****·Comics·East & West·Nouveau !·Service Presse

Blue in Green

Histoire complète de 144 pages écrite par Ram V et dessinée par Arnand RK. Parution française assurée par HiComics dès le 16/01/2023.

Merci aux éditions Hicomics pour leur confiance.

La salsa du démon

L’an dernier, le scénariste Ram V nous avait bluffé avec Toutes les morts de Laila Starr. Cette fois, il s’associe avec Arnand RK, un artiste indien, pour explorer encore davantage la thématique de la mort et du deuil.

Erik Dieter est un prof de musique, qui a toujours tutoyé la grandeur sans jamais l’atteindre lui-même. Après des années passées à Manhattan loin de sa famille, Erik doit retourner dans sa ville natale pour assister aux funérailles de sa mère Alana, avec laquelle les rapports ont toujours été délétères. Une fois leur mère mise en terre, Erik et sa soeur doivent mettre ses affaires en ordre. Erik s’aventure dans le bureau de cette femme qu’il craignait étant enfant, celle-là même qui refusait qu’il exploite son potentiel pour la musique. Alors que la vielle femme ne s’était jamais montrée si sentimentale, voilà qu’Erik trouve une mystérieuse photo qui attire immédiatement son regard. Le cliché est celui d’un musicien dans la fleur de l’âge dont il ignore l’identité. Qui était cet homme ? Que représentait-il aux yeux d’Alana, au point de taire son existence et d’emporter son nom dans la tombe ?

Erik va se lancer dans une enquête retorse pour retrouver le nom de cet homme. Ses recherches vont lui faire renouer avec son talent mais aussi avec des secrets qu’il valait certainement mieux laisser enfouis.

A première vue, Ram V nous propose une nouvelle enquête d’un protagoniste sur ses origines, avec secrets de famille au menu et supplément quête de soi. Mais il faut bien l’admettre, Ram V sait y faire et va ajouter à cette sauce déjà-vue une âme et coloration particulières. En passant par le prisme de l’horreur et du surnaturel, le scénariste ne se contente pas d’explorer le deuil, il évoque aussi l’héritage et la transmission, à la manière d’Ari Aster dans Hérédité.

L’auteur nous parle aussi de ce que recherche chaque artiste dans sa discipline, des tourments qu’il peut s’infliger pour trouver l’accomplissement dans les arcanes de son art. La musique étant un art exigeant, l’idée d’un pacte faustien n’en est que plus symbolique, même si elle induit que l’inspiration et le génie ne peuvent être dus qu’à de cruelles muses.

Graphiquement, Arnand RK fait des merveilles, son trait renforce l’ambiance vertigineuse et morbide liée à la quête d’Erik Dieter. Ses planches rappellent, tant dans la composition que dans la peinture, celles de Bill Sienkiewicz. La lecture de l’album donne donc l’impression d’une partition hallucinée, une impro de jazz savamment ourdie par des forces obscures.

Blue in Green plaira indubitablement aux amateurs de musique, à ceux qui connaissent le prix de l’excellence, mais aussi aux lecteurs réguliers d’épouvante.

*****·Comics·East & West·Nouveau !·Service Presse

Toutes les morts de Laila Starr

Histoire complète en 128 pages, écrite par Ram V et dessinée par Filipe Andrade. Parution aux US chez Boom! Studios, publication en France chez Urban Comics le 06/05/2022.

Merci aux éditions Urban pour leur confiance

Death and taxes

« Dans ce monde, rien n’est certain, excepté la mort et les impôts« . Et bien, figurez vous que ce ne sera bientôt plus tout à fait vrai, et ce grâce à la naissance imminente de Darius Shah. Affublé d’une destinée peu commune, il est attendu de Darius, à un point indéterminé de son existence, qu’il permette à l’Humanité d’accéder à l‘immortalité. Bonne nouvelle pour la plupart d’entre nous, n’est-ce pas ? Peut-être pas pour la Mort, qui se voit convoquée dans les hautes sphères célestes pour se voir remerciée par les pouvoirs en place.

Son obsolescence prochaine ne faisant plus aucun doute, la Mort est donc limogée, mais peut bénéficier d’une faveur accordée aux divinités sortantes: être réincarnée en mortelle, afin de pouvoir goûter aux joies d’une vie simple, déchargée de ses responsabilités, et qui sait, peut-être même d’une vie éternelle grâce à Darius.

Après ces millénaires de bons et loyaux service, j’aime autant vous dire que la pilule est dure à avaler pour Mort. Désespérée et prête à tout pour retrouver son poste, elle s’arrange pour être réincarnée non loin du fameux Darius, qui vient tout juste de naître à Bombay, et elle se retrouve donc dans la peau de Laila Starr, une jeune indienne blasée qui a, peut-être, ou peut-être pas, mis fin à ses jours au moment ou Darius pointait le bout de son nez.

On ne change pas vraiment ce que l’on est, il n’est donc pas étonnant qu’aussitôt arrivée sur Terre, Mort/Laila cherche à se débarrasser pronto du petit Darius. Après tout, que pèse une seule vie dans la balance cosmique de la vie et de la mort ? Pas grand chose a priori, mais se salir ainsi les mains n’est pas aussi aisé que Laila voudrait bien le croire.

