Mini-série en trois volumes, écrite par James Tynion IV et Matthew Rosenberg, dessinée par Otto Schmidt.
Merci aux éditions Urban pour leur confiance.
Mordez-les tous
Nous avions eu les zombies chez Marvel, puis les zombies chez DC, il y a maintenant les vampires chez DC, parce qu’après tout, pourquoi pas ?
Tout commence lorsque un étranger se présente aux portes du Hall de Justice. Accueilli par Green Lantern, l’homme s’avère être un vampire, venu avertir les héros d’un danger qui menace l’ensemble de l’Humanité, un danger qui a des crocs acérés et qui ne prospère qu’à la faveur de la nuit. Ainsi, Green Lantern apprend que les vampires, que l’on croyait relégués au rang de légendes, complotent contre les mortels et s’apprêtent à prendre le pouvoir. Pire encore, ils auraient infiltré les rangs des méta-humains. Chaque super-héros ou super-vilain est donc susceptible d’être un vampire, au service d’un mystérieux seigneur, qui prépare son arrivée au pouvoir. A qui se fier ? Qui parmi les héros a basculé dans le camp des suceurs de sang ?
Comme nous l’évoquions dans d’autres articles, les Elseworlds (l’équivalent des What If ? chez Marvel) sont l’occasion d’explorer des histoires au déroulement radical loin de la pression liée à la sacro-sainte continuité de l’univers principal. Ce procédé donne davantage de liberté aux auteurs, qui peuvent ainsi livrer leur version « définitive » de certains personnages ou de certains concepts, sans être entravé.
Ainsi dans les Elseworlds, on compte quelques histoires passionnantes comme Superman Red Son, Batman White Knight et ses suites, et plus généralement, l’ensemble des parutions du Black Label.
Ici, l’invasion des vampires peut paraitre absurde sur le papier, ou en tous cas digne d’une petite « levée des yeux au ciel ». Et pourtant, James Tynion parvient à s’emparer du concept (il faut lui reconnaitre une certaine maitrise du genre) pour livrer un scénario attractif, à un rythme très prenant.
En effet, dès l’introduction, on est happé par l’intrigue, qui s’inspire fortement de classiques du genre paranoïaque comme L’Invasion des Profanateurs, ou encore Secret Invasion. L’aspect whodunit et la tension croissante font donc tout l’intérêt de ce premier volume conspirationniste, pour le plus grand plaisir des fans. Bien évidemment, il est inutile d’être un lecteur assidu de DC pour apprécier cette mini-série, il faut simplement ne pas trop s’attacher aux personnages…
Bien sûr, on peut interroger certains éléments de l’intrigue, comme l’effet du vampirisme sur la personnalité des héros infectés. S’il est plus simple de saisir le concept avec la zombification, le vampirisme semble plus aléatoire, en tous cas ses effets sur la moralité. Par exemple, certains héros dont la volonté est la marque de fabrique cèdent instantanément à la corruption morale, tandis que d’autres héros plus borderline, semblent en capacité d’y résister. Qu’est-ce qui fait qu’un héros, qui a été du côté du bien durant toute sa vie, se dit soudainement, après avoir été mordu, que l’avenir appartient aux suceurs de sang, plutôt que d’être horrifié par ce qu’il est devenu ?
On aurait aimé que cette question soit davantage creusée, mais le plaisir de lecture est là malgré tout. Sur le plan graphique, Otto Schmidt donne à voir un trait anguleux et des couleurs dynamiques, qui tranchent avec l’ambiance paranoïaque et le côté « tout-le-monde-peut-mourir-à-tout-moment ».
La suite sera intitulée « All Out War« , il faudra donc troquer les soupçons et l’angoisse contre une bonne grosse baston à coups de pieux et d’eau bénite. Qui survivra ?
Suite de la série éditée par Marvel, avec Kyle Higgins et Mat Groom au scénario, Francisco Manna au dessin. Parution en France chez Panini le 21/09/22.
Grand héros, gigantesques problèmes
Au printemps dernier, nous assistions à la renaissance d’Ultraman, icône nippone de la pop culture, colosse interstellaire venu sur Terre pour la protéger des Kaijus qui veulent la boulotter. Malheureusement, à peine débarqué, Ultra est abattu par Shin Hayata, un jeune homme impétueux et zélé qui souhaitait prouver sa valeur auprès de la PSU, la Patrouille Scientifique Unie.
Afin de réparer son erreur, Shin offre à Ultra son essence et fusionne avec lui, devenant ainsi Ultraman. Le duo étrange est donc forcé de collaborer pour sauver l’Humanité d’une menace qu’elle ignore mais qui ne tardera pas à se révéler aux yeux du public. Ultra, quant à lui, se voit fortement entravé dans sa mission secondaire, qui était de retrouver son frère, venu sur Terre soixante ans plus tôt et dont il n’a plus de nouvelles.
A la fin du premier tome, Shin était contraint d’éventer le secret de l’existence des Kaijus en se transformant en plein Tokyo pour affronter une bête gigantesque. La victoire fut arrachée in extremis et eut même un prix, celui de libérer toutes les bêtes précédemment capturées par la PSU, qui étaient enfermés dans une dimension de poche à défaut de pouvoir être vaincus.
