Manga de Mochito Bota
Doki-Doki (2023), 176p., série en cours, 3/5 volumes parus.
Merci aux éditions Doki-Doki pour leur confiance.
Le premier tome de Coffee-moon avait été une très bonne surprise… comme nombre de premier tomes je dirais. Le mystère total bien installé et quelques pistes lancées sur une possible société totalitaire avec ses résistants et sa réalité alternative, il n’y avait plus qu’à voir comment cet ambitieux projet allait tenir sur la durée… Paradoxalement les deux tomes suivants avancent plutôt vite, évitant la crainte d’un embourbement dans un ambiance qui aurait pu lasser et en montrant que les protagonistes ont des pouvoirs assez puissants, dont notre héroïne dotée de la capacité à contrôler le temps. Je vous laisse imaginer les extrapolations possibles à partir de là! En même temps on s’installe dans un style Shojo centré sur une bande de copines qui veulent passer du temps ensemble en faisant du shopping et en buvant des starbucks, cela juxtaposé à ce décors noir très inquiétant. L’auteur utilise malicieusement la boucle pour nous perdre dans les différentes itérations de cette journée sans prévenir, provoquant des répétitions de séquences que l’on peut voir utilisées dans certains anime.
Toujours fort alléchant, Coffee moon abuse cependant un peu de ce procédé au risque de nous égarer complètement, notamment dans le troisième volume où perdu entre les boucles et un récit enchâssé non annoncé, nous voilà balancé en pleine baston que ne renierait pas Dragonball au milieu de créatures jamais vues jusque là. Si bien que l’on se prend à vérifier une éventuelle erreur d’impression pour comprendre cette explosion narrative. Sur le plan de l’atmosphère de perte de repères c’est très efficace et sacrément gonflé… pour peu que ce ne soit pas le simple fait d’une précipitation de Mochito Bota. Très déstabilisé par cette avancée on ne sait plus trop à quoi s’attendre alors que les explications sur l’essence de ce monde tardent à venir.
Alors que Doki-Doki a l’habitude des séries manga courtes, le fait de partir sur une nouvelle licence non achevée donne à la fois le temps de bâtir un univers exigeant ou de partir dans tous les sens. Tout dépend si l’auteur possède déjà la finalité de son objet ou s’il construit sa série au fur et à mesure, ce qui laisserait assez inquiet pour la cohérence de l’ensemble. Reste un objet esthétiquement toujours aussi chouette et disposant d’un vrai potentiel. Le lecteur, selon son niveau de patience, prolongera encore un peu ou s’arrêtera là. C’est le risque du mystère…