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BD en vrac #23: Raven #2 – Elecboy #2 – Sa majesté des Ours #2

La BD!

Attention, fournée de très grosses nouveautés avec les seconds volumes de séries qui font partie des plus grosses ventes BD, et trois artistes reconnus et dans la pleine maîtrise de leur art. Globalement les trois albums confirment les qualités et points faibles ressentis sur le premier volume. Le détail c’est par là:

  • Raven #2: les contrées infernales (Lauffray/Dargaud) – 2021, 62p./volume, 2/3 tomes parus.

couv_431658Le premier volume m’avait laissé mitigé de par le parti-pris d’un personnage rocambolesque d’anti-héros foireux, avec un dessin et des séquences qui faisaient la part belle à l’humour. Lauffray vise-t’il commercialement le très grand public ou sa fréquentation de Lupano lui a t’elle donné des envies de s’émanciper de son univers noir…?

Ce second tome de la trilogie enchaîne directement et va s’orienter vers une fuite de Raven, Darksee et ses sbires dans les tréfonds de l’île (aux jungles impénétrables et aux décors grandioses bien sur), jusque dans les entrailles du volcan, vers un trésor dont seul Raven sait s’il est réel ou chimérique… En parallèle aux évènements se déroulant dans le fort et la jeune femme et son fils au tempérament bien trempé, on est par moment pas loin du looney toones de par les cabrioles qui tirent plus vers les Pirates des Caraïbes que vers un réalisme à la Aguire. Perso j’aime bien la grande aventure irréel, pour peu que l’enchaînement et le rythme soient solides. Or ce tome confirme que Lauffray n’est pas Dorison et ses pages subissent un certain nombre de coupures sèches qui brisent le rythme de l’action et font hésiter dans sa lecture. Même si l’on voit où l’auteur veut nous emmener, le personnage de Raven n’est du reste pas particulièrement sympathique, du coup on consomme ce tome avec une forme de plaisir industriel propre au cinéma blockbuster mais on l’achève sans supplément d’âme, ni graphique ni scénaristique. Avec un peu le même sentiment que sur le UCC Dolorès de Tarquin, ces contrées infernales restent bien réalisées mais ne laisseront pas la trace indélébile que de précédentes réalisation de l’auteur de Long John Silver ont marquées dans l’histoire de la BD.

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  • Elecboy #2: révélations  (Salaün/Dargaud) – 2021, 62p., 2/4 volumes parus.

couv_431657Avec trois parutions cette année Jaouen Salaün est prolifique! Le premier tome de son Elecboy avait marqué les esprits en début d’année, notamment par une partition graphique franchement impressionnante bien qu’un peu monotone dans les atmosphères. Avec un trait et une colorisation réalistes appuyés sur un design fort réussi, son Mad Max mâtiné d’Oblivion avait à moitié convaincu du fait d’un frein très appuyé sur la progression et la révélation des secrets. On avance dans une totale continuité avec ce second opus puisque dans une même structure scénaristique on démarre très fort avec une belle séquence d’action SF autour d’un voyageur très puissant avant de dérouler les affres du héros et de ses pouvoirs cachés. Globalement tout y est pour nous accrocher, avec un abominable méchant, des relations familiales complexe, une SF ambigüe entre éléments très technologiques et un environnement tout à fait wastlands. Pourtant l’auteur continue d’appuyer sur le frein pour des raisons qui m’échappent, comme cette rencontre entre les anges et le héros, brutalement coupée avant qu’elle ne s’affiche… La force du hors champ peut être redoutablement efficace quand elle est utilisée avec parcimonie. Ici elle casse le rythme en nous frustrant tout le long dans notre envie de rentrer dans le vif du sujet. Salaün semble assumer ce faux rythme. Cela n’enlève pas les grandes qualités de cette série post-apo mais l’empêche malheureusement d’être un blockbuster immédiat. Frustrant je disais…

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  • Sa majesté des ours #2: nous tomberons ensemble (Vatine-Cassegrain-Dobbs/Comixburo) – 2021, série en cours.

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Merci aux éditions Comixburo pour leur confiance!