Shin, Ultra, leur amie Kiki Fuji et la PSU doivent donc oeuvrer dans un monde choqué et méfiant, qui ne croit pas davantage en ses sauveurs qu’aux Kaijus. En effet, les héros ne doivent pas seulement faire face à des hordes de monstres toujours plus puissants, ils sont aussi contraints d’affronter la défiance de la population, qui prend forme de façon radicale avec un groupuscule qui croit dur comme fer au complot malgré les preuves.
Après une remise au gout du jour efficace, Ultraman revient dans un second tome qui explore la relation entre Shin et Ultra, notamment par le biais du parallèle qui existe entre les deux héros. Le ressort le plus efficace de ce second tome reste néanmoins l’écho que font les auteurs à notre monde, en misant sur le fait que l’authenticité des attaques de Kaijus fasse l’objet de théories complotistes. Des gens qui nient l’évidence et la réalité, et soutiennent des absurdités en dépit des preuves, ça nous rappelle nécessairement les dérives actuelles, comme nous l’avons vu très récemment avec Department of Truth.
Coté action, on reste sur quelque chose de bien sage, surtout comparé à la tornade de violence proposée par Ultramega de James Harren, qui pastichait déjà le héros cosmique en adoptant le point de vue du quidam qui se fait piétiner. La série Ultraman poursuit donc son petit chemin, grâce à ses protagonistes sympathiques et ses thématiques actuelles.
Histoire complète en 260 pages, écrite par Serge Lehman et dessinée par Stéphane De Caneva, assisté de Lou aux couleurs. Parution le 05/01/2022 aux éditions Delcourt.
Aux héros d’autrefois
Après avoir atteint le statut de BD culte il y a de ça une décennie, la Brigade Chimérique fait son grand retour, entre fiction et réalité.
Alors que Carl Von Clausewitz nous soutenait que « la guerre n’est pas un but en elle-même« , Jean-Luc Goddard, lui, nous affirmait que la guerre ne se résumait finalement qu’à une chose: « faire entrer un morceau de fer dans un morceau de chair« . Ce point de vue, qui peut être perçu comme cynique, n’en conserve pas moins une certaine teinte de vérité.
Mais quand la chair visée par la guerre l’utilise pour se transcender, cela donne La Brigade Chimérique, univers étendu arpenté par une galerie de surhommes nés des champs de bataille de la Grande Guerre, entre 1914 et 1918. Métamorphosés par l’aura quasi surnaturelle du radium et des gaz militaires répandus dans les tranchés, de nombreux hommes et femmes se sont relevés, dotés de capacités extraordinaires qui ont fait d’eux des surhommes.
Réunis à L’Institut du Radium par Marie Curie, pionnière française de la science qui a payé de sa vie le besoin de découvertes de l’Humanité, les surhommes ont formé une ligue dédiée à la protection de Paris, de 1918 à 1934. Durant cette période, un étrange quatuor, apparu initialement dans les brumes radioactives des tranchées, a secondé Marie Curie dans sa quête de l’Hypermonde et du salut de Paris: La Brigade Chimérique, composée du Soldat Inconnu, de Matricia, du Baron Brun et du Docteur Sérum. Cependant, du jour au lendemain, la Brigade s’est évaporée sans laisser de trace, contraignant Marie Curie à laisser Paris entre les mains du Nyctalope. Deux décennies plus tard, durant l’entre-deux-guerres, les tensions croissantes entre les différentes puissances, menées notamment le Docteur Mabuse, vont inciter les héros parisiens à faire front de nouveau, cette fois sous la houlette d’Irène Joliot-Curie. Puis une série d’évènements va conduire à la nouvelle émergence de la Brigade, dont on découvrira la véritable nature au fil de la série.
La série nous apprenait ainsi que la Brigade Chimérique était la manifestation des différents archétypes psychiques d’un officier français nommé Jean Séverac, qui échangeait ainsi sa place, façon Captain Mar-Vell, avec ses avatars chimériques. Héros malgré lui, Séverac se sacrifie à la fin de la série afin d’arrêter Mabuse et son gang, qui ne sont rien de moins que l’antithèse de la Brigade et…les avatars psychiques d’un certain Adolf, qui mènera son pays vers le destin que l’on connaît.
Retour aux sources
Alors que l’inévitable spectre de la Seconde Guerre Mondiale s’étendait sur l’Europe, les surhommes, menés par le Golem, choisirent l’exil vers l’Amérique, amputant par là-même la mémoire collective du souvenir de leur existence, qui s’est lentement altéré pour ne laisser que les écrits rédigés par leurs biographes de l’époque. C’est ainsi que des figures historiques furent reléguées au rang de personnages fictifs, comme nous l’explique Lehman au cours de la première série.
Près de 70 ans plus tard, alors que le monde est devenu plus complexe encore, le Professeur Charles Deszniak, dit Dex, mène des recherches sur ce que l’on nommait déjà à l’époque l’Hypermonde, en exhumant des preuves matérielles de l’existence de ces surhommes européens que tout le monde a oublié. Il est alors contacté par Nelly Malherbe, jeune fonctionnaire sous les ordres du Préfet, pour une mission toute particulière: après avoir passé des années à chercher les chimères, Dex va devoir en réunir le plus possible afin de faire face à une menace surnaturelle qui grouille depuis peu dans le métro parisien.
Commence alors une course contre la montre pour Dex, qui va retrouver certaines des icônes d’antan, mais peut-être pas sous la forme qu’il leur connaissait: l’Homme Truqué, Félifax, et même la Brigade. Seront-ils de taille pour affronter des dangers plus grands encore que la guerre ?
