***·East & West·Manga

Department of truth #1-2

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Comic de James Tynion IV et Martin Simmons
Urban (2022) – 2020, 152, p./volume, 3 volumes parus sur 4.

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L’agent Cole Turner travaille pour le FBI et s’est spécialisé dans l’étude des mouvements conspirationnistes. Un jour son univers bascule lorsqu’il se retrouve confronté à une réalité différente. Sa conscience bascule: est-il fou? A-t-il été manipulé par des forces supérieures? En intégrant le mystérieux Département de la vérité il va comprendre que la vérité est ailleurs…

badge numeriqueSi vous passez un œil de temps en temps dans l’univers des comics vous savez que James Tynion IV (oui, nous sommes aux Etats-Unis…) est le golden-boy du moment. Après dix ans passés comme employé de l’écurie DC sur une foultitude de titres où son nom est resté anonymisé par le rouleau compresseur de l’éditeur, son heure semble venue… du côté de l’éditeur indépendant Image, comme bien d’autres avant lui. Le bonhomme semble avoir trouvé son créneau puisque le voilà soudain multi-nominé aux Eisner awards et raflant coup sur coup le titre de meilleur scénariste en 2021 et 2022 sur Department of truth, les titres de la collection de Joe Hill, Something is killing the children, Nice house on the lake, et Wynd, série jeunesse qui a enthousiasmés Dahaka. Et alors que propose ce nouveau génie de l’industrie?

The department of Truth (2020) - BD, informations, cotesJ’ai tendance à dire que les Eisner ont tendance à être l’Angoulême américain: intello, vaguement élitiste et graphiquement discutables. Bon, maintenant que je me suis fait des amis, je vais pouvoir préciser… Department of truth est une sorte de crossover entre X-files pour l’aspect « le gouvernement vous ment » et l’excellente série de romans d’Antoine Bello Les falsificateurs où une administration souterraine mondiale fabrique des faux pour orienter la marche du monde. La différence entre les deux repose sur l’aspect fantastique, assumé dans l’un, absent dans l’autre. Dans la série de Tynion on commence sur un schéma connu de l’insider naïf qui se voit révéler la vérité, sur le modèle des films Men in Black. Très rapidement on nous plonge dans une réalité alternative où la Terre est véritablement plate et où un immense mur de glace s’étend du pôle à l’Espace. Sauf que… sauf que ce n’est pas tout à fait vrai puisque l’on nous explique aussitôt que le plus grand secret du monde est que la réalité fluctue en fonction de la quantité de personnes persuadées de cette réalité. Et c’est là la plus grande idée de Tynion (un peu abordée dans l’excellentissime Black monday murders) que d’évacuer l’aspect fantastique qui ne devient qu’une possibilité au même titre que le divin, les aliens ou la Terre creuse. Ce concept est franchement passionnant et donne furieusement envie de tourner les pages de la série pour savoir où l’on va nous mener. Car comme dans tout bon récit conspirationniste on n’aura de cesse de nous expliquer qu’en fait ce n’est pas tout à fait vrai puis que les méchants sont les gentils et inversement avant de se demander qui est vraiment le héros etc.

The Department of Truth - The Comics JournalSi vous aimez le genre vous risquez de vous régaler, même si une fois dépassé le concept original le traitement et ce qu’il y a derrière ne révolutionne pas la poudre. Et le problème principal repose sur un traitement graphique très particulier basé sur un aspect collage papier et peinture sur documents officiels. Assez vaporeux le trait de Martin Simmons a l’avantage de créer une atmosphère proche des films d’horreur mais qui empêche de bien comprendre ce que l’on est censé voir. Et c’est assez problématique puisque les récits manipulateurs reposent sur un jeu entre le texte et l’image, entre deux réalités. Or ici on aura bien du mal à croire des images très abstraites, entre David Mack et Dave Mackeane.

Après la lecture de deux volumes j’avoue que j’ai eu des hauts et des bas avec une petite nostalgie de la série de Chris Carter lorsqu’on nous balance le rôle réel de Lee Harvey Oswald, ou ce qu’il y a vraiment sous l’aéroport de Dallas… Le petit piment contextuel étant bien sur le lien entre cette envie du scénariste et le monde dément dans lequel vis son pays depuis la présidence de Donald Trump (et avant…) et qui a le mérite de rendre très créatifs les artistes Etats-uniens. En alliant la dénonciation du monde alternatif que développe une partie importante des américains et la réflexion sur le principe même de réalité à l’ère du sur-média et de l’image omniprésente, Department of truth réussit très bien son rôle de série de loisir intelligente. Selon que l’on accroche ou non à l’atmosphère particulière des planches on alternera entre trois et quatre Calvin, ce qui reste très honnête.

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