Une série d’événements fait que Darius réchappe de justesse à cette rencontre prématurée avec la Faucheuse réincarnée, qui meurt écrasée par un camion. L’histoire pourrait s’arrêter là, néanmoins il se trouve qu’être une déesse emporte son lot de privilèges, si bien que Laïla renaît, aidée par le dieu de la Vie en personne. Toujours motivée, elle se remet à la recherche de Darius, qui est désormais un petit garçon de huit ans…

Le reste de l’intrigue sera rythmé par les morts successives de Laila Starr, suivies de ses réincarnations, alors que le temps continue de passer pour Darius. Immanquablement attirée sur les pas du jeune homme, Laila va renoncer à le tuer, et le rencontrer à différentes étapes de sa vie. Elle le verra évoluer, et découvrir les affres de la vie mortelle à travers ses yeux: le deuil, les peines, les échecs et les succès, autant d’événements qui le mèneront à sa fameuse destinée de conquérant de la Mort.

The fault in our Starr

De façon assez surprenante, le thème de « la Mort prend congé » est assez répandu en fiction. L’exemple le plus littéral est le long métrage La Mort prend des vacances, tourné en 1934, qui a inspiré plus tard Rencontre avec Joe Black. Dans ces deux versions, la Mort décide de venir sur Terre pour faire l’expérience de la vie humaine, et ainsi mieux comprendre pourquoi les mortels la craignent tant. Et bien sûr, dans ces deux films, la Mort choisit un cadre sophistiqué et privilégié pour vivre cette expérience (sinon, à quoi bon ?), avant de succomber à des sentiments tout à fait humains comme l’amour et le désir.

Ram V choisit donc cette prémisse pour écrire son ode à la vie, mais renverse les genres en mettant de côté Brad Pitt pour se focaliser sur une femme, dont il explore les tourments et les conflits internes avec habileté. Le procédé qui consiste à terminer chaque chapitre par une nouvelle mort suivie d’une résurrection, permet de rythmer le récit et amène adroitement les différentes ellipses de la vie de Darius. L’auteur construit ainsi brillamment la relation entre Laila et Darius grâce à ces différentes ellipses, chacun des deutéragonistes évoluant à sa manière mais de façon interdépendante. De son côté, Laila va faire l’apprentissage de valeurs qui lui étaient jusqu’ici étrangères, ce qui va radicalement la transformer et modifier sa perception de l’existence. Darius, quant à lui, va mener sa vie en traversant peu ou prou les mêmes épreuves, ce qui va forger sa destinée et le faire réfléchir sur cette mort qui lui échappe par nature mais qui se présente tout de même à lui à échéances régulières dans sa vie.

Il est d’ailleurs ironique de constater que, comme de nombreux personnages avant elle, c’est en souhaitant éviter son obsolescence que la Mort finit par la rendre possible.

Le scénariste remplit ses pages de poésie douce-amère, sans misérabilisme mais avec tact, nous rappelant que la vie n’a vraiment de valeur que parce qu’elle est rare et fugace. Ses textes sont subtils (et donc subtilement traduits), contemplatifs mais jamais ennuyeux ni pompeux, à la façon d’un Neil Gaiman, qui contait lui aussi les pérégrinations terrestres d’une entité magique avec lyrisme et poésie. En dépit d’un pitch qui a déjà été exploité, Ram V parvient à rester original, et puise dans son background culturel pour traiter la question métaphysique de la Mort. On aimera également le traitement bureaucratique qu’il calque sur les sphères célestes (on peut trouver ces exemples de bureaucratie céleste dans des œuvres telles que Beetlejuice (1988), Une Question de vie ou de mort (1946) , L’Agence (2011), , ou encore Coco, Hercules, ou plus récemment Soul), ce qui ajoute un touche de légèreté bienvenue.

Le graphisme de Filipe Andrade frise l’excellence sur chaque page, tant sur le trait qu’au regard des couleurs, le grand format choisi par l’éditeur n’étant qu’un plus supplémentaire qui permet d’apprécier encore davantage la qualité des planches. Au fil des pages, on se rend compte que l’on est presque devant un cas de synesthésie, car les mots du scénariste semblent intrinsèquement liées aux couleurs et aux formes posées par le dessinateur. Un cas rare de symbiose auteur/dessinateur.

Toutes les morts de Laila Starr est sans aucun doute une immense réussite graphique et narrative, une odyssée philosophique empreinte d’une cruelle beauté et d’une amère poésie, à l’image de sa protagoniste.

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****·BD·Service Presse

L’état Morbide, intégrale

La BD!

Recueil de 164 pages rassemblant les trois tomes de L’état Morbide (La Maison-Dieu, Le passage avide, Waterloo Exit), écrits et dessinés par Daniel Hulet entre 1997 et 1995. Parution de l’intégrale le 07/07/2021 aux éditions Glénat.

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Merci aux éditions Glénat pour leur confiance.

