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Secret invasion

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Comic de Brian M. Bendis et Leinil Francis Yu
Panini (2022), one-shot.

Comme tous les albums de la collection Must-have, l’album comprend une introduction de contexte, les huit parties (plus un prologue) et un riche cahier explicatif comprenant notamment un guide de lecture.

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En découvrant qu’Elektra, la redoutable cheffe de l’organisation criminelle La Main est une métamorphe Skrull, les Nouveaux Avengers comprennent que le pire est en route: infiltré parmi les héros, l’empire extra-terrestre Skrull a commencé son invasion. Une conquête qui passe par la paranoïa, la manipulation et la peur, alors que plus aucun héro ne sait quel compagnon est authentique ou ennemi…

Secret invasion, un des event les plus réputés des dernières décennies Marvel, conclut (ou presque) la saga entamée par Michael Bendis sur La séparation qui voyait les Avengers se dissoudre. Suite à cela dans House of M ce sont les mutants qui disparaissent avant le Civil War de Millar qui achève de démanteler la solidarité défensive des héros de la Terre, laissant la porte ouverte à cette invasion. La véritable conclusion de la période sera celle de Siège après l’épisode du Dark Reign qui voit les méchants de Norman Osborn piloter la sécurité de la planète.Secret Invasion T. 4 à 6 - Par Brian. M. Bendis & Leinil F. (...) - ActuaBD

Paru en 2008, ce crossover commence à ressentir les effets de l’âge avec des dessins et couleurs assez qualitatifs pour l’époque mais qui font aujourd’hui datés. Surtout, hormis les très nombreuses séquences de pugilat superhéoïque où Leinil Francis Yu est un peu plus appliqué, les planches sont assez mineures voit délaissées, comme illustrant la faiblesse d’un scénario qui n’a d’autre motif que ces bastons. Défaut majeur des crossover, cet album semble être la partie émergée de l’Iceberg, la plus sexy, la plus visible, laissant les ressorts de l’intrigue dans les très nombreux épisodes des séries annexes. Plus encore que Siège où les dessins de Coipel marquaient la rétine, Bendis fait ici le service minimum.Secret Invasion #2 y #3 | Wiki | •Cómics• Amino

On remarquera tout de même l’atmosphère paranoïaque généralisée parmi les héros et notamment la séquence réussie entre la reine Skrull et Tony Stark inscrite dans une démarche pour que chaque séquence instille sa goutte de parano supplémentaire.  C’est là le concept scénaristique principal de l’album que de placer son armée pléthorique de héros dans la sidération. On nous l’explique depuis des décennies, ce qui fait la force des héros de la Terre c’est leur solidarité (la très naïve et très américaine idée positive). Du coup lorsque le chef (Stark) est éliminé et que l’on ne sait plus à qui on peut se fier la digue tombe et permet aux ennemis de s’introduire. Il faut reconnaître le fun de voir certains personnages que l’on découvre être des Skrull depuis peut-être toujours (car oui, les métamorphes copient également les pouvoirs!).

Secret Invasion T 7 & 8 - Par Brian Michael Bendis et Leinil (...) - ActuaBDMalheureusement beaucoup trop d’éléments viennent miner ces quelques bonnes idées, à commencer par la fréquence des Deus ex machina qui lasse assez rapidement et place le lecteur dans un état de consommation passive. Je passerais sur la physionomie très enfantine des Skrull (qui ressemblent tout simplement à des gobelins issus de Donjons & Dragons) et sur le fan-service du débarquement des héros Skrull, sortes d’anti-avengers graphiquement très feignants, pour pointer l’abus grossier de séquences de pugilat de masse. On retrouve cela sur tous les crossover (du Spiderverse à Siege ou aux All-new X-men du même Bendis) mais ici la double page survient à chaque chapitre voir plusieurs fois par chapitre. Etant donné l’intérêt uniquement graphique de ces séquences on aboutit à du remplissage qui dispense de remplir un scénario à la vacuité rarement vue. Il ne se passe absolument rien d’autre que le déroulé de la victoire inéluctable des Skrull jusqu’à l’intervention (héroïque) finale qui sauve tout le monde. Je doute que les explications manquantes soient toutes à trouver dans les séries liées et quand bien même la sortie de cet album unique ne se justifie pas vraiment hormis avec un bien plus gros texte explicatif.

Bref, cette invasion secrète est une franche déception, une lecture que pas grand chose ne sauve hormis pour les fans hard-core de Marvel et les complétistes. Espérons que Disney saura alimenter ce matériau pour la série qui sort cet automne. Le potentiel est bien entendu immense. Bendis est passé clairement à côté. L’avantage c’est qu’un autre peut reprendre le pitch de zéro sans crainte d’une cabale des fans.

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Age of Ultron

Intégrale de 320 pages comprenant les épisodes #1 à #10 de la mini-série Age of Ultron, écrite par Brian Michael Bendis, et dessinée par Bryan Hitch, Carlos Pacheco, Brandon Peterson et Butch Guice. Parution en France chez Panini Comics le 14/09/2016.

Robot pas bô

Si vous connaissez vos classiques, alors vous savez déjà sûrement que l’IA, ça craint. La science fiction regorge en effet d’exemples édifiants de monumentaux ratages lorsqu’il s’agit pour l’Homme de créer la vie à son image, en commençant par le Golem jusqu’à Skynet en passant par Frankenstein.

Il est possible que ce soit parce que l’Homme, étant foncièrement corrompu, ne peut finalement rien créer d’autre qu’une engeance défectueuse et abjecte. En tout état de cause, les Avengers ne peuvent que partager ce sentiment, puisque depuis les années 60, ils sont harcelés par une intelligence artificielle tantôt guignolesque, tantôt génocidaire, nommée Ultron.

Ultron a de particulier qu’il est une création de Hank Pym, alias l’Homme-Fourmi, génie scientifique et Avenger fondateur quelque peu instable qui a, par erreur, donné naissance à l’un des ennemis les plus acharnés de nos héros. En effet, Ultron au fil des ans, connaît maintes incarnations et mises à jour qui le rendent chaque fois plus dangereux, et, à chaque fois, les héros arrachent une victoire sur le fil, en ignorant s’ils y parviendront la fois suivante. Parmi eux, les plus visionnaires, comme Tony Stark, savent que Ultron finira par atteindre un point au delà duquel il sera impossible de l’arrêter, et qu’il atteindra inexorablement son but, à savoir exterminer l’Humanité (très original…).