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Le premier volume de la nouvelle saga fantasy de Vatine et Cassegrain m’avait enthousiasmé en début d’année. On reprend directement après la dernière scène du précédent, alors que nos héros étaient enlevés par un Goliath éléphantesque soudainement arraché de sa roche… pour voir cette vision dantesque mise à bas immédiatement. On est un peu frustré de voir ce souffle mis sous l’étouffoir alors que la Fantasy est un genre exigeant de la démesure, de l’espace… et de la lumière. Et l’on retrouve le même problème d’éclairage des planches de Didier Cassegrain. Du coup, avec une intrigue qui se tourne vers une structure de one-shot avec la capture et l’affrontement d’un clan de crocodiles ce deuxième volume est un ton en dessous du précédent en se refermant sur des enjeux moins politiques et un terrain plus étroit. Notre héros recherche en effet ses amis avec l’aide d’une Léopard-sorcière sans aller bien loin dans sa quête et en nous donnant un peu l’impression d’un intermède (déjà?) dans la grande intrigue. Nous découvrons toutefois des informations sur l’humain et quelques passages chez les Ours font un peu avancer le schmilblick mais pas suffisamment pour maintenir l’enthousiasme initial. La difficulté permanente des tomes deux pour toute série… On savourera donc quand-même les jolies séquences d’action, les dialogues très bien tournés et tout de même les dessins du maître, en espérant un retour à l’épique dans le troisième volume.

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****·BD·Nouveau !

Sa majesté des ours #1: les colonnes de Garuda

La BD!

 

BD de Vatine, Dobbs et Cassegrain
Comixburo (2020). 56 p., série en cours.

Très belle couverture et maquette élégante comme toujours chez Comixburo. Album simple avec vernis sélectif. Une édition canalBD avec couverture originale a été tirée à 1400 exemplaires, avec cahier graphique. Vu le travail graphique de Cassegrain cette édition doit être tout à fait sympathique…

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Lorsqu’un corps humain est repêché sur les rivages du royaume de Valencyre, le roi ours décide d’envoyer une délégation diplomatique auprès du seigneur des Oiseaux: le réveil d’une menace ancienne semble confirmé et il faudra l’alliance bien incertaine des peuples de la mer de sang pour affronter ce danger qui guette…

Sa majesté des ours #1, la critique | une Case en plusDepuis le diptyque Tao Bang, achevé dans la douleur, le duo Vatine/Cassegrain rêvait de se reformer pour repartir sur des aventures fantasy dans des décors et des paysages grandioses. L’expérience de Didier Cassegrain sur un Conan nous a montré une nouvelle fois son attrait et son amour des grands espaces et des armures rouillées. Entre-temps un certain Game of Thrones est passé par là, colorant tout projet de fantasy d’une touche de politique complexe.

Annoncé depuis quelques temps et ne jouissant pas de la vitesse du process industriel de la grande saga Delcourt, Sa majesté des ours risque de pâtir de la concurrence avec Les 5 Terres. A la lecture de ce premier tome introductif on sent pourtant de vraies qualités narratives ne serait-ce que dans la volonté d’aller vite. En quelques pages on apprend beaucoup de choses sur le background, la géopolitique de ce monde et des secrets familiaux qui auront à coup sur des incidences sur la marche de l’histoire. Le jeune prince est envoyé en mission avec son maître d’armes et son amie d’enfance et partenaire d’entraînement suite à une révélation fantastique faite au roi des ours. Dès la première séquence on découvre le frère chef de guerre très méfiant envers une reine versée dans les arts noirs, un amour d’enfance d’un prince confronté à ses devoirs diplomatiques, et maints autres agents de l’Etat partis donc à la grande aventure. Une fois quittés les palais froids des Ours on vogue sur des mers dangereuses et découvre des panorama grandioses dignes de toutes belle aventure de fantasy.