Durant la dernière décennie, La Brigade Chimérique s’est taillée une solide réputation, vue comme étant la réponse française aux pontes du comics que sont Watchmen et la Ligue des Gentlemen Extraordinaires, d’Alan Moore. On sent en effet d’emblée la filiation avec Watchmen dans le ton crépusculaire et le discours métafictionnel employé par les deux auteurs. Tout comme le fait Lehman, Moore implémente dans son œuvre une fiction dans la fiction qui vise à brouiller les pistes quant à la nature véritable de l’univers dans lequel se déroule l’action. Et comme dans la Ligue, la Brigade utilise de très nombreux personnages fictifs passés dans domaine public, en les mettant en abîme.
Ces deux similarités structurelles n’empêchent toutefois pas la série de se démarquer, même si cette suite tient davantage du blockbuster vitaminé que de la relecture méta de la figure originelle du surhomme. On peut certes déceler çà et là les multiples références faites par l’auteur à la culture américaine des super-héros, dont il nous a bien expliqué les véritables racines, mais il faut admettre que la mise en abîme est moins profonde que dans le précédent volume.
Une bonne partie de l’album est consacrée à la réunion du groupe, sans grand obstacle à surmonter d’ailleurs, avant que l’histoire n’entre dans le vif du sujet avec la bataille contre le Roi des Rats. Puis on passe dans une dernière partie qui élève les enjeux mais qui tombe littéralement du ciel, ce qui lui donne un aspect quelque peu artificiel.
L’arrivée de l’antagoniste final a certes été préparée en amont, dès les premières pages, mais elle a tout de même des airs de coïncidence, à moins que quelque chose m’ait échappé en première lecture. Là où le premier volume nous surprenait par la nature véritable des antagonistes de la Brigade, en en faisant l’antithèse parfaite du protagoniste, ici, on se retrouve avec une créature qui certes appartient au domaine public, mais qui n’a finalement rien de spécifique à l’intrigue ni aucun lien concret avec les héros.
Le plaisir de lecture reste néanmoins élevé, et c’est aussi du au talent de Stéphane de Caneva, qui accomplit une prouesse avec ces 260 pages au style réaliste, qui empruntent tant au style américain qu’à notre bon vieux découpage franco belge. Le tout offre une lecture résolument cinématique et pourra même séduire les quelques-uns qui n’étaient pas familiers de la première Brigade.
Quinzième tome de la série écrite par Kevin Eastman, Tom Waltz, et Bobby Curnow, dessinée par Damian Couceiro et Brahm Revel. Parution en France chez HiComics le 05/01/2022.
Merci aux éditions Hicomics pour leur confiance!
Un dinosaure, ça trompe énormément
Alors qu’ils reviennent de la dimension X où ils se sont assurés que Krang, le tyran interdimensionnel, soit jugé pour ses innombrables crimes, Les Tortues Ninja doivent faire face à un nouveau défi. Les Tricératons, une espèce mutante issue de spécimens de dinosaures prélevés sur Terre il y a près de 70 millions d’années, se téléportent à New York et sèment la zizanie.
Pourtant, les guerriers Tricératons, lassés par toutes les guerres auxquels Krang les a contraint à participer, viennent sur Terre animés par des intentions pacifiques, cherchant simplement à retourner chez eux. Mais leur quête d’un foyer va bien vite percuter la malice des maîtres actuels de la petite planète bleue, les humains.
Accueillis par la Force de Protection de la Terre, Zom et ses soldats à trois cornes subissent un quiproquo qui va mener très rapidement à une escalade de la violence, culminant à une guérilla urbaine en plein New-York. Les Tortues Ninja vont devoir contrer la belligérance de la FPT pour éviter le pire, mais leur plus grand défi consistera à s’opposer à leur père Splinter, qui entend bien résoudre ce conflit grâce à la violence du clan des Foot dont il a pris la tête.
Nouvel arc narratif pour les Tortues de Eastman et Waltz. Après un interlude divertissant dans la dimension X consacré au procès de Krang, les auteurs mettent de nouveau nos héros à carapace dans une situation périlleuse et agrémentent le tout d’un conflit de loyauté puisqu’en plus de devoir gérer une invasion, Léo, Raph, Donnie et Mike auront à tenir tête à leur propre père.
C’est sans doute l’élément le plus intéressant de cet arc, qui est tout de même relativement court puisqu’il ne couvre que cinq numéros de la série. Malgré le potentiel qu’il y avait pour un nouveau crisis crossover, il en ressort néanmoins une impression plutôt décevante, comme si le tout était expédié et traité en surface et que la série était en vitesse de croisière, voire en pilote automatique.
On entend par là des obstacles assez peu convaincants (les Tricératons de la série originelle sont sensiblement plus costauds), et une résolution un peu facile, malgré l’escarmouche intrafamiliale du clan Hamato.
Malgré ces défauts, on reste dans une lecture divertissante qui a le mérite d’exploiter tout le bestiaire de l’univers des TMNT. En ce sens, la série fait penser à Savage Dragon, série Image Comics dont le succès ne se dément pas depuis plus de vingt ans, et qui possède désormais un vaste univers composé de centaines de personnages et dont l’auteur, Erik Larsen, parvient encore à utiliser de manière créative.