En 2013, année de la publication de Age of Ultron, Brian Michael Bendis est en fin de course, après avoir présidé aux destinées des Avengers durant quasiment dix ans. Le scénariste, multirécompensé, aura engendré des sagas telles que Avengers Disassembled (2004), puis House of M (2005), Secret Invasion (2008), Siege (2010), avec toujours plus ou moins de succès.

En 2010 après la fin de Dark Reign (le règne sombre de Norman Osborn), l’auteur mettra d’emblée les héros face au robot tueur dans la V4 de la série Avengers, après une petite escarmouche dans la série Mighty Avengers en 2006 . Il implantera alors l’idée de son retour inévitable et de sa victoire éventuelle, et montrera ainsi toutes les extrémités auxquelles il faudra consentir pour tenter de l’arrêter. En effet, dans Avengers V4, les héros constatent que Kang le Conquérant, voyageur temporel, a tout tenté pour empêcher l’ascension d’Ultron dans le futur, en vain. Ce dernier remporte la victoire dans toutes les versions, forçant le Voyageur du Temps à tenter encore et encore de le vaincre jusqu’à briser le flux temporel. On voit donc déjà que l’idée de départ de Age of Ultron était déjà présente chez l’auteur auparavant. Recyclage ou exploitation avisée ?

Il faut admettre que le bilan est mitigé pour cette Ere d’Ultron (dont le titre sera repris pour le second opus de la saga Avengers au cinéma). La première partie dépeint un monde post-apocalyptique, dans lequel ce que craignaient les Avengers est arrivé: Ultron est revenu, est il a gagné. Secondé par une armée de robots à son image, l’entité artificielle s’est bâtie une forteresse gigantesque, d’où il observe maintenant les ruines fumantes du monde qu’il rêvait de dévaster.

Ce qu’il reste des héros vit terré dans des souterrains, démoralisés et hagards. Même Captain America, parangon de vertu et de courage, a baissé les bras face à l’ampleur de son échec et n’ose pas envisager une riposte. Certaines personnes, en revanche, comme Hawkeye et Black Widow, résistent et espèrent trouver une solution au problème. Cette solution va vite se présenter, sous la forme d’une plateforme temporelle, qui appartenait autrefois à Victor Fatalis. Les héros, enhardis par cette perpsective, se scindent en deux groupes: le premier va dans le futur, pour stopper l’ultime Ultron qui tire les ficelles, tandis que Wolverine décide de prendre le problème à la racine en allant supprimer Hank Pym avant la création d’Ultron.

Comme on peut s’en douter, lorsque vous mêlez voyage temporel et univers bâti sur des décennies de continuité, et que vous ôtez de surcroît un personnage fondateur, cela donne lieu à un petit festival d’effets papillon qui pourrait être exploré sur une bonne douzaine de chapitres. Wolverine se réveille donc dans un présent débarrassé d’Ultron, mais gouverné par quelque chose de pire, évidemment. Le mutant griffu va donc devoir payer de sa personne pour remettre le flux temporel sur les rails et réparer ses erreurs.

En effet, sans la présence d’Hank Pym dans l’univers Marvel classique, beaucoup d’événements majeurs n’auraient pas eu la même tournure, et les répercussions cumulées ont de quoi donner le vertige. En fouillant un peu, on peut même trouver la liste des effets de la mort d’Hank Pym sur la timeline Marvel, écrite par Bendis en personne.

Néanmoins, si l’idée est bien pensée, son exécution reste quelque peu en deçà de ce que l’on pouvait espérer. Après de longs moments de confrontation pas très fructueux, Wolverine et son alliée de circonstance sont capturés, par des héros qui ne les reconnaissent pas ou les prennent pour des imposteurs, tandis que certains commencent à entrevoir ce qu’il se joue réellement. Ce passage un peu décevant ne sert finalement qu’à donner à Wolverine la solution idoine à son problème de paradoxe temporel, qu’il se presse de mettre en œuvre sans trop d’obstacles sur son chemin. Quant à la partie action, la mission-suicide de Captain America et consorts dans le futur ? Pas un mot, pas une case sur son issue, l’apparence de cet Ultron Ultime n’étant révélée que dans les couvertures variantes.

Il peut parfois être salutaire de défier et prendre à revers les attentes des lecteurs, mais quand ces manœuvres confinent davantage de la roublardise fainéante que de la véritable subversion, cela pose un problème. Toute une ligne narrative tuée dans l’œuf, et une autre ligne narrative qui se contente d’un aller-retour dystopique sensé donner tort à la philosophie radicale de Wolverine, ce ne sont là que les symptômes d’une écriture en fin de course, comme nous le disions plus haut, qui rendaient d’autant plus opportun le passage de flambeau de Bendis sur les séries Avengers.

Et puis, avec le recul, il y avait peut être plus intéressant comme personnage principal que Wolverine, le mutant dont le pouvoir caché semble être l’ubiquité, tant il était surexploité et omniprésent dans les productions globales du Marvelverse.

Maintenant que l’on sait tout ça, tentons de résumer cet Age of Ultron: un pitch intéressant mais recyclé, une exécution sommaire et finalement peu inspirée, un protagoniste bateau déjà-vu, un antagoniste invisible, une écriture hasardeuse et une conclusion expéditive. Clairement pas le meilleur event de Brian Bendis et une assez triste façon de clôturer un run monumental de dix ans qui figure parmi les meilleures périodes des Avengers.

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Spider-men

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Comic de Brian M. Bendis et Sara Pichelli
Panini (2022), Marvel (2012), one-shot.

Album présenté dans la collection anniversaire du printemps des comics Panini 2022.

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Lors d’une patrouille Peter-Parker tombe sur Mystério… qui le propulse dans une autre dimension. Dans ce monde semblable au sien il va faire la rencontre d’un autre spider-man…

A Spoiler-Free Review of Bendis and Pichelli's 'Spider-Men' #1Dans la recherche permanente de nouveaux publics et de renouvellement, Marvel a lancé dans les années deux-mille un nouvel univers nommé Ultimate permettant de réinventer ses personnages hors de la continuité historique. Jusqu’en 2015 et le crossover Secret wars on a pu ainsi voir apparaître plein de nouvelles versions des super-héros, dont ce fameux Miles Morales, une des initiatives les plus rafraichissantes depuis pas mal de décennies dans le monde des super-slip.  Avant de donner naissance au Spider-verse deux ans après, cet album sélectionné dans la très historique collection anniversaire Spider-man de cette année a surtout valeur patrimoniale pour plusieurs aspects.