His majesty of the bears - volume 1 - the columns of Garuda - ATTAKUS  CollectionLe seul point négatif de cet album repose sur des planches étrangement sombres et ternes. On avait déjà constaté un effet estompé dû à la technique utilisée par Didier Cassegrain. Cela ne pose pas forcément problème dans les intérieurs des palais et discussions nocturnes mais les scènes de jour ne sont pas plus lumineuses. C’est fort dommage car le dessinateur sait jouer des clairs-obscures comme le montre la superbe couverture aux designs d’entrelacs médiévaux. Le design général est superbe et nous emporte dans un monde fantastique aux créatures animalières anthropomorphes permettant pas mal de possibilités scénaristiques dans les scènes d’actions. Les auteurs ont vu grand et nous emportent dans leur souffle avec des dialogues et galeries de personnages tout à fait intéressants.

On ne sais au final pas grand chose à la conclusion de cet album techniquement irréprochable qui connaît ses codes et oublie de nous ennuyer en soulevant suffisamment de portes pour nous donner envie de continuer sur de nombreux albums. Le risque avec Vatine et Cassegrain est justement de voir trop court. Cette aventure mérite de la place. Espérons qu’ils donneront à Kodiak et son équipée cet espace et la lumière nécessaires pour rendre Sa majesté des Ours incontournable dans les années à venir.

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****·BD·La trouvaille du vendredi·Rétro

Tao Bang

La trouvaille+joaquim

La Trouvaille c’est un trésor que vous avez gardé dans votre mémoire, une pépite de votre bibliothèque et qui mérite d’être offerte à l’appétit de vos lecteurs. Une pause de fin de semaine hors du brouhaha des publications récentes…


BD de Blanchard, Vatine, Pecqueur et Cassegrain
Delcourt (1999-2005), série terminée en 2 volumes. 46 p./album

En 1999 le label série B lancé par Olivier Vatine chez Delcourt (bientôt rejoint par son comparse Fred Blanchard) a quatre ans. Après un album (Corail noir) que beaucoup considèrent comme un chef d’oeuvre mais qui ne clôture pas la série Aquablue, Vatine part faire un comic Star Wars puis revient chez Delcourt où il lance cette collection destinée à publier des BD de SF, des Western et tous les univers pulp d’action graphique débridés. Après une expérience d’animateur Didier Cassegrain se laisse tenter par l’expérience BD avec cette histoire de pirates sexy dans un univers de fantasy steampunk…

Résultat de recherche d'images pour "tao bang cassegrain"A Port-Xanath le lupanar d’Ellora fait grise mine: le terrible Chrik-dragon Ad Arphax a entrepris de faire concurrence en employant les mythiques sirènes dans sa propre maison close. Le colosse Norden et ses acolytes décident d’entrer dans le conflit, lorsqu’ils trouvent sur leur route la pirate Tao bang, qu’il connaît très bien…

Lorsque le premier tome sort c’est un événement tant l’alliance du design de Vatine et Blanchard avec la maîtrise technique et les couleurs de Cassegrain font mouche. Il faudra malheureusement attendre pas moins de six ans entre les deux volumes d’une série qui annonçait une suite (la vallée des géants). J’avais lu le premier tome à l’époque et viens de découvrir la clôture de cette histoire avec l’immense regret de savoir que la suite n’aura jamais vu le jour. Car avec le recul, Tao Bang est vraiment une grande réussite, totalement dans l’esprit Série B, avec des personnages attachants, de l’action très efficace (comme le montre le dessinateur sur son récent Conan) et un univers riche. Ce qui plaît c’est le côté coquinou bienheureux, un monde où le sexe est joyeux, les méchants bien bêtes et où les querelles ne durent jamais bien longtemps. Un esprit Walt Disney avec le puritanisme en moins. Car chez Tao Bang les filles sont très court vêtues, les messieurs torse-poil et les combats se finissent souvent tête tranchée. C’est la grande aventure remplie de scènes improbables et de vannes lancées dans les moments les plus dramatiques.

