongez dans une des plus jolies découvertes manga de cette année!
- Le Molosse (Tanabe/Ki-oon) – 2022, 176p., collection Les chef d’œuvres de Lovecraft.
Merci aux éditions Ki-oon pour leur confiance.
Avec sa frénésie de publications Ki-oon a rejoint avec ce recueil les publications japonaises de Tanabe, ce qui signifie qu’il faudra attendre un peu avant de voir paraitre l’Abomination de Dunwich qui est parue fin 2021. Étranges choix éditoriaux que de sortir coup sur coup la dernière parution en date de Tanabe (Le Cauchemar d’Innsmouth) puis sa première tentative chez Lovecraft. Du coup l’intérêt pour ces trois courtes nouvelles qui auront les mêmes limites que Celui qui hantait les ténèbres, à savoir leur brièveté et leur aspect d’ébauche. Surtout, ce sont des histoires antérieures au Mythe de Ctulhu puisque ce dernier s’étale de 1926 à 1936 quand les trois nouvelles ici adaptées sont publiées au tout début des années vingt. Ce qui est étonnant c’est que Tanabe n’a pas encore figé le style tramé qui fait le succès des autres publications de cette collection, avec des visages plus classiques du manga, plus agréables aussi. Il commet en outre quelques erreurs comme ce drapeau nazi sur un sous-marin allemand en 1920. Si La cité sans nom peut paraitre assez redondante avec Dagon et Le Molosse un peu précipité, le Temple nous rappelle que Lovecraft est à l’origine d’à peu près tous les thèmes de l’épouvante fantastique moderne, cette nouvelle ayant été adaptée dans Sanctuaire et ayant inspiré à peu près toutes les histoires de fantômes en sous-marins, notamment le magique Namor d’Esad Ribic qui ressort enfin cet automne chez Panini.
- Shigahime #4 et #5 (Hirohisa/Mangetsu) – 2022, 208., série terminée en 5 volumes.
Merci aux éditions Mangstsu pour leur confiance.
Voici la série bouclée après moins d’un an pour cette série d’un jeune auteur (qui annonce travailler seul, sans assistant, en post-face) qui a le grand mérite d’une pleine sincérité dans ce qu’il fait. Assumant le format court il nous a ainsi proposé une intrigue simple dont la conclusion prend très pertinemment le temps d’un long épilogue qui donne tout son sens au manga en lui évitant de se limiter à une simple orgie de démembrements et de relations perverses. Car on peut dire qu’en matière d’atmosphère dérangeante Sato Hirohisa est parvenu en peu de volumes à instiller un malaise et une noirceur qui joue sur le cliché romantique du trio amoureux et de la vampire manipulatrice. Si les trois premiers volumes développaient le personnage d’Osamu, le quatrième tome voit l’arrivée de la sœur de Miwako dont l’affrontement avec sa frangine va permettre à Soichi de retrouver ses capacités mais aussi entraîner un dénouement tragique. Je n’en dis pas plus mais sachez que ça éviscère plus que ça ne se dépoile sur les deux derniers volumes où l’on surprend l’auteur à proposer une intrigue à plusieurs niveaux et bien plus subtile que les planches ne semblent l’illustrer. Loin se de contenter comme nombre de mangas à un fan-service déviant, il cache sous son univers ultraviolent une parabole sur la solitude du monde moderne… Je vous laisse découvrir cette très jolie découverte que nous a proposé Mangetsu!