L’amour de la Mort

Charles Haegeman, jeune dessinateur belge au look punk, se rend dans un vieil immeuble à la façade maussade du quartier Sainte-Catherine, à Bruxelles. Accueilli par la non-moins maussade Mme Spiegel, il est immédiatement charmé par la morbidité qui suinte des murs du sinistre appartement, qu’il décide de louer sur le champs.

Charles a en effet choisi de s’isoler dans un lieu qui favorisera sa fascination pour la mort, afin de pouvoir boucler un projet de bande dessinée pour lequel son éditeur le presse. Mme Spiegel, bien qu’acariâtre au premier abord, accepte bien volontiers de louer l’appartement, mais elle prévient néanmoins notre artiste: l’immeuble abrite toute une collection d’individus plus ou moins équilibrés, et le précédent locataire s’est pendu après avoir sombré dans la folie…

Alba, quant à elle, s’inquiète pour son Charles. Le voyant s’enfoncer peu à peu dans la torpeur moite de son appartement aux murs grignotés par la vermine, la jeune femme tente désespérément de le ramener à elle. Mais Alba n’a pas d’argument assez fort pour convaincre Charles de quitter l’appartement. Le jeune dessinateur poursuit ses dessins, mais découvre en parallèle de troublants indices laissant penser que l’immeuble est maudit. Construit près d’un lieu de culte païen, l’immeuble semble animé par des forces obscures, et ce ne sont pas les autres locataires de l’immeuble qui diront le contraire…

Amoureux de la vie, exaltés des chakras, boulimiques de bonnes ondes, passez votre chemin. Dans l’état morbide, vous serez plongés sans concession dans une ambiance glauque à souhait au cœur du climat belge froid et humide. Les couleurs directes désaturées, qui mettent en valeur le dessin réaliste de Hulet, posent un univers pesant, oppressant, que ce soit dans un cadre ouvert ou fermé.

Par des jeux d’esprits subtils et retors, l’auteur nous entraîne en même temps que son personnage dans une spirale de doute et d’angoisse, qui va croissant jusqu’à un final ambigu, voire dingue. En effet, on est presque sur une « fin à la Gainax » (en référence aux studios Gainax à l’origine du final controversé dEvangelion), qui remet en cause toute la substance de la trilogie, sans nécessairement verser dans le non-sens toutefois.

A de nombreux égards, on peut trouver des similitudes avec de récents albums comme Nos Corps Alchimiques, voire même des films comme Wounds ou Hérédité (le rituel mystique dont le héros est le sujet involontaire), ou encore Get Out (la métempsycose forcée), ce qui, mine de rien, place L’état morbide au rang prestigieux d’influence !

Cette réédition nous permet donc de découvrir ce classique de la BD Franco Belge, agrémenté d’un dossier complet sur l’auteur en début d’album.

****·BD·Jeunesse·Nouveau !

Voro #8: Le tombeau des dieux, deuxième partie

Huitième tome de la série écrite et dessinée par Janne Kukonnen. 174 pages, parution aux éditions Casterman le 07/07/2021.

Second souffle, seconde chance

Après avoir réveillé par erreur Ithiel, le dieu vénéré par la Tribu du Feu, la jeune voleuse Lylia a du faire face aux conséquences de ses actes. Déterminé à se venger de ceux qui l’avaient trahi, Ithiel est plus que jamais résolu à purifier le monde par le feu, et il faut bien avouer que peu d’obstacles se dressent sur sa route.

En effet, les royaumes humains, gouvernés par des rois cupides et belliqueux, sont divisés et affaiblis. Incapables d’opposer une quelconque résistance au Père Feu et à son armée de géants invincibles, ils sont promis aux flammes purificatrices qui précèdent inévitablement l’oubli. L’Oubli, Lylia en revient justement. Tuée par Ithiel après avoir tenté de l’achever avec la dague de la Demoiselle de la Nuit, la vaurienne au grand cœur est parvenue à convaincre la Mort elle-même, de lui donner une seconde chance.

Revenue chez les vivants, elle est de nouveau confrontée aux conséquences de ses erreurs et s’allie avec son mentor Seamus, mais aussi avec le maître Chaman de la Tribu du Feu et deux rois autrefois en guerre, afin d’éviter le pire à l’Humanité. Parviendront-ils à mettre leurs différends de côté afin d’œuvrer pour le bien commun ?

Come on baby, light my fire

Ce huitième tome est marquant d’abord par sa pagination, sensiblement plus élevée que les précédents tomes. Cela annonce donc un récit plus dense, où les rebondissements et les révélations seront nombreux. La galerie de personnages créée par l’auteur s’enrichit encore davantage, par des interactions inattendues et un compte à rebours qui se fait de plus en plus pressant.

De nouveaux items narratifs viennent donc s’ajouter, dont un personnage longtemps évoqué et suggéré, la fameuse Demoiselle de la Nuit, divinité autrefois vénérée par la Guilde des Voleurs à laquelle Lylia appartenait. La dimension mystique apportée par ce personnage est bienvenue et apporte une touche de nouveauté à l’ensemble, qui était toutefois déjà orienté fantasy.