TMNT a donc le potentiel d’une série qui dure dans le temps, à condition de se réinventer régulièrement et de proposer des histoires plus engageantes, comme cela a été le cas auparavant.
Intégrale des trois tomes de la série écrite par Nathan Fairbairn et dessinée par Matt Smith. Parution de l’intégrale en France le 11/03/2020 aux éditions Paquet, pour un total de 144 pages.
C’était pas ma Croisade !
En l’an 1220, la croisade contre les Cathares fait rage dans le Sud du royaume de France. Cette hérésie ne peut être tolérée par l’Église, qui a envoyé ses épées les plus valeureuses se fracasser contre les boucliers albigeois.
Les épées les plus valeureuses, certes, mais aussi, parfois, les plus inexpérimentées. Ainsi, Thibaut de Champagne, jeune croisé qui a pour ambition de redorer le blason familial en servant Dieu lors de cette sanglante croisade. Fraichement adoubé et accompagné de son ami Hugues, Thibaut se rend au camp de Messire Monfort, persuadé de sa grande destinée et fredonnant déjà les chansons que l’on composera à sa gloire.
Mais c’est avec une mine moribonde que Monfort va les accueillir. Assez peu satisfait de voire débarquer les jeunes paltoquets, Monfort décide de s’en débarrasser subrepticement en les envoyant sur une fausse piste pour les éloigner du front où ils pourraient gêner. Escortés par le chevalier récalcitrant Raymond de Mondragon, la petite équipée chevauche donc de façon guillerette vers le village de Montaillou, où ils espèrent accomplir la volonté du Seigneur.
Mais ce que nos jeune chevaliers ignorent, c’est que les Cathares ne sont pas les créatures les plus dangereuses qui peuplent les campagnes. Quelques nuits auparavant, la région a vu s’écraser un astronef géant, qui est venu se fracasser sur les flancs d’une montagnes des Pyrénées, et qui abritait en son sein une colonie de prédateurs insectoïdes que les habitants du village ont pris pour des démons.
Aliens vs [figure historique en décalage avec la SF]
Placer des aliens dans un contexte géographique ou historique inattendu est un procédé efficace qui permet de créer un intérêt dramatique immédiat. En 2020, The Spider King utilisait la même prémisse pour un résultat fort bien réussi, dans la même veine que Cowboys & Envahisseurs, qui mettait des pionniers du Far West face à des E.T. hostiles.
Le premier album plante idéalement le décor, en nous dépeignant des protagonistes dont l’ineptie au combat nous laisse espérer une marge de progression (entendre: badassification), sans oublier de retracer le contexte historique de la croisade albigeoise. Le reste de la trilogie laisse la part belle à l’action, avec bien entendu des moments consacrés au développement des protagonistes, le tout formant une mécanique bien huilée qui fonctionne tout à fait en intégrale.
Sans que l’auteur ait besoin de l’expliquer, on parvient aisément à recoller les morceaux de l’intrigue et à comprendre les événements liés au crash du vaisseau, ce qui est en soi un plus, même si l’on aurait tout de même aimé un approfondissement de cette partie.
Le design des aliens, qui opte pour l’aspect insectoïde, est somme toute relativement classique, et leur antagonisme ne représente pas un challenge si extrême que cela pour les chevaliers croisés. J’entends par là que les aliens du Lac de Feu ne sont finalement que des bêtes féroces qui pullulent, cela évite à nos héros la problématique de devoir gérer une technologie ou un armement supérieurs. Cela ne nuit cependant pas à la qualité de l’intrigue, qui bascule ainsi aisément en mode survival, plutôt que guerre interstellaire.
Comme dans tous les récits de genre détournés, on apprécie le propos sous-jacent, ici sur la religion, et comment cette dernière alimente depuis toujours les conflits les plus meurtriers de l’histoire de l’Humanité. L’auteur utilise donc le personnage de l’Inquisiteur pour appuyer son propos, et montrer les ravages de l’extrémisme.
Sur la partie graphique, le dessin de Matt Smith, que nous avions croisé grâce au très bon Folklords l’an passé, est toujours solide et régulier tout au long des trois albums de l’intégrale, hissant ainsi la qualité de ce Lac de Feu.
Mini-série en quatre volumes, avec Donny Cates au scénario, secondé par Jason Aaron, Al Ewing, Clay Mc Leod Chapman, Seanan Mcguire, Christopher Cantwell, et Torunn Gronbekk. Au dessin, Ryan Stegman, Danilo Beyruth, Vakueva, Nina, Vilanova, Guiu. Parution en France chez Panini Comics, de juillet à octobre 2021.
Les symbiotes ça dépote
Tiré de son sommeil millénaire par Kletus Casady, tueur en série plus connu sous le nom de Carnage, le dieu des symbiotes, Knull, s’est dit qu’il était temps de rendre une petite visite à la planète bleue, histoire de la raser entièrement à l’aide de son armée de symbiotes dragons et de sa célèbre Nécro-épée. La Terre, qui se remet à peine de la guerre entre les Skrulls, les Krees et les Cotatis (confèreWar of the Realms), doit mobiliser une nouvelle fois ses héros pour faire face à cette menace.