D’abord les auteurs. A peu près inconnu lorsqu’il crée l’univers Ultimate, Brian M. Bendis est aujourd’hui un des grands manitou de l’industrie, à l’origine notamment Spider-Man Artdes event majeurs House of M (chez les X-men) et Secret invasion (dont la série adaptée s’apprête à sortir sur les écrans Disney). Sara Pichelli est elle une débutante dans l’industrie et deviendra une des principales dessinatrice du tisseur toutes ces années, considéré comme une des dessinatrices les plus importantes dans le genre super-héroïque? Ensuite la création du personnage de Miles Morales est un évènement historique: d’une part en assumant de changer radicalement l’identité du personnage le plus iconique de la Maison des idées les auteurs ouvrent la porte à toute une série de bascules que nous voyons encore aujourd’hui, y compris au MCU avec le passage de témoin du bouclier de Capitain America ou Jane Foster devenant Thor. Ce changement crée en outre un nouveau héros noir, ce qui est encore très loin d’être le cas, rajeunissant encore un peu plus le juvénile Spidey. Enfin en créant de fait le multivers moderne (on sa connaissance par Nick Fury et les Avengers), ce spider-men est une charnière majeure de l’histoire récente des super-héros et de leur interface avec le MCU.Spider-Men » par Brian M.Bendis & Sara Pichelli | 9emeArt.fr

Pour l’album en tant que tel l’intrigue tient sur un timbre-post et ne revêt pas grande émotion, retournement ou action marquante. Les dessins de Pichelli sont très agréables, les personnages et les dialogues comportent leur lot de fun, le méchant est pathétiquement insignifiant, bref, nous avons là la parfaite excuse en pilote automatique pour consommer du spider-man. Un peu le pendant graphique du récent film No way home et son fan-service totalement inutile. Pour la réinvention et l’originalité on foncera plutôt sur le Spider-Verse de Coipel et le Spider-Island de Ramos et Camuncoli.

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Comics·East & West·Guide de lecture·Rétro

Sentry, un héros compliqué

Aujourd’hui, une rapide aparté sur un personnage Marvel singulier et pourtant assez méconnu, voire mésestimé. L’histoire de Sentry débute en 2000 par une campagne de marketing viral dans le magasine Wizard, dans lequel Stan Lee himself explique s’être rappelé d’un personnage qu’il avait crée au même moment que ses fameux Fantastiques, oublié pour une obscure raison.

Ce point d’entrée meta ouvre la voie à la première mini-série The Sentry, signée Paul Jenkins et Jae Lee. On y fait la rencontre de Robert Reynolds, quadragénaire désemparé par la vacuité de son existence. Le pauvre homme est hanté par les réminiscences d’une vie de super-héros, et finit par être persuadé qu’il fut autrefois celui que l’on nommait Sentry, le gardien doré.

Il s’est avéré que Bob avait raison: suite à l’ingestion d’un sérum, il est devenu l’homme le plus puissant de la Terre, et a côtoyé les Quatre Fantastiques, Spider-Man et bien d’autres au cours de sa croisade protectrice. Cependant, on apprend aussi durant cette mini-série que Sentry ne va pas sans Void: pour chaque acte bienveillant du héros, Void commet une atrocité d’égale importance.

La vérité, qui éclate à la fin de la mini-série, est dévastatrice pour Bob: Sentry et Void ne font qu’un, ils sont deux facettes de son esprit qui s’affrontent depuis le début, avec en jeu rien de moins que le sort du monde. Face à cette impasse, Robert avait fait le choix qui s’imposait: avec l’aide de Reed Richards et de Stephen Strange, Sentry a activé un mécanisme qui l’avait effacé de toutes les mémoires de la planète, neutralisant Sentry pour tenir Void à l’écart. Son retour était donc un erreur monumentale, si bien que Bob réitère son sacrifice et s’efface à nouveau des mémoires pour retourner dans l’oubli.

Ce nouveau sacrifice, en plus de marquer l’abnégation du personnage, concluait son histoire de façon assez péremptoire. C’était sans compter sur Brian Michael Bendis et ses Nouveaux Vengeurs.

En effet, en 2005, Sentry fait une nouvelle apparition, qui va complexifier son histoire. Suite à la séparation des Avengers, causée par la douloureuse trahison de la Sorcière Rouge, une nouvelle équipe se forme pour faire face à une évasion en masse de super-vilains. Ainsi, Captain America, Iron-Man, Spider-Woman, Luke Cage, Spider-man et Daredevil se réunissent-ils, bien vite rejoints par l’un des prisonniers, celui qui se nomme Sentry mais que personne ne connaît.

Bien vite après la formation de l’équipe, il devient clair que le cas de Sentry va poser un sérieux problème. En effet, les Avengers ne se sont pas encore remis du breakdown de la Sorcière Rouge, et il faut avouer que le comportement de Sentry, conjugué à sa puissance démesurée, inquiète les pontes du marvelverse, Stark en tête.

Confronté à son passé, Bob découvre qu’il a été manipulé des années auparavant par un vilain nommé le Général, secondé par le Cerveau, qui ont induit dans son esprit l’idée d’un croque-mitaine, dont il ne pourrait se défaire qu’en disparaissant des mémoires. Ces révélations font revenir Bob à lui, mais n’effacent pas pour autant le problème de Void, dont l’ombre plane encore de façon menaçante au-dessus du héros.

Des pages des New Avengers, Sentry repasse à une nouvelle mini-série, de Paul Jenkins cette fois secondé de John Romita Jr. On y apprend que Robert est atteint de schizophrénie et d’addiction, et qu’il a ingurgité le fameux sérum en pensant se procurer une dose de paradis artificiel. Les pouvoirs de Sentry et de Void ne seraient donc que la manifestation survitaminée des troubles dissociatifs de Robert, qui ne pourra donc jamais se débarrasser vraiment de ses deux identités antithétiques. La série reprend la mise en abyme initiée dans New Avengers, à savoir que Bob a inconsciemment inspiré un artiste de comics, nommé…Paul Jenkins, à raconter ses aventures sur papier.

Les années qui suivent voient Sentry participer aux missions des Avengers sous leurs différentes incarnations, tout en menant son combat intérieur contre Void. De plus en plus instable, il effraie son épouse Lindy, qui ne voit plus en lui qu’un monstre potentiel et incontrôlable, d’autant que les pouvoirs de Sentry semblent varier selon les auteurs, mais gagnent généralement en intensité. D’homme fort et volant, il se rapproche peu à peu de l’omnipotence, jusqu’à être capable de ramener sa femme d’entre les morts !

