Manga de Katarina et Ryosuke Fuji
Glénat (2023), série en cours, 7/11 tomes parus.
Merci aux éditions Glénat pour leur fidélité.
Après leur victoire sur le guerrier suprême Wezaemon Sunraku et ses amis se retrouvent dotés d’artefacts de premier ordre dans le jeu et décident de former un nouveau clan: Wolfgang. Toujours à la recherche de découvertes et de sensations, le héros part à la pioche de loot rares, au risque de s’aventurer dans des zones théoriquement interdites du jeu…
A l’approche des dix tomes et la première étape majeure marquée par le combat très réussi du tome précédent, deux constats peuvent être faits sur Shangri-la Frontier: d’une part l’esprit fan-service pour gamers qui finit par le rattraper malgré les grands efforts pour rester accessible en tant que manga, et justement une rapidité et une dynamique qui confirment qu’il peut se comparer aux best-sellers shonen. Ce qui est dommage c’est que les élargissements de background du tome cinq restent pour le moment totalement de côté sur les deux tomes suivants qui ne profitent pas de ces pistes et se contentent de dérouler les affrontements types d’un jeu à monde ouvert et des plaisirs ressentis manette entre les mains. Comme je le disais les quelques rares non-gamers qui se seraient perdus dans cette série et auraient pu rester accrochés jusqu’ici vont commencer à se lasser. Semblant parti pour une série longues, Shanfro ouvre d’ailleurs le tome six par une très intéressante digression hors jeu avec les incidences de la défaite du monstre unique sur les développeurs du jeu. Comme depuis le début les potentialités du monde réel sont intéressantes mais trop faiblement exploitées pour rééquilibrer le manga. Dommage.
Sur le plan du manga proprement dit le plaisir reste évident avec de grands combats aux dessins rageurs, des dialogues très bien traduits et amusants et un enchainement de séquences au rythme très élevé qui empêchent de s’ennuyer. Un peu à la manière d’un Ex-arm qui tâtonnait longtemps sur ses objectifs, sur de sa force technique, Shanfro nous émerveille par sa multitude de personnages, ses design très réussis et un loisir décérébré qui mets quelques doutes lorsqu’on a reposé le manga en se demandant jusqu’où on ira comme cela et pourquoi on est en train de lire un manga qui reprend les dynamiques ressenties dans un vrai jeu… Expérience étrange en forme de mise en abyme et qui demande de ne pas trop se poser de questions.