Pour le reste, on relève une mise en lumière du personnage de Seamus, au travers d’une révélation choc qui remet irrémédiablement en question sa relation avec sa jeune protégée. Graphiquement, le trait de Janne Kukkonen a parfaitement imbibé l’univers original qu’il s’est constitué. Ce tome 8 fait monter les enchères et sera suivi par le tome 9 en novembre 2021, pour une conclusion certainement épique !

****·BD·Nouveau !·Service Presse

Pinard de Guerre

La BD!

Premier tome d’un diptyque écrit par Philippe Pelaez et dessiné par Francis Porcel. Parution le 01/09/2021 aux éditions Grand Angle.

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Merci aux éditions Grand-Angle pour leur confiance.

C’était pas sa guerre !

Ferdinand Tirancourt est ce que l’on peut appeler un opportuniste. Alors que la Grande Guerre fait rage, et que les Poilus donnent leur vie par millions dans d’immondes tranchées, Ferdinand, lui, reste bien à l’abri derrière les lignes de front. En revanche, on ne peut pas lui reprocher de ne pas contribuer à l’effort de guerre. Son activité principale, à Ferdinand, c’est le commerce de vin, le fameux « Pinard », qu’il achemine jusque dans les tranchées afin d’étancher la soif des soldats condamnés.

Le contrebandier de l’extrême le sait bien, il faut bien une dose supplémentaire de courage, voire de folie, induite par l’ivresse afin de se lancer de son plein gré sous le feu ennemi. Alors qu’il se remplit les fouilles, Ferdinand, goguenard et cynique tout plein, voit la guerre se dérouler sans plus d’états-d’ âme. Mais le mensonge de Ferdinand quant à sa supposée infirmité va bientôt lui causer bien des ennuis, propulsant notre anti-héros au coeur des tranchées qu’il s’échinait à éviter. Désormais témoin direct des atrocités de la guerre et du lien de ses compatriotes soldats avec le vin dont il les abreuve, Ferdinand changera-t-il d’opinion, ou son cynisme sera-t-il ancré trop profondément ?

De l’effet revigorant du vin

Vin mal acquis ne profite jamais

La guerre est un thème malheureusement universel, que l’auteur Philippe Pelaez a déjà abordé lors de ses précédentes œuvres. La déshumanisation, le cynisme et la barbarie prennent leur essor dans les périodes les plus sombres, ce qu’illustre parfaitement le personnage de Ferdinand Tirancourt. Détestable et puant, l’auteur parvient, en quelques cases, à nous le rendre tout à fait antipathique, tant il représente certains des traits les plus vils de l’homme moderne.

Cupide, sournois, menteur et égoïste, il n’en est que plus satisfaisant de le voir, quelques pages plus loin, patauger dans la gadoue avec ceux-là mêmes dont il exploite les turpitudes. Cependant, et c’est là tout le talent de l’auteur, Ferdinand n’est pas unidimensionnel, et la superficialité qu’il affiche lors du premier acte va progressivement s’estomper pour laisser la place à des failles et des doutes qui l’humaniseront. C’est donc un tour de force de la part du scénariste, que de parvenir à changer ainsi la perception qu’a le lecteur d’un personnage, de façon cohérente et au sein du même album. La rédemption est encore loin pour Ferdinand, mais son parcours narratif a tout de même de quoi servir d’exemple à ceux ou celles qui souhaiteraient écrire un personnage d’anti-héros.

La partie graphique est assurée par Francis Porcel, qui avait déjà collaboré l’an dernier avec le scénariste sur l’album Dans mon village, on mangeait des chats. L’alchimie entre les deux auteurs a donc déjà fait des étincelles, et cela se reproduit ici de façon très efficace. Couleurs ternes et décors boueux, tout est fait par l’artiste pour nous plonger dans l’ambiance glauque des tranchées.

En conclusion, on retrouve dans Pinard de Guerre une réalité historique assez méconnue, romancée de telle sorte qu’elle offre un voyage inattendu dans les tréfonds de l’abjection humaine.

**·BD

Larkia

La BD!

Histoire complète en 84 pages, écrite par Ingrid Chabbert et dessinée par Patricio Angel Delpeche. Parution le 24/03/2021 aux éditions Glénat.

Sad Max: Sorry Road

Dans les ruines d’une cité décrépite, la jeune Larkia traverse la plus forte des épreuves: elle donne la vie pour la première fois, avachie sur une banquette de voiture, tandis que la vieille Thésy, dont on peut douter de la clarté d’esprit, entonne des prières à qui mieux-mieux. L’accouchement est sanglant, difficile, mais Larkia survit et peut enfin tenir son enfant dans ses bras. 
Cependant, quelque chose cloche: le bébé n’ouvre pas les yeux. A peine recousue à l’aide d’un hameçon trouvé sur place, Larkia doit fuir avec son nouveau-né, traquée implacablement par une milice armée et prête à tout pour mettre la main sur l’enfant. Ce sera le début d’une course-poursuite à travers les terres désolées, avec pour enjeu la survie de la mère et de son bébé aux yeux clos. 

