BD de Teresa Radice et Stefano Turconi
Glénat (2023), 123p., série en cours.
Merci aux éditions Glénat pour leur confiance.
Au Pilar les destins fois se croiser des filles venues de tous horizons. Dans ce lieu de partage et d’amour il n’est pas toujours facile de se laisser aller au bonheur quand les cicatrices de la vie d’avant vous rattrapent. Tess et Cinamon vont le constater…
Les deux auteurs désormais célèbres du Port des marins perdus (un classique) continuent leur série spin-off qui contrairement à ce que l’on pourrait penser n’est absolument pas une démarche commerciale mais bien une envie créative de prolonger la découverte des occupantes de leur si beau bordel! Pour ceux qui connaissent le travail des deux auteurs ce ne sera pas une surprise tant un humanisme extrêmement profond et un positivisme absolu transpirent de tout leur travail. A chaque album, qu’il soit historique, jeunesse ou plus poétique, Radice et Turconi nous ravissent par une qualité d’écriture, une esthétique immense qui ne se contente pas d’emprunter ses plans au cinéma mais démontre que le neuvième art est le plus grand en réunissant toute la finesse littéraire avec le graphisme pure.
Deux histoires donc, entrecroisées mais qui auraient aussi pu donner lieu à un récit unique puisque l’histoire de Tess sur lequel commence l’album se poursuit jusqu’à la fin avec celle de Cinamon. La personnalité des filles transparaît incroyablement sous l’art intriqué du couple d’auteurs qui jouent d’un érotisme très doux, subtile et craquant.
Beaucoup plus abouti que le précédent, (indiquant d’ailleurs une tomaison III en page de titre, laissant entendre que le Port des marins perdu constitue le premier chapitre de cette saga), les planches de ces Filles atteignent une qualité artisanale folle en jouant de lumières incroyable et de couleurs dont on connait désormais la qualité. L’intrigue également dépasse la seule chronique sociale pour nous lancer dans la grande aventure d’espionnage et de chasse au trésor, tout cela dans ces cent pages sur deux histoires. C’est dire la très grande maîtrise de l’art narratif de Teresa Radice qui fait montre comme d’habitude d’une fluidité rare.
Si l’album ne nécessite pas a proprement parler d’avoir lu les précédents pour être apprécié, je ne saurais que très vivement vous conseiller de filer prendre la trilogie et de vous l’enchaîner au coin du feu avec une bonne tasse de tea et un chat sur les genoux. Quand la BD apporte tant de plaisir simple quel bonheur!