****·BD·Jeunesse

Kodi

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Comic de Jared Cullum
Komics initiative (2021), 196p., one shot.

Katya est une jeune fille renfermée qui se trouve plus à l’aise dans ses lectures de comics et dans la vaste Nature de l’Alaska chez sa grand-mère. Lorsqu’elle rencontre l’Ours Kodi son monde se retrouve bouleversé! Bientôt contrainte de retourner en ville et d’abandonner son ami elle ne se doute pas que commence une odyssée croisée pour l’ours et la fillette…

Kodi, comics chez Komics Initiative de CullumRevenu au genre comics depuis peu j’ai pu constater combien le comics indépendant proposait depuis quelques années ce qui se fait de plus riche dans le monde du récit séquentiel. Longtemps étouffée par l’omnipotence des comics de super-héros, la BD américaine indé est désormais ouverte sur le monde, aux influences européennes comme asiatiques et alimentée par des artistes des quatre coins du monde. Ainsi, alors que les gros éditeurs trustent les blockbusters Marvel, Image et DC, on trouve régulièrement chez de petites structures des pépites qui nous font nous demander comment il est possible que ces artistes ne soient pas plus connus. Ce fut le cas pour Bill Presing sur Lucky Boy chez Ankama, pour Caitlyn Yarsky sur Coyotes chez Hicomics ou Shadow Planet de Gianluca Pagliarini chez Komics initiativ. Ce dernier éditeur monte mois après mois avec des propositions alléchantes entre la création originale (la suite de l’excellent Dessous) et des traductions infiltrées entre les mammouth du secteur, jusqu’à être aujourd’hui un acteur majeur du comics indé en France, tout simplement.

Kodi by Jared CullumKodi fait partie de ces pépites. Dans un très bel écrin au dos toilé, papier épais et cahier bonus passionnant pour moins de trente euros les deux-cent pages, le jeune Jared Cullum nous propose un magnifique conte qui s’adresse évidemment aux enfants mais touche aussi le cœur des adultes par une tendresse et une approche assez délirante qui voit cet ours se mêler aux humains sans que cela ne paraisse plus incongru que cela. La magie des histoires! Dans une technique de pastelles qui démontre toute sa précision sur les décors semi-impressionnistes l’auteur monte donc une narration croisée entre ces deux amis séparés par la ville et qui vont l’un et l’autre se rechercher dans l’immensité anonyme. Après de tendre séquences dans la nature Cullum se montre aussi à l’aise dans les passages dynamiques urbains avec une grande lisibilité et une économie de dialogues. Il introduit un personnage tiers pour renforcer son histoire et évite de se chercher un hypothétique méchant. Car dans son histoire simple ce sont les péripéties qui font le rythme et la dramaturgie, comme dans une bonne comédie américaine du cinéma classique.

Élevé à l’école Disney, l’américain nous surprend en citant ses influences franco-belges, de Pedrosa à Trondheim ou Juanjo, mais également pléthore de peintres classiques comme Manet, Morisot ou Gérôme pour finir, bien sur, avec Miyazaki. De belles références parmi lesquelles Cullum a tout à fait sa place tant son album se lit avec un immense plaisir et montre une maîtrise narrative et graphique impressionnantes pour une première œuvre. Une pépite disais-je!

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