Ce sont donc encore une fois les Avengers dans leur entièreté qui vont se dresser, mais également les X-men et les Quatre Fantastiques, menés de façon étonnante par Eddy Brock, le fameux Venom, réuni pour la première fois depuis longtemps avec son symbiote éponyme. Pour les lecteurs peu familiers du marvelverse, les symbiotes, dont le véritable nom est Klyntars, sont une espèce vivante intelligente et semi-parasitique, dont les individus doivent, pour survivre, se lier à un hôte dont ils amplifient les capacités.
Après des décennies de mystère quant aux origines véritables des symbiotes, on découvre qu’ils ont été créés par Knull, une entité primordiale personnifiant l’abysse qui précédait la création. En guerre contre les Célestes à ce sujet, Knull a façonné la Nécro-épée, le tout premier symbiote, pour décimer les géants de l’espace au cours d’une guerre cosmique. Blessé, Knull perdra un temps son arme, qui atterrira plus tard dans les mains d’un certain Gorr, qui donnera du fil à retordre à Thor. Trahi par ses symbiotes, Knull sera enfermé par ces derniers, qui se sacrifieront en masse afin de l’emprisonner dans une gigantesque structure symbiotique, qui de loin pourrait passer pour un corps astral, la fameuse planète Klyntar.
Donc, réveillé par les machinations de Carnage, Knull se dirige vers la Terre, ayant quelques comptes à régler avec certains de ses habitants. Nos héros parviendront-ils à lutter encore contre cette armée de monstres et leur invincible créateur ?
La saga commence par le grand débarquement de Knull et de ses symbiotes-dragons. Décrit comme une menace mortelle depuis plusieurs mois maintenant, son retour a effectivement de quoi être attendu par le lecteur. Nos héros, résolus à sauver le plus de monde possible, lancent une frappe préventive en utilisant les carcasses piégées de vaisseaux krees et skrulls encore en orbite autour de la Terre après les évènements de War of the Realms.
L’attaque ne fait que ralentir la progression de Knull, c’est pourquoi Captain America prend les devants et joue son va-tout en envoyant Sentry. La sentinelle dorée, figure controversée du marvelverse, va rapidement faire les frais de ce mécanisme narratif, qui veut que pour établir à quel point un antagoniste est badass, il doit mettre au tapis un personnage réputé puissant (pensez par exemple à Thanos au début d‘Infinity War, qui met une raclée à rien de moins que Hulk, dont ce sera la seule véritable défaite durant tout le MCU). Après avoir connu les affres de la mort et de la résurrection et démontré son incapacité à mourir (Thor l’a jeté dans le Soleil à l’issue de la saga Siege, et ça n’a pas suffi à l’époque), Sentry se voit infliger une mort tout à fait ironique, car elle rappelle simultanément deux de ses grands moments, à savoir la fois où il a déchiré Carnage en deux (New Avengers), et celle où il a fait la même chose à Arès (Siege).
Une fois cette formalité accomplie, on passe à la phase suivante qui veut que tout dégringole assez rapidement. Knull englobe la Terre dans un impénétrable dôme symbiotique et entreprend la dévastation de la planète. Il prend également possession, via ses symbiotes, de la première vague de héros, ne laissant que quelques survivants pour affronter ses hordes. Eddy Brock, quant à lui, était visiblement destiné, par Donny Cates, à être le protagoniste de cette saga de crise, celui qui, après une franche rédemption, œuvrerait pour vaincre Knull. Mais Cates crée la surprise en supprimant son héros dès le début de la crise, peu après que toutes les options prévues par les héros aient échoué.
Des ténèbres sorties de Knull-part
Le reste de l’histoire est réparti dans des ties-in, qui narrent les évènements secondaires se déroulant durant l’invasion des symbiotes: Spider-Gwen, munie d’un symbiote artificiel, affronte son amie Mary Jane possédée par un nouveau Carnage, tandis que le Black Knight affronte les monstres en Chine et attire l’attention de Knull en utilisant sa Lame D’Ébène, Spider-Man se demande comment affronter cette catastrophe dont il se sent responsable, Black Panther défend son pays comme à l’accoutumée et les Valkyries découvrent l’origine de la puissance de la Nécro-épée.
Pris dans leur ensemble, ces ties-in n’ont qu’un intérêt tout relatif, et peuvent même, dans certains cas, contredire la série principale. Ainsi, dans le numéro 3, le Silver Surfer déplore que le dôme symbiotique qui emprisonne la Terre soit infranchissable, alors que Black Panther, dans son tie-in, parvient à y percer un trou bien avant l’arrivée du Surfeur.
La série principale quant à elle, manque assez cruellement d’originalité, puisqu’encore une fois, elle met en scène un vilain surpuissant sans respecter la continuité ni les échelles de puissance, et qui n’affiche pas un charisme extraordinaire. Pour tout dire, Knull, qui était mentionné depuis un long moment et dont on était censés redouter la venue, s’avère unidimensionnel, relativement plat et les quelques apparitions qu’il fait ne sont pas de nature à marquer les esprits.
C’est d’autant plus regrettable lorsqu’on considère la montée en puissance et l’accumulation de tension dramatique dont il avait fait l’objet jusque-là. Pire encore, la résolution, qui intervient dans le cinquième numéro présent dans le quatrième volume, a de forts relents de deus ex machina. En effet, Donny Cates, ne sachant certainement plus comment se dépêtrer de son tout-puissant vilain, utilise sa carte « continuité rétroactive » (je déteste cette carte) pour sortir de son chapeau la Force Enigma et en faire l’opposé de Knull, dans un affrontement classique de lumière vs ténèbres. Mieux amené, cela aurait pu être une bonne révélation, si on ignore le fait que dans la continuité classique, les hôtes successifs de Captain Universe n’ont jamais été montrés comme étant mûs par le besoin de lutter contre les symbiotes ou les ténèbres de Knull.