Vient ensuite la partie Dark Reign, durant laquelle Norman Osborn prend le pouvoir. L’ancien Bouffon Vert utilise le pouvoir de Sentry à son avantage, tout en manœuvrant pour offrir le contrôle à Void, notamment en ordonnant l’assassinat de Lindy. Osborn joue à un jeu très dangereux, et ne tardera pas à en payer le prix lors du Siège d’Asgard en 2010. Hors de contrôle, Sentry cède progressivement à l’influence de son alter-égo et tue l’avenger Arès, puis détruit Asgard avant de révéler son véritable visage.

Void sera vaincu par les Avengers, réunifiés pour la première fois depuis Civil War, puis jeté dans le Soleil par Thor. Ce n’est que quelques années plus tard qu’il reviendra, dans les pages d’Uncanny Avengers, par Rick Remender, Steve McNiven et Daniel Acuna. Ramené par les Jumeaux de l’Apocalypse en tant que Cavalier de la Mort, Bob se dit débarrassé du Void, qui, lassé du cycle sans fin de résurrection au cœur du Soleil, s’en est allé. Désormais persuadé d’être l’héritier d’Apocalypse, Sentry affronte Thor et les Avengers, avant de changer de camp en aidant les héros à repousser les Célestes.

Notre héros réapparaîtra ensuite dans les pages du Docteur Strange, qui requiert son aide pour retrouver son titre de Sorcier Supreme. Bien que cette apparition passe sous silence les événements d’Uncanny Avengers, elle prépare le terrain pour la mini-série de Jeff Lemire, qui va concocter en 2018 un nouveau paradigme pour le héros doré.

Côté analyse, il est aisé d’affirmer que Sentry représente une sorte de reflet Marvel de Superman. Il est souvent dit que la particularité qui est à la racine de la Maison des Idées est d’avoir des héros à problèmes. Il est donc tout à fait logique que le Superman sauce Marvel ait des problèmes à la mesure de son pouvoir. Ici, il s’agit tout simplement de la folie. Sentry est fou, dérangé, déséquilibré.

Ce qui est fascinant avec ce personnage est donc de constater l’impact qu’aurait un tel pouvoir sur la psyché d’un homme déjà fragile. Cela ajoute un aspect plus vraisemblable, malgré le caractère résolument invraisemblable de ses pouvoirs. On remarque aussi, de façon également plus réaliste, la défiance que provoque une tel puissance de la part des autres personnages, qui redoutent Sentry plus qu’ils ne le respectent. Là où Superman est souvent admiré dans la continuité classique, Sentry est craint, voire détesté pour ses actes commis en tant que Void. A ce titre, un élément symbolique assez fort concernant le personnage apparaît dans l’une des miniséries appréciées du public, Marvel Zombies. Dans cet univers en effet, Sentry est la source de l’infection, dans une ingénieuse boucle temporelle qui laisse penser que Sentry, transfuge malgré lui de l’univers DC, vient « contaminer » Marvel.

Certains de ses auteurs, Jenkins en tête, ont également utilisé la dichotomie Sentry/Void pour explorer la thématique de l’identité, mais aussi celle de la responsabilité et du repentir. A partir du moment où Bob ne reconnaît pas les actes de Void comme étant les siens, puisqu’il n’en conserve pas le souvenir, peut-il en être jugé responsable? Si oui, à quel point ?

Du point de vue purement narratif toutefois, il peut être reproché beaucoup de choses au personnage, mais surtout aux auteurs qui l’ont utilisé. En premier lieu, ses origines, volontairement ou involontairement, ne sont pas seulement drapées de mystère, elles ont floues, voire sur certains détails, incohérentes. Bendis lui-même explique que Void n’est que la résultante d’une manipulation mentale antérieure dans l’esprit de Bob, avant de sous-entendre, dans les pages de Dark Avengers, que le Void a une dimension biblique en le comparant à l’Ange de la Mort… Lemire, quant à lui, met de côté des événements importants (la mort de Lindy, la résurrection de Sentry en héritier d’Apocalypse…) pour se concentrer sur la relation de Bob avec ses alter-égos.

En second lieu, un grande partie de ses apparitions reste anecdotique, les scénaristes ne sachant généralement que faire avec un personnage aussi puissant: écarté ou gentiment ignoré durant Civil War et Secret Invasion, il finit en boss de fin de Siege avant d’être finalement sacrifié dans un soulagement presque général. Sa résurrection quant à elle offrait de nouvelles perspectives qui n’ont pas porté leurs fruits. Espérons que Marvel rebondira et saura exploiter ce personnage à son plein potentiel.

Lectures conseillées pour découvrir/suivre le personnage:

-Sentry, La Sentinelle, parution le 12/06/2019 chez Panini Comics

-Dark Avengers, éditon Deluxe, 2 volumes parus en 2012 et 2013 chez Panini Comics

-Siege, édition Deluxe, un volume paru en 2012 aux éditions Panini Comics

-Uncanny Avengers, éditions Deluxe, 2 volumes parus en 2020 et 2021 chez Panini Comics

**·Comics·East & West

Spider-Man (Mavel Legacy): Le retour des Sinister Six

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Album de 160 pages comprenant les épisodes 234 à 240 de la série Spider-Man. Brian Michael Bendis au scénario, Oscar Bazaldua et Sara Pichelli au dessin. Parution le 04/09/2019 aux éditions Panini Comics.

Araignée Nouvelle

Crée par Brian M. Bendis en 2011 dans les pages de Ultimate Spider-Man, Miles Morales a rapidement gagné une grande popularité aux yeux des fans de l’Araignée, qu’il avait été crée pour remplacer.

Quelques années plus tard, en 2015, l’univers Ultimate dans lequel Miles évoluait en tant que Spider-Man fut détruit lors de Secret Wars, mais le jeune héros échappa miraculeusement à l’annihilation, et intégra l’univers 616, soit la continuité Marvel classique. Ainsi, Miles a pu prouver sa valeur auprès du Spider-Man original (les deux personnages s’étaient toutefois déjà croisés lors d’un crossover entre univers parallèles) et même remplacer son aîné en tant que protecteur de New York lorsque ce dernier embarqua pour des aventures plus globales.

