
Premier tome de 144 pages de la série écrite par James Tynion IV et Tate Brombal, et dessinée par Chris Shehan. Parution en France chez Urban comics le 24/06/22.

James Tynion IV lauréat du Eisner 2022 du meilleur scénariste.


Merci aux éditions Urban pour leur confiance.
Une formation qui tue
Enfant, vous vous pensiez à l’abri du danger, bien au chaud sous votre couette, alors que vous lisiez ou racontiez des histoires effrayantes de monstres et de créatures voraces qui se cachent sous les lits des marmots avant de les dévorer. Et bien vous savez quoi ? Les monstres existent bel et bien, ils ont effectivement un appétit vorace et font de nombreuses victimes à travers le monde, depuis la nuit des temps.
Ces êtres étant invisibles pour le commun des mortels, exceptés les enfants, ces disparitions sont expliquées maladroitement la plupart du temps. Mais pour l’essentiel, elles font l’objet d’une omerta savamment orchestrée par l’Ordre de Saint-Georges, une antique confrérie dédiée à la traque et à l’extermination des monstres. Rien ne doit filtrer sur la vérité. Et lorsque l’Ordre remet de l’ordre, ce n’est pas façon Men In Black mais plutôt genre sac-sur-la-tête-et-exécution-discrète-au-fond-des-bois.
L’histoire débute à Archer’s Peak, dans le Wisconsin. Erica Slaughter, jeune chasseuse impétueuse, est envoyée pour éliminer un oscuratype qui a déjà fait de nombreuses victimes. Les choses dégénèrent quelque peu durant la chasse, la subtilité n’étant pas le fort d’Erica. L’Ordre envoie donc le mentor de la jeune chasseuse, Aaron Slaughter, pour gérer la situation et éviter tout débordement. Dandy arrogant, voire pédant, Aaron n’est clairement pas un homme d’action, ni même un chasseur efficace. Mais le reste appartient à l’histoire de Something is killing the children, excellente série que l’on ne saurait trop recommander.
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Ce qui nous intéresse ici est un préquel racontant la jeunesse d’Aaron Slaughter, principalement sa formation de chasseur de monstres au sein de la Loge du Massacre.
Personnage énigmatique dans la série principale, Aaron Slaughter nous est ici décrit comme un jeune homme sensible, rendu solitaire par son intelligence, qui le démarque des autres chasseurs. Comme l’ensemble des jeunes recrues de la Loge, Aaron est un orphelin, recueilli par l’ordre qui lui offre un foyer en échange d’une vie dévouée à la chasse.
Notre jeune chasseur, n’ose pas se l’avouer, mais il rêve de bien d’autres choses que de traquer des créatures sanguinaires et mortelles. Toutefois, il sait aussi qu’intégrer l’Ordre est un point de non-retour, une ligne qu’on ne franchit qu’une fois. En effet, comment mener une vie normale lorsqu’on connaît la vérité ? Comment ignorer les cris des enfants à peine couverts par les rugissements des monstres ?
Alors Aaron poursuit sa formation, sous la houlette de Jessica et de Cécilia, tant bien que mal. Étant l’un des derniers masques noirs de la Loge, Aaron doit frayer avec les sociopathes qui constituent les rangs des masques blancs, des chasseurs puissants mais insensibles la violence du monde dans lequel ils évoluent. L’arrivée de Jace, une jeune recrue de la maison du Boucher, succursale de la Nouvelle-Orléans, va venir bousculer le quotidien d’Aaron. Leur rivalité initiale va vite se transformer en romance, mais malheureusement pour eux, l’amour n’est pas toléré au sein de l’ordre, tout simplement car il ne permet pas de tuer des monstres. Que feront Jace et Aaron face au carcan de l’institution millénaire ?
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Les fans de Something is killing the children n’attendaient pas nécessairement de spin-off, encore moins centré sur Aaron Slaughter. Mais il faut bien avouer que cette fenêtre ouverte par les auteurs sur les pratiques de l’Ordre est toujours bonne à prendre, puisqu’il enrichit l’univers principal tout en donnant une nouvelle perspective sur un personnage charismatique.
Prise à part, l’histoire conserve de l’intérêt puisqu’elle nous narre les tribulations d’un jeune à part, aux prises avec un environnement hostile qui souhaite étouffer un amour naissant. Les outsiders ont presque toujours l’assentiment et la sympathie du lecteur,encore plus lorsque l’amour est en jeu. House of Slaughter concilie donc exploration d’univers et intrigue de qualité, en maintenant le lecteur en haleine grâce à des flashbacks et des ellipses correctement distillés. Il est difficile d’en dire davantage sans spoiler la série principale (qui encore une fois, mérite vraiment le détour !), donc il reviendra aux curieux de se forger un avis !