Histoire complète en 64 pages, écrite par Roger Seiter et dessinée par Jean-Louis Thouard. Parution aux éditions RobinSon le 31/08/22.



Merci aux éditions Robinson pour leur fidélité.
La mort leur va si bien

En 1877, la ville d’Édimbourg s’émeut lorsque le corps d’un notable est retrouvé fortuitement dans une sinistre masure abandonnée. Alors que le vieil homme semble avoir trouvé une mort naturelle, certains éléments interpellent l’inspecteur McRae, de la police municipale. Tandis que l’opiniâtre inspecteur va mener son enquête, ailleurs dans les rues d’Édimbourg, un certain Arthur Conan Doyle, étudiant à la faculté de médecine, va lui aussi découvrir, au travers des cercles spirites qui font fureur parmi les bourgeois, qu’une conspiration se trame, une affaire qui va remettre en question son pragmatisme et son sang-froid.
Dans le même temps, Betsy, jeune mère célibataire, subit l’injustice du système alors qu’elle tente de survivre avec sa fille Maggie, et va se retrouver sous la protection du foyer Sainte Madeleine, réputé pour offrir un havre de paix aux femmes victimes de violences. Quel est le lien entre ces deux situations ? McRae et Conan Doyle ne tarderont pas à le découvrir.
Laissez tomber le Londres de l’époque victorienne, optez plutôt pour Édimbourg ! Ses crimes y sont moins sanglants mais plus morbides, ses enquêteurs moins charismatiques mais plus accessibles ! Avec le dossier Thanatos, nous avons droit à une enquête méticuleuse et sans accroc, mettant en scène le créateur du célèbre Sherlock Holmes, alors jeune étudiant en médecine. Il est d’ailleurs de notoriété publique que le détective de Baker Street tenait son esprit affuté et cartésien de son créateur, nous en avons ici un rapide aperçu au travers de ce récit tortueux et glauque.

L’ambiance gothique est au service d’une cause plus noble, une thématique sociétale, à l’instar d’Automne en Baie de Somme. En effet, la place des femmes dans une société patriarcale et conservatrice est là aussi en question, la critique étant enrobée dans une capsule de mysticisme. Le déroulé de l’intrigue en lui-même est prenant, et profite de l’ambiance sombre pour nous pousser toujours un peu plus loin dans l’enquête.
Cependant, il faut avouer que le charisme du protagoniste n’est pas l’atout majeur de l’album. Sans pour autant comparer avec le fameux Holmes, on peut regretter son manque de profondeur durant l’enquête, même si ses choix lors de la conclusion tendent à le rendre sympathique. Il est aussi parfois délicat de faire le distinguo entre tous les personnages, non pas du fait de la caractérisation cette fois, mais du graphisme, qui rend l’identification moins aisée.
En conclusion: les amateurs d’enquêtes à la Sherlock Holmes trouveront leur compte, les férus d’ambiances gothiques aussi, idem pour les amoureux de justice sociale. Le graphisme et maitrisé et participe grandement à l’ambiance, mais peut rendre difficile la distinction entre les personnages.