Résultat de recherche d'images pour "tao bang cassegrain"Si l’intrigue lancée dans le premier tome nous prépare à un voyage potentiellement long, il semble que les auteurs aient préféré clôturer l’histoire en seulement deux volumes, avec une accélération un peu dommage sur le second tome où nous avons des ellipses très brutales. Cela ne suffit pourtant pas à dégrader la qualité de ce diptyque tant l’action est effrénée, drôle, esthétique. Ce qui m’a beaucoup plu c’est à la fois la touche steampunk qui donne toujours une coloration originale aux univers et le côté « poignée de coqs dans une basse-cour »: sans jamais tomber dans le vulgaire, le thème de la sexualité et de la nudité sont permanents et introduisent un aspect paillard de marin fort sympathique à cette histoire. Didier Résultat de recherche d'images pour "tao bang cassegrain"Cassegrain, fort de son expérience en animation, sait déjà dynamiter ses pages avec une action extrêmement lisible malgré son style très particulier qui pourra faire tiquer certains lecteurs. On sent à chaque plan une maîtrise du cadrage, du mouvement et une vérité qui transpire de ces personnages dégingandés aux aspects de marionnettes mal dimensionnées. Personne ne pourra nier que Didier Cassegrain a un style unique que seule une colorisation très numérique (c’était l’époque de Schell et rosa…) sur le second album vient entacher. On ne lui tiendra pas rigueur de cela tant le début des années 2000 ont vu les dessinateurs s’engouffrer dans l’outil numérique sans toujours réaliser l’obsolescence de ces aspects lisses.

Ayant lu Tao Bang dans la foulée des Clous rouges j’ai été surpris de constater que le premier parvient bien mieux que le second à retranscrire cette magie de la fantasy, de ces mondes naïfs où chaque bâtisse est incroyable et où les barbares n’ont jamais froid aux yeux. Résultat de recherche d'images pour "tao bang cassegrain"Le dessinateur qui a passé beaucoup de temps dans des univers contemporains et SF entre les deux titres n’a finalement pas beaucoup bougé et le trait sur Tao Bang est déjà remarquablement mature. Sans doute la colorisation est-elle désormais plus subtile et maîtrisée mais l’on sent le plaisir (notamment sur le premier album) du dessin, de la construction d’univers. Étonnant de maturité, ce premier album mérite d’être redécouvert et constitue un témoignage des débuts d’une équipe créative initiée par Vatine, aujourd’hui arrivée à la notoriété alors que leurs meilleures productions se situent peut-être dans ces déclarations d’amour que sont Tao-Bang, 500 fusils ou les premiers Carmen MacCallum ou encore un certain Gipsy que Marini dessinait chez un autre éditeur…

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***·BD·Mercredi BD·Nouveau !

Conan le Cimmérien #7: les clous rouges

BD du mercredi
BD de Vatine, Hautière et Cassegrain
Glénat (2019), 56 p. one shot.

couv_373253Comme tous les albums de la collection Conan le cimmerien l’ouvrage comporte en intérieurs de couverture une carte de l’Age Hyboréen ainsi qu’un cahier graphique de treize pages incluant une contextualisation de la rédaction des Clous rouges par Robert E. Howard et quelques illustrations hommages de différents illustrateurs… l’occasion de voir Olivier Vatine aux crayons avec toujours autant de classe! Je vais profiter de cet habituel paragraphe « éditions » pour aborder la question de la couverture: celle-ci est très jolie et totalement dans le thème frazzetien… si ce n’était l’étonnante pudeur qui a fait jouer au caleçonneur en ajoutant de petites culottes à l’illustration originale de Didier Cassegrain (en pied de cet article) exposée à la galerie Maghen. Je n’ai pas pu savoir si cela avait été imposé par Glénat ou proposé par l’auteur mais c’est assez incompréhensible quand on voit le reste de l’illustration avec les demoiselles très aérées, le côté sanglant de l’album et la relative sagesse de ces pages intérieures côté nudité. Ce n’est pas une affaire d’État mais pose question sur l’éventuelle influence de l’éditeur sur le contenu de l’album…

Lorsque Conan et Valéria, deux mercenaires aussi proches que sans scrupules, se réfugient dans une gigantesque cité pour échapper à des dragons ils pénètrent dans une sorte de tombeau sans ouverture où une lutte sans merci se déroule depuis une génération entre deux clans. Bientôt on leur demande d’intervenir pour faire pencher la balance…