Nous sommes donc dans un cas assez classique de « Sorti du chapeau » qui finit d’enfoncer le clou mortifère dans le cercueil symbiotique. Tel qu’il est écrit, Knull est soit invincible pour on ne sait quelle raison et tue des personnages dont le niveau de puissance préétabli ne devrait pas le permettre, soit il meurt en quelques pages après un power-up de dernière minute sorti de nulle part.
Vous l’aurez compris, inutile de vous encombrer avec les quatre volumes de King in Black, qui déçoit par de nombreux aspects après une préparation qui était pourtant prometteuse.
Histoire complète en 136 pages, suivies de 28 pages de cahier graphique. Xavier Dorison et Denis Bajram à l’écriture, Brice Cossu, Denis Bajram et Alexis Sentenac au dessin, Yoann Guillo à la couleur. Parution le 15/10/2021 aux éditions Kana.
Goldorak Go !
La Pop Culture est un monstre. Une entité protéiforme, composée de personnages et d’œuvres diverses, qui ont toutes en commun l’empreinte laissée dans les esprits de millions de spectateurs. Goldorak est l’une des nombreuses têtes de cette hydre vidéoludique, un précurseur du genre pléthorique du Mecha qui fait encore aujourd’hui, 43 ans après sa création, l’objet d’un culte inextinguible.
Xavier Dorison, Denis Bajram, Alexis Sentenac, Brice Cossu et Yoann Guillo font partie de ceux-là, les jeunes enfants marqués très tôt par la silhouette cyclopéenne du robot de l’espace et qui ont, bien des années plus tard, continué à y rêver. En tant qu’auteurs, cette dream team de la BD française est parvenue à convaincre le créateur du personnage, Go Nagai, de leur permettre de proposer leur version toute personnelle.
Toute personnelle, pas nécessairement, puisque la crainte, pour un auteur qui s’attaque à un tel monument de la pop culture, de s’émanciper du mythe originel, doit être grande, paralysante, même. Le défi consiste donc ici à livrer un opus de qualité, pertinent, qui vient puiser dans le vivier de l’œuvre originale sans nécessairement le singer maladroitement. Nos ambitieux démiurges bédéphiles ont-ils su remplir cet exigeant cahier des charges ?
Goldorak returns
Pour cette résurgence du robot cornu et de son célèbre pilote, les auteurs ont opté non pas pour un remake, mais pour une suite directe de la série animée. Des années après la défaite de Véga, le prince Actarus, qui de réfugié s’était érigé en défenseur de la Terre, est retourné sur sa planète d’origine, accompagné de sa sœur Phénicia, espérant pouvoir y sauvegarder un semblant de civilisation après les ravages causés par Véga.
Les années se sont écoulées de façon relativement paisibles, pour les terriens et notamment les anciens camarades d’Actarus: le professeur Procyon, père putatif d’Actarus, sa fille Vénusia, le pilote bravache Alcor, puis les joyeux drilles Mizar et Rigel. En l’absence de menace à combattre, chacun a déposé les armes et continué sa vie, soit en devenant médecin (Venusia) ou inventeur milliardaire (Alcor).
Mais le Grand Stratéguerre Véga n’était pas la seule menace venue des étoiles. Les derniers représentants de la planète Stykades, eux aussi privés de leur planète, n’ont désormais plus le choix. Là où la conquête de la Terre relevait davantage du caprice machiavélique pour Véga, c’est désormais une urgence vitale qui meut ses dernières ouailles, qui entendent bien profiter de l’absence de Goldorak pour faire plier les forces terriennes. Où est passé Actarus ? La paix qu’il cherchait sur sa planète aura-t-elle eu raison de sa force et de sa rage de vaincre ?
Le première chose que l’on peut dire à propos de ce Goldorak, c’est que le défi est relevé. Usant du thème devenu classique du « retour du héros », les auteurs débutent leur album par une ambiance crépusculaire pleine d’amertume, avant d’offrir des combats et scènes d’action dignes de l’anime. Dorison et Bajram n’oublient pas d’implémenter une réflexion sur les affres de la guerre et ses conséquences, sans toutefois délaisser le manichéisme et la naïveté du propos initial de l’œuvre. Non pas que Goldorak mérite un traitement « plus mature » ou une relecture plus sombre, mais il aurait peut-être été possible d’introduire un dilemme plus poignant et plus couteux encore pour le héros.
Le point qui paraît le plus perfectible à la première lecture est celui des dialogues, qui auraient gagné à être plus fluides. Sans être catastrophiques pour autant, ils donnent l’impression d’avoir été écrits hâtivement, et conservent, malgré les relectures multiples que l’on peut leur supposer, quelques maladresses.
Graphiquement, en revanche, ce french touch Goldorak est très abouti, et démontre les talents conjoints de pas moins de trois dessinateurs, rien que ça. Les scènes d’action sont lisibles, fluides et dynamiques, tandis que les personnages, bien campés et très reconnaissables, bénéficient toujours d’un cadrage et d’une mise en couleur superbes.