Dans sa note d’intention, Ingrid Chabbert explique avoir été impressionnée par le chef-d’oeuvre de George Miller, Mad Max Fury Road, ce qui lui aurait inspiré cette histoire post-apocalyptique boostée à l’adrénaline. En effet, mue par une saine émulation, la scénariste a eu pour but de créer une héroïne aussi captivante que Furiosa, la deutéragoniste de Fury Road, qui, incarnée par Charlize Théron, crevait l’écran dans le long-métrage. Le problème qui se pose ici, est que n’est pas George Miller qui veut. Apparemment, il ne suffit pas de s’extasier (à raison!) devant un excellent film de genre pour être ensuite capable d’en produire un fac-similé qui soit à la fois original et respectueux du matériau d’origine. Sinon, tous les fanboys de la Terre seraient d’excellents auteurs, ce qui est loin d’être le cas.


Ingrid Chabbert s’est donc ingéniée à vider toute la substantifique moelle du long métrage, pour n’en retenir que des éléments superficiels, en pensant que cela suffirait à produire un récit riche et un univers intéressant. Ce processus homéopathique dessert grandement l’album, puisqu’en lieu et place d’une héroïne forte et intéressante (Furiosa), on se retrouve à suivre les péripéties invraisemblables (par exemple, elle pilote un hélicoptère, sans que cet élément ne soit ni préparé (on montre qu’elle est serveuse, mais pas militaire), ni exploité par la suite) d’un personnage assez creux et unidimensionnel. Cette écriture à l’emporte-pièce n’a pas porté préjudice qu’au personnage central, mais également à l’univers qui sous-tend le récit. 

Où sont les symboles forts de Fury Road (la lutte pour les fluides: Eau, Sang, Lait et Pétrole; la symbolique des quatre Cavaliers) ? Que dit l’effondrement des sociétés évoqué dans l’album sur notre propre monde ? Aucune de ces questions centrale ne trouve de réponse, ce qui est inentendable pour un one-shot. En cherchant bien, toutefois, on peut trouver d’autres sources d’inspirations probables, comme Les Fils de l’Homme, mais là encore, il ne suffit pas de poser au milieu de l’histoire un nourrisson poursuivi par des méchants pour qu’elle devienne instantanément digne d’intérêt. 

Les flash-back qui émaillent le récit tentent de donner un semblant de justification à ce qu’il se passe ensuite, sans toutefois que cela fasse grand sens au regard de l’intrigue générale. Côté graphique, toutefois, on doit reconnaître le talent de Patricio Angel Delpeche, qui use de plans très cinématographiques et d’un dessin très vif, qui rehausse complètement les scènes d’action. 

Une écriture décousue, une intrigue pauvre et invraisemblable, et surtout, un personnage central mal pompé sur un parangon du genre, voilà ce à quoi vous aurez droit en lisant cet album.

***·BD·Mercredi BD·Nouveau !

Karmen

BD du mercredi

BD de Guillem March et Tony Lopez (coul.)

Dupuis (2020), 160p. one-shot.

L’ouvrage est proposé en grand format, de ces paginations des gros one-shot généreux permettant un graphisme libéré. L’intrigue est découpée en quatre parties à la pagination décroissante et se conclut par un cahier graphique de… trois pages. Il est surprenant que l’auteur n’ait pu fournir plus de matériau à compter du moment où un cahier était proposé. La couverture est très percutante avec ce design très réussi du personnage de l’ange sur un beau rouge vif. Un petit texte de présentation en quatrième de couverture n’aurait pas été de trop. Édition honnête qui aurait pu être plus travaillée pour accompagner ce très original projet.

couv_385071Catalina est une introvertie. Systématiquement déçue par ses relations, elle se concentre sur son amitié d’enfance avec Xisco, beau ténébreux qui collectionne conquêtes et déceptions amoureuses. Un jour elle décide d’en finir…

Encore un digne représentant d’une Ecole espagnole qui ne cesse de ravir nos pupilles! Avec vingt ans de carrière, le majorquin Guillem March propose avec Karmen sans doute son plus ambitieux travail graphique. L’espagnol a travaillé sur de nombreuses publications DC souvent sur des personnages féminins, souvent teinté d’érotisme. Projet aussi étrange, surprenant que personnel, Karmen reprend (en version féminine) le thème de l’excellent Essence de Benjamin Flao, celui de l’ange venu accompagner une âme pendant les quelques micro-seconde qui séparent la vie de la mort…