Résultat de recherche d'images pour "conan clous rouges cassegrain"Quand on sait que la collection Conan le cimmérien est issue de nouvelles courtes et que l’univers du plus célèbre des barbare est marqué par l’esthétique plus que par la complexité des intrigues, on n’est pas très difficile quand au scénario, qui ici s’avère aussi basique et attendu que celui de la Fille du géant de gel. Pas vraiment de surprises mais plutôt de l’intérêt dans les relations du barbare avec les filles, à commencer par la très réussie Valéria, farouche combattante qui rappelle Tao Bang, la première héroïne croquée par le dessinateur des Nymphéas noirs il y a une éternité (… et dont je vous propose une critique rétro dès ce vendredi pour profiter de ma semaine Cassegrain!). Commençons par les points négatifs: après une course forestière aux prises avec une sorte de dragon archaïque où les couleurs, l’espace et l’action épique nous font rentrer de façon tonitruante dans l’ambiance Conan, les deux comparses arrivent dans le huis-clos de la cité de Xuchotl. A partir de là les planches deviennent quasi monochromes et malgré  le côté cyclopéen des immenses salles de pierre, le manque de lumière écrase un peu les dessins de Didier Cassegrain dont la mise en couleur est une des grandes qualités (pour preuves opposées les Nymphéas d’un côté, la version n&b des Clous rouges de l’autre dont on peut vraiment se demander, au vu de la technique du dessinateur, si elle était pertinente…). On peut également se demander (mais c’est toujours un peu le cas chez cet auteur) si le calibrage de l’impression est bon tant l’effet surexposé créé en partie par les très faibles encrages est présent.

Résultat de recherche d'images pour "conan clous rouges cassegrain"Les auteurs ne sont bien entendu pas vraiment responsables de cela puisque le texte imposait un cadre. Si l’histoire de ces deux clans ennemis à mort ne nous intéresse guère, le dessinateur aidé par le talent désormais légendaire de la mise en scène d’Olivier Vatine nous propose un design inspiré par les civilisations précolombiennes qui mélangé au thème du harem asiatique crée un univers très attrayant qu’on aurait aimé voir dépasser les costumes. Car ce qui marque dans cet album ce sont bien les plans rapprochés, les séquences d’action particulièrement réussies (comme tous les illustrateurs passés par l’animation, Cassegrain a le sens du mouvement!), aussi drôles que gores, notamment grâce à une Valéria pleine de grâce, d’énergie aérienne et de répartie. Si les filles ont toujours un rôle important dans les histoires de Howard, cette version des clous rouges est sans doute celle où l’héroïne prends le plus l’ascendant sur le colosse cimmérien. Le couple fait l’album et lorsqu’il est séparé pour des récits obscures le rythme se perd.

Résultat de recherche d'images pour "conan cassegrain"L’attente plus ou moins grande marque sans doute la réception des albums de la série et on peut dire sans hésiter que celui-ci était l’un des plus attendus, notamment depuis le carton du polar adapté de Michel Busi en début d’année. Et je confesse que contrairement à un Virginie Augustin qui était remarquable d’équilibre cet album m’a paru un peu timide, malgré donc les quelques planches barbares et sexy qui ne masquent pas cette dernière illustration hommage à Frazzeta: elle semble faire dire à Didier Cassegrain qu’il aurait souhaité donner cela à ses lecteurs, une ode sauvage débridée… Pour boucler la boucle est-ce que le cahier des charges de Glénat ne serait pas un peu trop grand public? Étrange série en tout cas où les thèmes finissent pas revenir, où le caractère décousu des nouvelles (verra-t’on enfin cette histoire de Conan pirate dont on nous parle depuis plusieurs albums?) peut lasser mais où de grande dessinateurs nous procurent tout de même des plaisirs certains. Entre des pages ou cases magnifiques du dessinateurs, un album bancal dont la fin abrupte confirme l’ambition relative d’une collection dont les auteurs ont du mal à dépasser le carcan.

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BD·Mercredi BD·Nouveau !·Numérique·Service Presse

Retour à Belzagor

BD de Philippe Thirault et Laura Zuccheri,
adapté du roman « Les profondeurs de la terre » de Robert Silverberg
Les Humanoïdes associés (2017), 2 tomes parus.
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Les deux volumes ont été lus en version numérique, aucune information sur le travail d’édition/fabrication.