En tant que Spider-Man, Miles a également intégré les Avengers, avec Miss Marvel, Nova, Vision, Iron Man et Captain America. Cette collaboration fut de courte durée puisqu’elle pris fin l’année suivante lors de la seconde Guerre Civile des super-héros. Miles, déçu par le comportement des héros séniors, va dans la foulée former, avec d’autres jeunes héros, les Champions, désireux de s’affranchir de la tutelle des adultes.

En parallèle, Miles doit s’adapter à ce nouvel univers, en menant du mieux qu’il peut la vie d’un adolescent new-yorkais. Ce quotidien au fragile équilibre sera perturbé lorsque Miles verra resurgir une figure de son passé récent.

Affaires de Famille

Car Miles n’est pas le seul transfuge de l’univers Ultimate. Lorsqu’il lui a épargné l’effacement à l’issue de Secret Wars, Molecule Man a aussi permis aux proches du jeune homme de subsister. Ce qui inclue Aaron Davis, son oncle, malfrat autrefois connu sous le nom du Rôdeur.

Revenu à la vie, Aaron compte bien profiter de cette nouvelle chance et prépare un coup audacieux avec une équipe de Sinisters nouvellement constituée. Sa route va bien sûr croiser celle de son neveu, ce qui promet un conflit de loyauté pour la petite Araignée.

Brian Bendis est ici aux commandes de l’un de ses personnages fétiches, dont il préside à la destinée depuis plusieurs années, et pour lequel il raccroche ici les gants. Nous sommes donc en droit d’attendre une aventure épique et émouvante, condensant tous les meilleurs aspects du personnage, à l’instar de la fin du run de Dan Slott sur Amazing Spider-Man.

Néanmoins, rien dans l’album ne laisse transparaître l’amour du scénariste pour son personnage. L’arc en lui-même est plutôt banal, le scénariste nous ayant habitué à mieux en terme d’action et de rebondissements. L’équipe de méchants, menée par l’oncle de Miles, n’a rien de très impressionnant, et sert même par moment de ressort comique, ce qui nuit clairement à la tension dramatique. L’aspect « film de casse » que l’on pourrait attendre du pitch est mis de coté ou tout simplement bâclé, ce qui rend finalement ces nouveaux Sinister Six regrettablement anecdotiques.

Bien évidemment, on retrouve les tics habituels de l’auteur, notamment les dialogues vifs et ciselés, presque tarantiniens, et une intervention finale à la limite du deus ex machina (c’était le cas dans sa mini-série Spider-Woman, mais aussi dans la mini-série Moon Knight et d’autres exemples du même genre). Cependant, ces petits artifices, qui peuvent agrémenter le récit, ne parviennent pas à faire monter la mayonnaise.

Tout ceci donne un goût d’inachevé à ce qui aurait du être une histoire poignante et haletante, mais qui contrevient finalement à la réputation de l’auteur et de son personnage.

***·Comics·Nouveau !

Naomi, #1

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Comic de Brian M. Bendis, David F. Walker et Jamal Campbell
Urban (2020) – (DC (2019), série en cours.

Dans sa recherche de renouvellement DC a confié au grand manitou Brian Michael Bendis la charge d’une nouvelle collection Wonder Comics qui se destine clairement aux teen/young adults en axant ses histoire sur de jeunes super-héros avec des planches particulièrement colorées. Le troisième et dernier album sorti en France est ce Naomi, dont le volume 1 est intitulé « saison un » en référence aux séries TV. L’album s’ouvre sur une préface de Bendis racontant la genèse du projet (assez pompeux et autocentré comme souvent dans les préfaces de comics) et se termine sur un cahier de recherches graphiques de quatre pages, deux illustrations et une interview assez creuse du dessinateur. Très formaté et sans grand intérêt niveau éditorial.

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Lorsque Superman s’écrase sur la bourgade de Port Oswego dans un affrontement avec Mongul, toute cette petite population tranquille s’en retrouve échauffée. Naomi, elle, découvre à cette occasion que ce n’est pas la première fois qu’un extra-terrestre survient dans ce lieu paisible et que ce qu’elle croyait connaître de son existence est bien différente…

MYSTERY COMICS: NAOMI #1, de Brian Michael Bendis, David F. Walker et Jamal  CampbellEn terminant ma lecture de ce premier tome mon sentiment est ambivalent, entre l’impression d’être tombé dans le piège commercial du lancement très joli d’une nouvelle série calibrée pour son public cible et le réel plaisir graphique d’un personnage réellement neuf (ce n’est pas si fréquent) dans une galaxie DC surchargée. La lecture des préface et post-face confirment le produit très peu artistique d’un producteur qui tel un Mark Millar, va piocher dans le vivier des jeunes prodiges de l’industrie ce qui va caresser les yeux de lecteurs amoureux de graphisme, sans aucun travail de collaboration entre le scénariste et le dessinateur qui œuvre ici comme simple employé.

Une fois cela dit le démarrage de l’album est alléchant et titille la curiosité. Dès la couverture, très réussie, on repère la maitrise formelle inhabituelle de Jamal Campbell avec cet effet de flou et la gestion des informations sur différents plans y compris derrière le quatrième mur. Et dès les premières pages on est accroché par un découpage innovant comme cette alternance de gaufrier en mode témoignage qui rappelle le récent Mister Miracle et le jeu sur les cases dans le repas de famille où le cadre se rétrécit à mesure que Naomi sort de la conversation. De Superman il est question physiquement sur les toutes premières pages de l’histoire puis uniquement en références dans les dialogues, de façon lointaine comme pour le reste de la mythologie DC. Les connaisseurs repèreront sans doute des éléments connus mais pour le grand public il n’est absolument pas handicapant de ne rien connaître à ces univers puisque les explications sur le contexte se font de façon très didactiques et progressives. Il faut reconnaître une maîtrise scénaristique très propre avec une progression à la fois régulière, progressive et sans ces révélations brutales qui deviennent vite lassantes en comics.

Naomi (2019) No.5 - Comics de comiXology: WebEn seulement cent-soixante pages la mise en place psychologique de Naomi, enfant adoptée s’interrogeant sur ses origines, reste assez simple pour permettre de beaux combats et une conclusion dès cette première saison. On pourra trouver cela trop rapide mais force est de constater que l’on en a pour son argent, tant visuellement que dans le déroulé d’une histoire avec un début, une progression et une fin, sans fautes, sans ventre mou. C’est beau, c’est pro.