Qui dit projet de dessinateur dit graphisme généreux et très clairement la première qualité de cet ouvrage est sa liberté totale. L’auteur prend prétexte de ces heures de libération de l’âme, cette pérégrination de Catalina dans la cité ensoleillée accompagnée par l’ange contestataire Karmen pour donner libre cour à sa virtuosité et à ses envies. On observe ainsi la jeune femme vaguement grassouillette parcourir le monde, croiser ses contemporains dans le plus simple appareil, déviant les lois de la gravité quand elle comprend que seule sa volonté la limite dans ce nouveau plan d’existence. Les cases sont larges, les pages souvent pleines et le cadrage donne le tournis en  proposant des cadrages improbables par-ci en eye-fish, par-là accompagnés de formes en surimpressions… tout cela est hautement imaginatif et magnifique. Le modèle Manara est bien sur présent avec cette justification toute relative de montrer l’héroïne nue sous toutes les coutures avec un petit côté voyeur mais absolument pas vulgaire ni érotique. Le sexe féminin n’est jamais montré malgré certaines vues vertigineuses et l’on sort de l’album avec la vague impression d’avoir parcouru des travaux de graphisme anatomiques ou un carnet de paysages urbains. C’est beau, c’est précis, c’est inspiré… pour le dessin.Karmen - La Loutre Masquée

L’histoire, elle, est moins enthousiasmante. D’abord par-ce que l’on a déjà vu cela. March apporte certaines idées intéressantes sur le couple, l’amitié, les relations sociales, et nous accroche un peu tardivement lorsqu’il accélère sur le monde des anges en envoyant Karmen parlementer au sein de l’Administration des âmes. Comme je le constate souvent, ce genre de gros projets tire son essence dans des envies graphiques de leurs auteurs. Cela comble les amoureux du dessin mais ne suffit pas forcément à convaincre le grand public sur une intrigue qui aurait été plus forte en la condensant en un format plus classique de moins de cent pages. Hésitant entre une chronique amoureuse (sans que l’on ne voit la vie qui a mené Catalina à cette décision radicale) et un trip fantastique, l’auteur se fait plaisir de façon irrégulière. Le premier « cahier » (de soixante-dix pages) est clairement trop gros et étouffe la narration malgré le plaisir visuel. La seconde moitié de l’album est beaucoup plus rythmée et propose une progression narrative dont la chute (une sorte d’épilogue) fait presque regretter ce qui aurait pu être un diptyque avant/après.Éditions Dupuis (@EditionsDupuis) | טוויטר

Il ressort de cette lecture un sentiment étrange, une grande sympathie pour ces personnages, un grand plaisir de lecture frustré par une idée inaboutie d’un auteur qui a un peu délaissé l’histoire en draguant le lecteur par les formes de sa belle plus que par une tension dramatique.

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***·BD·Nouveau !

Buyan, l’île des morts

La BD!

Histoire complète en 196 pages, écrite par Xabier Etxeberria et Martin Etxeberria, dessinée par Martin Etxeberria. Parution le 06/11/2019 aux éditions Akileos.

Nul homme n’est une île

Maansi vient de la lointaine Nénétsie, une province inhospitalière située par-delà la toundra. A cette époque, le continent eurasien est en proie à de violentes guerres de conquêtes, initiées par l’empereur mongol Genghis Khan et perpétuées par son petit-fils, Batu Khan.

Maansi, qui vivait une existence paisible au sein de sa tribu et auprès de son épouse Sudam, s’est retrouvé pris dans la tourmente de la guerre, entre les conquérants mongols et les seigneurs slaves qui défendaient leurs terres gelées. Désormais veuf, Maansi entame un périple à travers la toundra afin d’atteindre la mythique Buyan, l’île par laquelle transitent les morts, dans l’espoir d’y retrouver sa femme. Il sera accompagné par son fidèle ami Noho, un chien-loup aussi futé qu’attachant.

Durant son périple, Maansi devra éviter les embûches et les dangers mortels qui arpentent les plaines glaciales: les soldats mongols d’une part, et les bogatyrs (chevaliers slaves) d’autre part. Il fera la rencontre d’autres âmes errantes comme lui, et fera face à des échos surgis de son douloureux passé.

Le Royaume des loups et des cygnes

Comme vous l’aurez compris, Buyan nous promet une épopée faite de grands espaces blancs, propices aussi bien à l’introspection qu’à de grandes scènes de bataille entre slaves et mongols. De ce côté là, nous ne pouvons être déçus, notamment grâce à l’écriture des frères Etxeberria, couplée à un dessin un aéré et reprenant parfaitement les codes de l’animation.

Dès le premier acte, les auteurs posent les jalons d’une intrigue politique, où les jeux d’influence et de conquête sont à même de déterminer le sort du continent tout entier. Cependant, ce contexte historico-politique, passionnant au demeurant, ne sera pas davantage exploité et servira simplement de toile de fond à l’odyssée de Maansi, qui n’a finalement que faire des hommes de pouvoir et de leurs ambitions.

Le thème du deuil est ici central, mais traité de façon à éviter le pathos qui y est généralement associé. En fiction, la vengeance est souvent corollaire du deuil, et Buyan arrive à nous surprendre assez habilement de ce côté-là.

L’irruption du fantastique se fait assez tardivement dans l’album, car, durant les deux premiers tiers, le lecteur est encore en droit de considérer que Buyan n’est qu’un mythe, et que le voyage de Maansi relève davantage du pèlerinage symbolique que d’une véritable quête pour retrouver son amour perdu.

Buyan, l’île des morts va vous emmener dans les steppes glacées de ce qui deviendra plus tard la Russie, dans une quête mêlant mythologie et Histoire. Une belle découverte chez Akiléos !