Pari tenu pour nos auteurs français, qui ont su démontrer leur savoir faire sur l’un des titans de la pop culture.
Dernier volume de la série écrite par Dan Slott et Al Ewing, parution le 23/06/2021 chez Panini Comics.
Capable du meilleur comme de l’empire
Chapitre final de notre space opéra marvelien annuel. Les Avengers et les Quatre Fantastiques ont du unir leurs forces pour contrer une incursion de l’alliance Kree-Skrull, qui, après des millions d’années à se taper dessus, ont décidé de détourner leurs pulsions violentes vers les Cotatis, une espèce végétale avancée dont les derniers représentants avaient élus domicile dans la Zone Bleue de la Lune.
Parmi eux, Quoi, le Messie Céleste issu de l’union de deux anciens Avengers. Ce dernier, quelque peu chauffé par son père en coulisses et lassé de millénaires de persécution, a décidé, de façon assez radicale il faut bien l’admettre, d’éradiquer purement et simplement tous les représentants du règne animal à travers l’univers, en commençant par la Terre.
Pour ce faire, il compte utiliser une fleur spéciale qui décuple ses pouvoirs, et la faire pousser sur la montagne de vibranium qui fait la fierté du Wakanda, la patrie protectionniste de la Panthère Noire. Pendant ce temps, les Skrulls et les Krees grincent des dents mais acceptent d’aider les Avengers et les FF à repousser l’attaque.
Cependant, Quoi n’est pas le seul à avoir été manipulé. En effet, Teddy Altman, alias Hulkling, le fils du légendaire héros Kree Captain Marvel et de la Princesse Skrull Anelle, a été parachuté malgré lui à la tête de l’alliance, lui qui représente le pont idéal entre les deux civilisations belligérantes. Pétri de bonnes intentions, il était prêt à tous les compromis pour parvenir à la paix entre les deux peuples. Malheureusement pour lui, d’autres personnes haut placées avaient d’autres intentions bien plus néfastes. Teddy, ainsi que Quoi, ont donc fait les frais des ambitions mortifères de leurs aînés, ce qui fait d’eux les deux faces d’une même pièce.
Ces jeux d’influence et de manipulation nous montrent bien qu’au final, les vieilles rancunes sont les plus tenaces et que les volontés bienveillantes de quelques bonnes âmes ne suffisent pas toujours pour étouffer les braises du conflit, comme c’est le cas dans la réalité. Cependant, on est ici chez Marvel, et même si on aime les propos à la fois amers et réalistes sur notre monde, il n’en demeure pas moins qu’on ouvre les pages de ces albums avant tout pour rêver et se divertir.
Nos héros parviennent donc à s’en sortir une fois de plus, avec plus ou moins de panache et d’effets pyrotechniques. On pourra apprécier de réelles bonnes idées, comme Reed Richards et sa nouvelle armure signée Stark, ou encore le playboy-milliardaire-philanthrope en pleine crise de foi. L’irruption de Thor fleure cependant le deus ex machina étant donné que sa quête de pouvoir auprès de sa mère Gaïa n’est pas traitée dans la mini-série, ni dans les tie-ins.
En somme, cet Empyre en quatre volumes constitue une agréable lecture popcorn, pas nécessairement de quoi secouer les fondations de l’univers Marvel, mais contenant malgré tout son lot d’action et d’émotions. Le casting est sans doute un peu trop large pour que chacun puisse briller comme il le devrait, mais les tie-ins apportent tout de même suffisamment de substance pour donner au tout le liant nécessaire.
Troisième volume de 168 pages de la série écrite par Dan Slott et Al Ewing. Parution le 12/05/2021 chez Panini Comics.
Des racines et du seum
Troisième quart pour notre saga cosmique made inMarvel. Après des millions d’années de guerre, les Krees et les Skrulls ont jumelé leurs civilisations intergalactiques et n’ont rien trouvé de mieux pour sceller leur alliance que de venir sur Terre pour éradiquer les Cotatis, race extraterrestre végétale dont les origines remontent au fameux conflit.
Alors que les Avengers et les Quatre Fantastiques se sont opposés à ce projet, ils ont été trahis par Quoi (Sequoia de son véritable nom), le Messie Céleste des Cotatis, dont le projet est de venger des millénaires de massacres en éliminant toute créature non-végétale de l’univers, en commençant par sa planète d’origine, la Terre.
Alors que les héros sont divisés en factions pour défendre la Terre, les intrigues politiques au sein de l’empire spatial réunifié prennent racine, avec au centre l’empereur Dorrek VIII, alias Hulkling, dont les origines triples-Skrull, Kree, et Humain-sont à la fois une force et une faiblesse.
Alors que les Cotatis gagnent du terrain, les enjeux augmentent sérieusement, ce qui pousse les alliés à envisager des solutions radicales. Une fois de plus, c’est donc la Terre qui fait les frais d’un conflit intergalactique auquel elle n’était pas censée prendre part. Cela aura bien sûr des conséquences sérieuses pour nos héros, qui sont en première ligne du conflit.
Encore une fois, Empyre et ses séries dérivées se révèlent être une aventure rythmée et entraînante, avec quelques bémols toutefois. Le casting, proportionnel à l’ampleur de l’event, ne permet pas à tous les personnages de briller, notamment les FF. Certes, dans ce numéro, Ben Grimm (la Chose) a son quart d’heure de gloire, mais cela ne suffit pas à équilibrer la balance. Le reste se déroule de façon assez expéditive, mais contient tout de même suffisamment de coups de théâtre pour conserver un certain intérêt.
