Benjamin Renner
Delcourt – Prix jeunesse Angoulème 2016

Il y a du Aardman dans ce grand méchant renard qui s’est vu décerner de façon un peu trompeuse le prix « jeunesse » d’Angoulème 2016. Trompeuse parce qu’il ne s’agit pas d’un album jeunesse mais d’un terrible morceau d’humour entre le théâtre et le n’importe quoi sauce Wallace et Gromit. Les animaux de la ferme et de la forêt décrits dans ce gros volume sont les cousins des moutons et cochons de Shaun the sheep auquel l’auteur a très certainement emprunté le chien-gardien dépressif…
« il était une fois… » un petit renard perdu dans un monde cruel où la nature fait que les prédateurs mangent la volaille. Sauf que chez Benjamin Renner, tout est à l’envers. Le renard n’arrivant à rien, se fait coacher par le grand méchant loup (on se dit par moment qu’il est sans doute préférable que le petit chaperon ne soit pas venu pointer son nez dans cette histoire…) afin de ne plus être la cible de la poule matrone-révolutionnaire qu’il cherche à bouffer… La forme de l’album est légère, succession de stripes sans cadre d’un trait et coup de pinceau très élégant où les expressions des personnages crispent les zygomatiques à chaque séquence. Souvent il n’est pas besoin de texte tant le burlesque dépasse le verbe.
Si l’album finit par s’essouffler (difficile de tenir un humour de haute volée pendant 200 pages), l’on passe une bonne tranche de rigolade parmi ces personnages tous plus déglingués les uns que les autres (mention spéciale à maître blaireau). Les enfants pourront être associés à ce petit plaisir si vous n’avez pas peur du langage fleuri utilisé par ces redoutables chasseurs de poules.