*****·BD·Guide de lecture·La trouvaille du vendredi·Rétro

Thorgal: le cycle de Brek Zarith

La trouvaille+joaquim

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BD de Jean Van Hamme et Gzegorz Rosinski
Le Lombard (1982-1984), cycle de trois volumes.
Disponible également dans la première intégrale NB.

Résultat de recherche d'images pour "rosinski galère noire"Thorgal est peut-être la plus grande série au long cours jamais produite. Née à cheval entre l’époque de la BD classique et du renouveau graphique des années soixante-dix, elle apporte tant dans la narration adulte de Van Hamme que dans le trait unique de Rosinski une révolution qui débouche sur au moins deux cycles majeurs et le one-shot christique indépassable Le grand pouvoir du Chninkel. Les premiers albums des aventures de l’enfant des étoiles sont encore imparfaits, le dessinateur polonais ayant encore un trait inégal et les intrigues sont structurées sur le format de parution dans le journal Spirou. Avec le second cycle des aventures de Thorgal le triptyque La galère noire, Au dela des ombres et la Chute de Brek Zarith, les auteurs proposent une aventure majeure de la BD franco-belge alliant tout à la fois la démesure dans un univers par très loin de Conan, un grand méchant extrêmement réussi dans sa cruauté et sa froideur, une action fantastique et comme toujours dans Thorgal, cette émotion qui touche au cœur, peut-être comme jamais après, avec cette jeune fille dans la fleur de l’âge, jalouse au point de commettre une faute irréparable.

Thorgal coule des jours heureux dans un petit village d’agriculteurs avec sa douce Aricia, quand un jour un détachement de soldats vient demander des informations sur un prisonnier évadé. Lorsque la jeune Shaniah, amoureuse de Thorgal annonce que ce dernier a aidé à s’évader le fugitif elle provoque le drame. Thorgal est emmené comme forçat sur une galère du puissant Brek Zarith, cruel despot. En recherchant son aimée, le viking entraînera dans son sillage la mort et le sang, mais aussi l’amour impossible de Shaniah…

La progression narrative est très classique entre les trois albums, avec un premier tome qui crée le drame et le choix mortifère de Shaniah (qui préfigure ce que sera ou aurait pu être Kriss de Valnor), un second tome de résolution qui emmène le héros tel Ulysse aux portes de la mort et un troisième volume de résolution fait d’action, de décadence et crée ce qui fera la grande particularité de la série: le rôle de la famille. Si La galère noire est assez classique de la BD d’aventure, Au-delà des ombres est pour moi peut-être le meilleur album de la série, le plus émouvant dans cette odyssée mythologique et le rôle de la jeune Shaniah, dont le crime est irrécupérable alors qu’elle ne fait que commencer sa vie et découvrir un amour profond pour un homme unique qui en fera tomber plus d’une dans ses aventures…

Résultat de recherche d'images pour "rosinski brek zarith"Le seul reproche que l’on pourrait faire à ce triptyque qui porte en lui les germes du cycle majeur du Pays Qâ est ses couleurs tout à fait datées. L’initiative de l’éditeur d’une édition noir est blanc est bonne mais si d’autres albums de Rosinski ont été colorisés ou recolorisés depuis, il ne serait pas tout à fait inutile, tant qu’à multiplier les éditions commerciales, de proposer une nouvelle mise en couleur plus actuelle de ces premiers tomes. Car le dessin en lui-même est déjà au niveau de Tanatloc, d’une précision et d’une finesse incroyables. Il suffit (comme souvent) de regarder les détails des arrières plans dans les couloirs de la forteresse de Brek Zarith ou la minutie de la fête orgiaque pour montrer un dessinateur plein d’envie et dans la pleine maîtrise de son art. Ce cycle lance en outre le principe d’aventures dramatiques plongeant un homme dans des quêtes bigger than life contre sa volonté, loin de sa famille, avec l’apparition dans ce troisième tome de son fils Jolan. La spécificité de Thorgal est sans doute en grande partie liée à cette évolution personnelle et familiale. Si Thorgal ne semble jamais vieillir, ses enfants grandissent jusqu’à l’âge adulte (dans l’album très particulier La couronne d’Ogotaï) et est, je crois la seule série a avoir assumé une telle radicalité sur un long terme, avec dans une moindre mesure Buddy Longway, à qui Thorgal doit beaucoup.Résultat de recherche d'images pour "rosinski brek zarith"

Sorte de genèse, le cycle de Brek Zarith propose déjà le thème de l’amnésie (repris dans le cycle de Shaïgan), celui du voyage outre-mer, du grand tyran (la cité du dieu perdu), le personnage d’amoureuse vengeresse (Shania/Kriss) comme les voyages dans l’autre monde. Tout ceci en condensé, sans faute, fait de ce cycle une lecture obligatoire et un moment majeur de la BD franco-belge.