On pourra noter une expressivité assez limitée de l’héroïne qui découvre des révélations plus incroyables que la survenue de Superman sans beaucoup de réaction mais sur toute la première partie le lecteur est franchement pris par cette jeune fille qui voit se croiser son histoire personnelle de simple humaine adoptée avec celle de l’orphelin le plus célèbre de la Terre et de Krypton sans que l’on sache pendant longtemps si nous assistons simplement à un miroir psychologique du personnage. Comme souvent c’est la petite histoire rencontrant le fantastique qui fait le sel du genre super-héroïque. Par la suite on bascule dans un grand space-opera rappelant les Gardiens de la Galaxie, certes superbe au niveau des design et des dessins en général ce qui ramène Naomi à plus de banalité.

Pour le démarrage d’une nouvelle série et d’un tout nouveau personnage le produit est parfaitement calibré et réussit son office en proposant ce qui se fait de mieux en dessins de comics super-héroïques. Si l’étincelle d’originalité peine à se maintenir une fois la grande révélation sortie, on pourra aisément prendre cette première saison de Naomi comme un one-shot en espérant, sait-on jamais un rebond ambitieux dès le prochain tome.

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Sushi & Baggles #18

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  • Spider-man (Brian Bendis/ Pichelli/Pannini) – 2017

couv_313191Cet album est le premier de la série Marvel NOW!, que je rattrape album après album avec toujours autant de plaisir. Étant très méfiant envers les multiples reboot, relaunch etc de Marvel, je constate simplement que les dessinateurs de cette collection sont globalement excellents (cela m’a permis depuis plusieurs années de découvrir de petits scribouillards comme Esad Ribic, Stuart Immonen ou Sara Pichelli…) et les scénarios s’accommodent très bien du cahier des charges éditorial pour proposer des aventures rafraîchissantes pour le lecteur occasionnel de comics que je suis. Simplement, les choix de couvertures et de présentation de l’éditeur Pannini brouillent toujours autant la compréhension des suites et collections. Le mieux est donc de se reporter sur les fiches BDgest qui permettent de distinguer les séries homonymes par années notamment. J’ai découvert le personnage de Miles Morales, le nouveau spider-man afro-latino dont l’idée a été inspirée à Bendis par l’élection de Barack Obama dans le film Into the Spider-verse. Cet album très sympathique se déroule après l’arrivée de Morales dans l’univers commun, où il y a donc désormais deux spider-man. On constate que le MCU a fusionné le personnage de Moralès avec Peter Parker notamment dans ses relations avec son pote. Ce volume est assez surprenant car il présente des X-men comme parcourant ouvertement le monde, fait des allusions aux événements des Inhumains. Un plutôt bon album très agréable à lire et assez didactique. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’il peut constituer une entrée en matière mais le lecteur occasionnel de Marvel y trouvera son compte.

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  • Talli, fille de la lune #2 (Sourya/Ankama) – 2019, 2 vol/3 parus.

bsic journalismMerci aux éditions Ankama pour cette découverte.

couv_370344Ma chronique du premier tome se trouve ici.

Nous retrouvons Talli et sa troupe de guerriers mal assortis dans un second volume qui fleure bon l’action et se présente essentiellement comme une confrontation avec une entité démoniaque increvable appelée « le roi de la forêt »: une sorte de loup géant corrompu qui nous rappelle celui du récent Nils mais on imagine que les références de l’auteur se tournent plutôt du côté des sangliers de Princesse Mononoké. Je dois dire que si le premier tome m’avais plutôt accroché avec le développement d’un univers intéressant avec cette guerre ancienne et ses invocatrices capables de faire apparaître des créatures géantes extrêmement puissantes (l’atmosphère rappelle par moment le comic Monstress), la linéarité de ce volume, si elle apporte de nouveaux personnages, m’interroge pour une série prévue assez courte. L’histoire n’ayant pas avancé (hormis pour Lélo et Alan) dans la compréhension des personnages, on se demande comment Sourya va boucler son affaire en un unique volume. Les séquences d’actions sont toutefois maîtrisées et assez efficaces alors que les paysages de montagne enneigée et de la tour de garde sont assez inspirants. Pour une création originale d’un jeune auteur la série est honnête. On n’a pas la déception d’un Nils mais cela reste bien moins efficace qu’un Radiant (d’un auteur qui a beaucoup plus de bouteille). J’imagine que la collaboration de Sourya avec un scénariste chevronné sur un album complet lui aurait été profitable avant de se lancer seul, ses collaborations sur les collectifs Doggybags et Midnight tales restant sur de petits formats.

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  • Tsugumi project #1 (Ippatu/Ki-oon) – 2019

couv_369819Démarrant rarement une nouvelle série avant sa clôture (j’évite les longues séries Manga), je me suis néanmoins laissé tenter par ce Tsugumi project à la couverture très réussie et intrigante. A lire l’interview de fin de volume il semble que ce soit une création originale en première édition chez Ki-oon, ce qui confirme le poids du marché français dans le Manga: si des auteurs hexagonaux commencent à être traduits au Japon (après l’expérience malheureuse de Jean Giraud avec Taniguchi sur ICARE), des orientaux font le choix de publications hors de leur pays d’origine. Tsugumi a beaucoup d’atouts, à commencer par son originalité, avec un concept post-apo classique (une arme terrifiante doit être ramenée du Japon dévasté par un commando après deux-cent ans d’une guerre nucléaire) qui vire très vite au survival avec un univers peuplé de créatures mystérieuses, à commencer par cette jeune fille aux pattes d’oiseau. Cela aurait pu être totalement WTF mais dans un univers graphique sombre, fouillé, ça passe totalement. L’auteur dont c’est un des premiers manga solo reconnaît son perfectionnisme qui se voit sur des planches de cité dévastée et réoccupée par la nature. C’est beau, très beau et ce premier volume se lit avec grand plaisir comme une mise en place d’une série que l’on imagine relativement courte. Tsugumi project apporte suffisamment d’originalité pour donner envie de continuer et constitue une réussite pour cette introduction.

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All-New X-men #5-6

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  • All-new X-men #5: (Collectif/Pannini) 2013 (US)/2015

couv_257680badge numeriqueAttention, ce volume a une construction pour le moins étrange puisqu’il commence directement à la suite du volume 4 sur les dessins (toujours superbes d’Immonen) après que les x-men du passé aient rejoint Cyclope. Puis un nouvel arc s’ouvre avec le sauvetage de X-23 (le clone féminin de Wolverine aperçu dans le film Logan) en nous faisant découvrir un nouvel antagoniste en la personne du fils Stryker qui a organisé des commando de chasseurs de mutants avec des technologies poussées… Le dernier gros tiers de l’album est composé d’historiettes sans aucune portée, aux dessins banals.