Sur Belzagor, après la décolonisation des exoplanètes survenue une vingtaine d’années plus tôt, la cohabitation se passe paisiblement entre humains et peuples autochtones intelligents, les Nildoror, sortes de pachydermes vaguement anthropomorphes et les Sulidoror, géants simiesques mutiques. L’ancien responsable colonial Gundersen reviens de son « exil » sur Terre et semble désireux de régler des comptes avec des évènements survenus dans sa jeunesse sur ce qu’on appelait alors Terre de Holman. Embauché par des ethnologues il va diriger une expédition secrète vers le sanctuaire sacré de la « Renaissance » qui va dévoiler des secrets enfouis sur cette planète très particulière.

album-page-large-32222Ce que l’on peut dire de ce double album c’est que le choix de communication de l’éditeur est celui du moindre risque. Qu’il s’agisse du titre, du type de dessins et jusqu’à la typo de couverture, tout semble pensé pour attirer les nombreux lecteurs de la série iconique de SF planétaire, Aldébaran et ses suites (de l’auteur Léo). L’on peut comprendre ce parti pris puisque de vraies similitudes existent entre ces deux univers et que les ouvrages de Léo ont plutôt bonne réputation. Personnellement je n’ai jamais accroché… et pourtant, je dois dire que Belzegor m’a pleinement happé et est pour moi l’une des meilleures séries BD de SF depuis quelques années!

Il faut dire que le matériau d’origine est riche et a inspiré pas mal d’auteurs depuis les années 70 (et notamment le Piège sur Zarkass de Yann et Cassegrain, là aussi adaptation, de l’auteur français de SF Stephan Wul cette fois et antérieur à l’ouvrage de Silverberg – j’avais moyennement aimé). Les thèmes de la décolonisation, de la découverte ethnologique des peuplades autochtones, du respect de l’autre, des03.jpg expériences mystiques ou encore de la communion avec la Nature, sont des thèmes classiques du Planet Opera (déjà dans le chef d’œuvre Dune). Ici les auteurs ont fait un remarquable travail préparatoire de développement crédible (visuellement et fonctionnellement) des créatures, flore et matériels du futur. Le design de Zuccheri parvient à éviter le ridicule que l’esthétique de la SF 70’s a pu parfois développer. La planète qui se dévoile à nos yeux est fascinante et réaliste, imaginative sans que l’on se contente de simples extrapolations de créatures terriennes. C’est un véritable plaisir que de découvrir une planète fonctionnelle et originale, comme l’avait été la visite sur Pandora à la sortie d’Avatar. Je constate années après années combien l’existence d’un univers hors-champ complexe et développé fait énormément à la réussite d’une BD. C’est le principal intérêt et la grande force de cette série de « SF ethnologique ».

Si la relation entre les deux ethnologues peut paraître un peu cliché (le couple en crise renouant les liens en expédition), l’ensemble retour_sur_belzagor_t1_id37221_3_45415_bigdes personnages est intéressant et le mystère du fonctionnement des indigènes dure tout au long des albums de façon très efficace. L’on progresse dans l’intrigue, lentement comme un voyage à dos d’éléphant, mais résolument, ce qui donne une vraie satisfaction de lecteur. Des bribes d’informations, parfois brutales, sont disséminées entre les aller-retours de l’histoire, ce qui maintient la tension. Dans une histoire linéaire (l’aboutissement connu est la cérémonie de la Renaissance) le dénouement est plus important que jamais. Ici les auteurs retombent sur leurs pieds… peut-être un peu rapidement, mais cela reste cohérent, intéressant, bien mené. L’éditeur mène une campagne de communication importante car il sait que cette série est de grande qualité. Elle aurait pu disposer d’un public encore plus large. Personnellement je suivrais ces deux auteurs qui sont une vraie découverte et notamment le cycle des épées de verre dont les quelques visuels que j’ai vu laissent entrevoir du très bon.

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Ce billet fait partie de la sélection  22528386_10214366222135333_4986145698353215442_nhébergé cette semaine chez Mille et une frasques!