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****·BD·Guide de lecture·Jeunesse

Seuls – Cycle 2

Rufus Stewart

On continue l’analyse de cette géniale série avec le cycle 2, toujours avec le fiston…

  • Mon fils c’est « Jean pédrovitch » (c’est un pseudo): à treize ans il a déjà lu une grosse partie de ma bdthèque, notamment Universal War 1&2, Thorgal, Blake et Mortimer, Largo Winch, Radiant,…

BD de Bruno Gazzotti et Fabien Vehlmann
Dupuis (2006-),  54 p. couleur. 2 cycle parus, cycle 3 en cours.

couv_314741Nous avons lu le second cycle sur les albums individuels, l’intégrale n’étant pour l’heure plus disponible (mais un retirage est prévu d’ici Noël), du coup aucun commentaire sur l’édition…

Après les événements marquants qui ont suivi la chasse vers le monolithe, deux clans se font face dans les Limbes. Maintenant que les lois régissant ce monde sont connues la donne a changé et nos héros vont bientôt devoir s’aventurer hors de la ville pour découvrir que les enjeux et les forces en présence sont bien plus complexes qu’ils ne le pensaient…


Toi qui a lu tous les albums jusqu’ici, parle-nous du changement entre le premier et le second cycle? A la lecture du début du cycle 3 on approche de la fin?

Résultat de recherche d'images pour "seuls gazzotti tome 9"Jean-pédrovitch: Sur ce cycle l’intrigue avance beaucoup plus vite. Les personnages ne sont plus « seuls »…: il y a beaucoup de personnages et de clans qui s’affrontent. Le premier était plus mystérieux et dans celui-ci on a beaucoup de révélations. Le groupe se sépare progressivement et on perd un peut l’esprit d’équipe. Globalement je l’ai préféré même si tous les volumes ne sont pas aussi bons. Le tome sept (l’échappée de Fortville) est clairement le meilleur de la série pour l’instant!

Sur le cycle trois, les deux premiers tomes ne font pas avancer l’intrigue et je trouve que ça baisse d’intérêt: les albums sont centrés sur un ou deux personnages.

On avait déjà abordé la dictature avec le clan du Requin, mais là on passe à un autre cap avec Néosalem…

Jean-pédrovitch: Oui. Dans le clan de Saul c’était la personnalité de Saul qui organisait le groupe et les autres étaient des enfants qui le suivaient aveuglement. A Neosalem c’est une vraie société, il y a des lois inégalitaires mais elles s’appliquent à tous. L’ambiance est romaine avec des moyens de changer de caste.

Préfères-tu le mystère morbide du premier cycle ou l’action fantastique du deuxième? Il fait moins peur, non?

Résultat de recherche d'images pour "seuls gazzotti tome 9"Jean-pédrovitch: Je ne sais pas trop. Je ne dirais pas qu’il ne fait pas peur, le tome sept avec la brume et les enfants zombies est quand-même flippant! Les trucs mystérieux et de fantômes ont un peu disparu. En fait je pense que ce sont les épisodes entre les deux cycles, du 3 au 7 lorsqu’ils sont à Fortville, qui font le plus peur, sont mystérieux et sombres. Par contre je suis d’accord qu’il y a beaucoup plus d’action.

Tes pronostiques sur la suite: plutôt un développement de l’univers et de ses règles ou un retour à la survie et aux inventions du groupe de héros?

Jean-pédrovitch: Le début du cycle trois revient clairement à la survie. Le rythme se ralentit, il y a quelques ponts avec Néosalem. Le sort de Camille va être assez central mais je pense qu’on est parti encore pour au moins deux cycles car l’intrigue n’est vraiment pas bouclée! En tout cas c’est toujours aussi accrocheur.

Les auteurs ont trouvé un bon moyen de changer notre vision des personnages (certains étaient centraux au début, d’autres montent en puissance).

Résultat de recherche d'images pour "seuls gazzotti tome 8"


Le papa: Avec ce second cycle la série Seuls bascule du survival pour enfants à un monde fantastique plus classique bien que très intéressant. Inévitablement les révélations (qui se poursuivent tout au long du cycle) sur le monde des limbes et le destin des enfants qui a laissé place aux seules hypothèses d’Yvan et Anton font baisser le mystère. Les auteurs compensent cela par beaucoup d’action et la description d’un monde très riche et beaucoup plus ancien que les protagonistes le pensaient, avec des Résultat de recherche d'images pour "seuls gazzotti tome 7"clans dominants et des castes plus ou moins écrasées par les autres.  On a finalement un peu le même mécanisme que sur le cycle un avec le gang du requin mais en montant d’un cran puisque nous savons désormais que la « magie » fait partie de ce monde d’après. On reste happé tout le long avec une grosse envie d’en savoir plus avant que de nouveaux mystères nous tombent sur le nez comme cette main vivante et le maître-fou, encapuchonné de rouge et dont la tête renferme des araignées… Le thème principal du cycle reste néanmoins la dictature de ces premières familles contre lesquels on attend avec impatience de voir une résistance s’organiser. La grande force de cette série est la richesse de ses très nombreux personnages, tous très travaillés et dotés de motivations crédibles, comme ce Toussaint qui survient en toute fin de cycle et doté d’un charisme redoutable…

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