Outre la baisse sensible du niveau graphique, on a donc un album qui justifie difficilement la cohérence d’une version reliée tant il mélange des histoires sans rapport. Si les dialogues restent bons tout au long des textes de Bendis, ce cinquième opus des All-new X-men version 2014 reste très dispensable et à réserver aux fans des X-men qui veulent tout lire des aventures des mutants.

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  • All-new X-men #6: (Bendis, Immonen, Pichelli/Pannini) 2013 (US)/2015

couv_280095badge numeriqueJe ne lis pas souvent des arcs complets de comics de super-héros et avoue être assez surpris par le côté inégal de ces publications… Ce dernier volume de All-new X-men dessiné par Immonen (les deux ultimes tomes sont pris en charge par l’assez bon Mahmud Asrar) revient à la qualité des trois premiers… et les dépasse même en raison d’un scénario plus mature, construit et structuré sur l’affrontement entre méchants et gentils, plus facile à lire. Non que j’évite la complexité mais souvent en matière de X-men, de voyages et paradoxes temporels, les auteurs semblent aimer nous faire des nœuds dans le cerveau. Les dessins sont simplement parmi les meilleurs que j’ai lu sur un album de super-héros! Immonen nous fait baver à chaque planche (les coloristes et encreurs font également un boulot tout à fait remarquable!) et Pichelli se hisse à son niveau si bien qu’il est difficile de distinguer les deux participations. La cohérence des dessins (et donc des découpages) fait beaucoup pour élever le niveau quand le scénario de Bendis se concentre sur un explicatif des motivations du fils Xavier et une certaine maturité acquise par Jean Grey. Ce qui pouvait ainsi agacer un peu dans le début de l’arc (les multiples versions des X-men, amusantes mais finalement un peu futiles) disparaît ici avec notamment l’absence du jeune Cyclope (parti dans l’espace lors de l’intermède Gardiens de la Galaxie/All-new X-men qu’il n’est pas indispensable d’avoir lu pour comprendre celui-ci). Cet album se présente donc bien comme une résolution (… partielle) de l’intrigue qui peut s’arrêter là même si le cliffhanger final peut donner envie de continuer. L’équipe changeant je ne suis pas sur de prolonger et pense me concentrer plutôt sur l’aventure spatiale citée plus haut (et réalisée par le même trio juste génial). Après un cinquième volume vraiment mineur cet album redonne confiance dans la capacité de Marvel à proposer des équipes créatives inspirées. A noter, une première séquence faite d’images mentales du Fauve et permettant à toute une brochette d’invités de proposer une illustration intégrée à l’histoire. Très sympa et original.

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Sushi & Baggles #16

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  • Hit-Girl à Rome (Scavone/Albuquerque/Panini) – 2019

couv_364209Cet album a été lu dans le cadre du programme SuperlecteursRésultat de recherche d'images pour "iznéo"

Après la Colombie et le Canada, la plus bourrine et tarée des Vigilante débarque à Rome pour botter des culs et trancher des têtes! Le relaunch de la série initiée par Mark Millar va ainsi voyager avec une équipe différentes pour chaque one-shot. Si le premier volume était loin d’être inoubliable, notamment par son côté sadique un peu poussé, ici on reste dans les canons du personnage (à savoir de l’action brutale à base d’un mort par page et un langage très fleuri de la demoiselle) mais la course-poursuite initiée avec une sorte de Catwoman permet des scénettes drôles et plus structurées. On ne va pas se mentir, Hit-Girl ce n’est pas de la poésie ni Usual Suspects. C’est une lecture rapide, de la baston, super bien dessinée (par un Raphael Albuquerque qui prépare la série Prodigy avec Millar) avec des étoiles qui donnent un aspect cartoon… et des découpages de méchants bien sanglants! Ici les affreux sont une mafia de religieux timbrés, nonnes et moines en robes de bure armés d’Uzi et de masses d’armes, commandés par une vieille peau aussi psychopathe que bigotte, à la recherche d’une relique. Le cliché italien est assumé, le personnage est toujours aussi foutraque et primaire mais l’ensemble est très sympathique dans le genre, notamment grâce aux dessins (bien que les décors soient assez vides). Du coup on attend la suite, surtout que des pointures sont annoncées aux crayons…

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  • All-new X-men #4: La bataille de l’Atome (Collectif/Pannini) 2013 (US)/2015

couv_255426Je poursuis la série Marvel NOW! des All-new X-men entamée par Brian Michael Bendis et Stuart Immonen au dessin qui m’avait fait forte impression sur les trois premiers volumes. L’écriture des premiers et les somptueux dessins d’Immonen se retrouvent partiellement dans cet affrontement entre X-men d’hier, de maintenant et du futur bien que l’équipe créative ait grossie: si les dialogues sont toujours très savoureux et le découpage, avec de nombreuses doubles pages, percutant, l’histoire tourne un peu en rond avec ces interminables interrogations de qui est qui, faut-il renvoyer Jean et Cyclope à leur époque contre leur gré et que font-ils ici?… Même chose pour les dessins, parfois superbes (Immonen toujours sur les quelques planches qu’il réalise, Bachalo étonnant) mais pour l’essentiel moyens (y compris sur les quelques planches de la bataille finale dessinées par Esad Ribic un peu en service minimum sur ce coup, Frank Cho pas très à l’aise dans l’univers super-héroïque). C’est dommage car sur le papier on a quand-même une sacrée dream-team, mais le concept semble s’essouffler et viser surtout les quelques pleines pages d’offensive collective X-men dont sont friands les fans et les dessinateurs. A noter tout de même le superbe design général des versions des X-men et notamment cette Xorg à la tête de mort, terriblement originale et réussie. On ne sait pas si cet arc est une transition vers quelque chose de plus grand mais malgré un plaisir certain entrecoupé de longueurs, on a le sentiment que la série aurait pu s’arrêter aux trois premiers, cohérents en tant que tels.