D’un point de vue éditorial, Panini Comics a insisté dans sa promo de l’event sur le format, similaire à celui qui avait été tenté sur House of X / Powers of X, mais la comparaison ne tient pas vraiment dans le sens ou ces deux mini-séries étaient conçues de façon complémentaire, ce qui n’est pas le cas d’Empyre vs ses tie-ins.
En conclusion, un lecteur quelque peu désabusé par la ribambelle de sagas à la qualité plus qu’inégale sera agréablement surpris, pour peu qu’il accepte le divertissement proposé pour ce qu’il est.
Toilet-Bound Hanako-Kun #3 (Aidalro/Pika) – 2021 série en cours, 3/15 tomes parus.
Merci aux éditions Pika pour leur confiance.
La chronique des deux premiers volumes se trouve ici.
J’avais été comme mes camarades de blog assez enjoué par ma découverte des deux premiers volumes sortis cet été. En entamant ce troisième tome je découvre que contrairement aux précédents le mystère des archives de 16h s’étale sur plusieurs chapitres qui forment l’intégralité de ce volume, ce qui change pas mal la donne en matière de rythme. Ce qui était présenté comme des histoires courtes avec rotation rapide de l’action et des personnages s’installe plus dans la durée, avec approfondissement notamment dans la recherches qu’entreprend Nene sur son maître-allié Hanako. Ce jeune esprit qui nous est décrit ici comme ni plus ni moins que le chef des Mystères de l’école est depuis le début fort mystérieux et on va ainsi se retrouver dans son passé pour comprendre comment il est devenu un esprit. Les pages du volumes sont toujours très agréables dans leur mise en scène destructurée et fourmillant de détails. L’humour et l’action sont en revanche un peu en retrait et j’ai découvert cette intrigue un peu moins enthousiaste, je dois le reconnaître. La difficulté de ce format était dès le début de parvenir à s’inscrire dans la longueur car autant on a regretté le format très court d’un Tetsu & Doberman autant pour Toilet Bound une tomaison sur les doigts de la main aurais sans doute suffi. Je dis cela alors qu’aucune intrigue au long court n’a eu le temps de se mettre en place, aussi il faudra voir (je rappelle que la série compte déjà quinze volumes au japon, ce qui laisse à Pikale temps de développer sa licence)
Elio le fugitif #2-3 (Hosokawa/Glénat) – 2021, série en 5 volumes, terminée au Japon
Merci aux éditions Glénat pour leur confiance.
Impression mitigée et assez tranchée sur les deux volumes, qui recoupent au final le sentiment du premier volume. Le second tome est très faible (du niveau d’un calvin) même s’il met enfin en place une véritable intrigue liée à des vengeances dynastiques. Ce qui était attendu jusqu’ici s’étoffe donc un peu avec un descriptif politique de l’époque qui habille un peu une fuite tout à fait linéaire et que les quelques combats très hachés et coins d’humour shonen ne suffisent pas à rythmer. On attendait soit un récit historique à la Vinland Saga soit un prétexte en mode baston avec des personnages de jeux vidéo… on est au final entre deux et ce n’est guère satisfaisant, d’autant que les dessins juste correctes ne relèvent pas vraiment l’intérêt. Le personnage d’Elio dont le second degré touchait plutôt juste (un jeune gamin hyper-fort qui semble à peine réaliser dans quelles situations il est et s’en sort toujours haut la main) est ici plutôt effacé.
Sur le troisième volume on reprend de l’intérêt avec une histoire qui devient beaucoup plus structurée, simple mais cohérente avec une progression, des flashback sur les personnages et un final qui prépare un affrontement d’arène que l’on imagine aboutir la série sur les deux prochaine volumes. Si du coup le manga se laisse lire plus agréablement, les combats tout à fait rageurs, exagérés (les personnages sont presque aussi forts que dans Dragon ball!) souffrent d’un montage très haché et peu lisible, le lecteur devant fréquemment revenir en arrière avec l’impression d’avoir manqué des cases. Il ressort de tout cela l’impression d’une série de grande consommation destinée à ravir les boulimiques en attendant un prochain tome de Vinland Saga mais sans aucune ambition particulière.
La guerre des Mondes (Ihara-Yokoshima/Ki_oon) – 2021, 170p., 2/3 tomes parus.
Merci aux éditions Ki_oon pour leur confiance.
La chronique du premier volume (détallant notamment la très jolie édition) est ici.
Ce second tome continue sur la même tonalité que le premier à savoir une course du personnage principal (témoin-photographe) parmi les populations fuyant devant l’avancée meurtrière des martiens. L’intrigue est donc tout à fait linéaire et construite autour des destructions terrifiantes et des quelques lueurs d’espoir qui surgissent avant d’être étouffées. Quelques morceaux de bravoure humaines (un peu désespérées) viennent donc pimenter ce qui pourrait devenir redondant et on enchaîne ces cent-soixante-dix pages à grande vitesse et un plaisir non feint. Les dessins, pas virtuoses mais très correctes et portés par des cardages qui appuient le désespoir et le drame absolu portent ainsi bien ce récit qui confirme sa qualité et intrigue (pour qui ne se souviendrait pas par cœur du récit original) quand à son dénouement…