Comic de Robert Kirkman et collectif.
Delcourt (2020), 400p. comprend les volumes 1 et 2 de la série en 25 volumes. 7/13 volumes d’intégrale parus.
Mark Grayson est le fils du plus grand super-héros de la Terre. Arrivé à l’adolescence ses pouvoirs se révèlent. Grisé par ses nouvelles capacités qui le rendent à peu près invincible, il s’engage dans une équipe de jeunes héros et doit apprendre à jongler entre sa vie de lycéen et celle de vigilant…
Robert Kirkman est un des papes du comics US depuis le lancement de son monument The Walking Dead, sa seconde série. Avant cela il avait démarré une histoire de super-héros, peut-être moderne pour l’époque en ce qu’elle racontait les tribulations domestiques et la vie quotidienne des super-héros. On avait déjà vu ça au moins dans Spider-man mais bon, cette série est devenue un phénomène qui s’est achevé en France il y a trois ans au bout de vingt-cinq tomes. Entre temps une série animée est sortie sur Amazon et Delcourt a commencé la publication de l’intégrale dans la foulée.
Invincible jouit d’un buzz extrêmement positif à l’image de Solo ou de TMNT, avec un vivier de fans qui soutiennent la publi. Je me suis donc laissé tenter malgré un graphisme franchement fruste et des couleurs informatiques très datées. L’aspect général me rappelle un bon délire de l’époque où Casterman s’était lancé dans les comics avec une collection assez qualitative, notamment sur Atomic Robo. Sauf que le second degré délire du dernier ne se retrouve pas vraiment dans les quatre cent premières pages d’Invincible qui brillent par un premier degré surprenant. On voit ainsi ce gentil ado s’amuser, se faire des copains, castagner quelques gros méchants, voir sa mère inquiète quand son père disparaît plusieurs mois dans une autre dimension,… Mais le flagrant manque d’antagonisme sur deux volumes entiers et le caractère invincible du personnage interdisent tout drama et tout impact émotionnel chez le lecteur.
Sur une série aussi longue on peut envisager qu’il ne s’agit que de l’introduction (ce que le réseau des blogueurs comics laisse penser) et que la hype peut s’enclancher à partir du second tome de l’intégrale. Reste la désagréable impression que Robert Kirkman, en bon homme d’affaire, sait faire traîner en longueur comme tout bon producteur de série qui avance homéopathiquement en faisant rentrer l’argent dans les caisses. En outre l’appellation « intégrale » a plus du coffret puisque même si la couverture est redesignée vous ne trouverez rien d’autre que les planches des deux premiers volumes dans cet opus. Même si on n’est pas encore dans une réedition d’un « Age d’or« , quelques bonus explicatifs n’auraient pas fait de mal.
En conclusion je ressors de cette (longue) lecture franchement dubitatif sur les qualités de la série. Je reconnais que d’autres saga ont eu du mal à démarrer (par exemple Solo qui a révélé ses qualités après plusieurs tomes) mais l’aspect très ricain et le manque de provo que l’on peut trouver dans Injustice ou d’actualité sur un Ignited ou Alienated ne me laissent pas très optimiste.