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  • Zetman #1 (Masakazu Katsura/Delcourt-Tonkam)  – 2004 – 20 tomes parus, série finie.

zetman01Je suis un grand fan de Masakazu Katsura, un des premiers mangaka, que j’ai découvert au travers de DNA2 à l’époque où l’éditeur-libraire Tonkam se lançait en premier (avec Glénat) dans l’aventure du Manga en France… Il est pour moi l’un des meilleurs dessinateurs japonais et si j’ai finalement lu peu de ses séries, j’avais depuis longtemps très envie de lire ce Zetman originellement issu de short-stories parues en 1997. La série a depuis été transcrite en dessin-animé.

Jin est un jeune orphelin vivant avec les sans abri. Élevé par son « grand-père » il est doté d’une force peu commune et s’occupe en défendant les gens contre les bandits. Lorsqu’une étrange créature non-humaine tue son grand-père, le naïf petit garçon se retrouve propulsé dans un univers violent où une étrange organisation semble le rechercher activement…

Je ne reviens pas sur les dessins vraiment chouettes, les nombreux tics et auto-références de l’auteur (la série animée Wingman qui l’a lancé, les petites culottes, les cheveu en pétard,…). Zetman commence vraiment bien avec un premier volume déjà plein d’action, de mystère fantastique un peu gore (la série est annoncée « mature ») et des personnages intéressants. L’auteur lance de nombreuses pistes qui ont vocation à se développer et nous mènent vers des expériences scientifiques monstrueuses liées à un enfant qui semble être un être doté de capacités hors norme. Ça va a cent à l’heures avec force cliffhangers entre les douze chapitres du volume avec pour objectif une première crise qui sort le héros de son état naïf initial pour l’emmener vers le statut de super-héros. Très riche mise en bouche qui donne envie d’enchaîner cette série finie à la taille maîtrisée.

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****·Comics·East & West·Rétro

All-New X-men #1-3

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Comic de Brian Bendis et Stuart Immonen, David Marquez et David Lafuente
Panini (2014-2015)/ Marvel (2013), Série de 8 volumes, terminée.

Couverture de All-New X-Men (Marvel Now! - 2014) -1- X-Men d'hierCouverture de All-New X-Men (Marvel Now! - 2014) -2- Choisis ton campCouverture de All-New X-Men (Marvel Now! - 2014) -3- X-Men vs X-Men

Cet article porte sur les trois premiers tomes de All-New X-men, le « relaunch » de sa série par Marvel en 2013, qui s’est accordé pour l’occasion une énorme brochette de talents: Stuart Immonen puis Mahmud Asrar, Frank Cho, Esad Ribic, Sara Pichelli,… excusez du peu! Accompagnés par des encreurs monstrueux, cette série me fait découvrir Stuart Immonen dont je n’avais rien lu et qui devient instantanément mon nouveau chouchou comics depuis Esad Ribic.

Résultat de recherche d'images pour "all new x men immonen"Le monde des mutants a changé. Rendu fou par la Force Phénix , Cyclope a tué le professeur Xavier et entamé une nouvelle carrière de « méchant » en s’alliant avec Magnéto afin de rendre leur dignité aux mutants. Terrassé par ce nouveau contexte, Hank MacCoy, « la bête » retourne dans le passé pour demander de l’aide aux jeunes X-men. Le fait d’accepter sa proposition va envoyer Cyclope, Jean Grey et leurs amis dans un maelstrom de questionnements identitaires sur leurs pouvoirs, le bien, le mal et comment choisir ce qui est le mieux pour tous…

Avant de commencer, très distant des chronologies Marvel et DC, je n’ai absolument aucune idée du lien temporel entre cette série sortie en 2013 et celle dessinée par Humberto Ramos (et chroniquée ici) et dont certains personnages qui semblaient nouveaux apparaissent bien chez Stuart Immonen et Brian Bendis… Ceci étant dit, je suis tombé fou dingue du trait du canadien Stuart Immonen dont le style m’indique ce que produirait Olivier Vatine s’il exerçait dans une industrie aussi exigeante que les comics. Il y a une réelle proximité entre les deux dessinateurs dont les encrages et la gestion des ombres sont à tomber. C’est bien simple, sur les trois volumes parcourus c’est un sans faute et chaque case inspire une telle maîtrise et expression que l’on en oublierait presque de se concentrer sur les dialogues et le scénario… très verbeux!

Résultat de recherche d'images pour "all new x men immonen"Il va sans dire que dans un scénario de BD de super-héros (qui plus est dans un relaunch, impliquant une dimension créative assez limitée) le dessin facilite grandement la perméabilité du lecteur aux thèmes du scénariste. Brian Bendis en scénariste chevronné maîtrise son sujet en alternant le récit autour de trois groupes: les X-men adultes, les jeunes X-men en tenue originale jaune et une bande de renégats autour de Mystic. La série porte sur les effets psychologiques (et dans le contrôle de leurs pouvoirs) sur les jeunes X-Men confrontés à la perte du Père, le professeur Xavier. Le plus intéressant est le traitement donné à Cyclope qui n’est pas présenté comme un méchant mais plutôt comme un héros mature et dérangé par son acte  mais qui semble souhaiter réellement le bien de tous. Au passage la réinvention graphique de Cyclope est absolument magique, les deux auteurs se faisant plaisir en lui procurant des costumes tous plus inventifs les uns que les autres.Résultat de recherche d'images pour "all new xmen immonen tome 2"

Ce run a le gros avantage de ne pas trop perdre le lecteur « débutant » en se concentrant sur les premiers X-men… que l’on trouve également dans les films (première série et deuxième série) ce qui permet de toucher un relativement grand public. Bien sur les références aux différents événements passés (la mort de Xavier, la Force Phénix, le génocide mutant) complexifient un peu la trame mais c’est présenté de manière didactique comme un simple « hors champ » qui densifie l’univers sans donner l’impression d’avoir raté un épisode. L’irruption des Uncanny Avengers donne très envie de voir ce crossover des deux franchises au cinéma et la qualité du dessin permet de profiter pleinement de la BD sans en faire un simple argument commercial pour donner des billets au Marvel Studio.

Ce run sublimement dessiné (je vais de suite me lire le reste de la biblio de Stuart Immonen!) profite d’une mise en scène (découpage, utilisation des voix entendues par Jean Grey) et de dialogues drôles autour d’une trame simple qui permet de se focaliser sur ce qui fait la force des séries X-men: les relations entre personnages. Assez peu d’action finalement et plus de réflexions intimistes sur l’identité de mutant et les incidences du voyage temporel sur la suite des événements. Comme sur la version d’Humberto Ramos, les perso et leurs pouvoirs tiennent le tout, et franchement ca donne envie de continuer la série…

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