
Troisième volume issu de la retranscription sous format papier du webtoon créé par Rachel Smythe. Parution en France chez Hugo BD le 03/11/2022.


Merci aux éditions Hugo BD pour leur confiance.
Olympus-toi de là
Si vous lisez Lore Olympus, alors vous connaissez la vérité: Non, Perséphone n’a pas été enlevée par Hadès aux Enfers ! Il s’agissait en fait d’une méprise, issue des machinations perfides d’Aphrodite. La jeune déesse débutante est tombée amoureuse du dieu des Enfers, et ce dernier, homme d’affaire introverti plutôt que cruel tyran, aimerait bien réciproquer cet amour mais se trouve coincé par les convenances olympiennes, et par sa relation toxique avec une autre nymphe.
Voilà le pitch de Lore Olympus, phénomène de la plateforme webtoon désormais édité en format papier. Après deux tomes passés à jouer au chat et à la souris, Hadès et Perséphone ont enfin l’opportunité de se retrouver, mais bien évidemment, un tel amour se doit, pour exister et trouver grâce aux yeux des lecteurs, de surmonter de grands obstacles.
Le premier d’entre eux, et pas des moindres, est la différence d’âge entre le roi des Enfers et la jeune déesse du Printemps. Bien qu’immortelle, Perséphone n’est encore âgée que de 19 ans, ce qui rendrait une liaison avec Hadès, qui a soufflé ses 2000 bougies, moralement répréhensible (vous connaissez l’équation « divisé par deux + 7 » ?). En second lieu, la disponibilité d’Hadès, qui subit depuis pas mal de temps une liaison peu épanouissante, voire carrément toxique, avec la nymphe Menthé, qui se sert de lui comme d’une éponge émotionnelle. Vampirisé par Menthé, Hadès nourrit donc des doutes, et a fait le choix, dans le volume 2, de garder ses distances avec Perséphone, ce qui a permis à la nymphe toxique d’officialiser sa liaison.

Heureusement, Perspéhone a obtenu un stage chez Enfers et Cie, ce qui lui permet de rester dans l’entourage d’Hadès. Menthé, évidemment, ne voit pas cette incursion d’un bon œil, et va faire tout ce qui est en son pouvoir pour garder la mainmise sur le roi des Enfers. Perséphone et Hadès doivent aussi gérer les répercussions des révélations faites par la presse à scandales olympienne, qui a publié des clichés des deux comparses.
De son côté, Perséphone est pressée, voire étouffée, par les exigences de sa mère Déméter, qui tente de garder le contrôle sur elle par peur de ce qui pourrait lui arriver. Ce que Déméter ignore, c’est que le pire est déjà arrivé, car Apollon, s’est déjà sexuellement imposé à Perséphone, qui ne sait que faire de ce secret qu’elle trouve honteux.

Comme nous l’avions vu précédemment, Lore Olympus entraine ses lecteurs dans un marathon visant à déployer sa romance entre Perséphone et Hadès, mais un lecteur/lectrice qui serait né(e) avant 2000 pourrait commencer à trouver cela lassant, au bout des 600+ pages que compte à ce jour la version papier.
Comme évoqué plus haut, l’histoire d’amour contrarié entre les deutéragonistes se doit d’affronter des complications pour trouver valeur à nos yeux, mais on ne peut pas se départir tout à fait de la sensation de patinage de l’intrigue. On ne fait pas du sur-place non plus, puisque ce volume 3 comprend quelques révélations et avancées significatives, dont on attend les répercussions dans le quatrième volume.
S’agissant des archétypes que l’on évoquait dans la chronique du premier volume, on les retrouve là-encore, avec une jeune femme idéalisée, confrontée à l’aliénation d’une société qui ne souhaite que la contrôler, et dont le but sera de prendre en main son destin et conquérir le bellâtre. Côté masculin, on note également la présence des archétypes, avec l’homme de pouvoir (donc attrayant), beau et mystérieux, introverti et tourmenté, et qui va, grâce à l’intervention de la Fille dans sa vie, réaliser qu’il doit se débarrasser de ses entraves et vivre sa vie pleinement.
Là où LO frappe fort sur ce tome 3, c’es sur son traitement de la thématique du viol et du rapport masculin à la notion de consentement. Il ne semble pas anodin que ce soit Apollon, dans cette version, qui prenne de force la virginité de Perséphone: un homme superficiel, fourbe, égocentré, qui ne prend en compte que la satisfaction immédiate de ses désirs, et qui n’est pas accoutumé à la négative lorsqu’il en formule un. De façon assez ironique, mais finalement assez logique, c’est Eros, un autre homme, dont on comprend que son caractère a été façonné par sa mère Aphrodite, plus ouvert et en phase avec ses émotions, plus détâché du cliché de la virilité et de la toxicité qu’elle peut contenir, qui la comprend et la console.
Conclusion: Malgré quelques longueurs dues au format, Lore Olympus continue d’explorer des problématiques de société, sous un enrobage pop et mythologique.