BD de Yunbo
Delcourt (2022), 120p., one-shot.
Merci aux éditions Delcourt pour leur confiance
Lorsque ses parents se séparent Yeowoo est emmenée par son père à la campagne pour habiter chez son grand-père et sa tante. Dans l’attente de voir son papa venir la récupérer, elle découvre un nouvel environnement et la difficulté de vivre avec une vieille personne et une vieille fille. Surtout, elle réalise bientôt que son séjour risque de durer plus que prévu…
Drôle d’album que cette BD jeunesse réalisé par une coréenne formée en France. Ou plutôt triste album, qui nécessite de vous avertir sur le public ciblé, pas évident lorsqu’on regarde le fond et la forme. Sur la forme pas de doute, avec ses couleurs pastelles, ses personnages d’animaux anthropomorphes et cette enfant qui va apprendre à vivre à la campagne, on a tout l’habillage du livre jeunesse. Pourtant, la dureté du sujet, l’abandon pur et simple d’une gamine de cinq ans par ses parents, interroge sur la pertinence de le lire avec un enfant, quand on sait l’importance des craintes d’appartenance et d’amour parental pour la construction de l’identité. Car si l’apparence est légère, parfois drôle et tendre lorsque la poulette qui s’est prise de tendresse pour elle devient une mère d’adoption, la souffrance ne quitte jamais cette enfant au cours des dix années qu’elle passera dans cet environnement mortifère, entre un vieux bonhomme un peu paumé et une tante qui semble restée à un âge mental de dix ans.
En cinéma on parlera de drame social, volontiers inséré dans l’univers des films belges sur la misère sociale. Pas gai. Il est possible que l’enveloppe facilite l’approche. Mais le choix de l’autrice de ne jamais vraiment compenser la dureté d’une gamine que personne n’aime, touche au moral. Alors bien sur les jolis moments de complicité avec la poule, autour de tartes aux fruits et de câlins dans une serre emplie de beaux végétaux apaiseront un peu les âmes. On se demande pourtant comment la fille ne finit pas sociopathe avec tant de maltraitance.
Sur des planches vraiment très belles, Yunbo nous plonge ainsi dans un drame de l’enfance que vous prendrez selon votre sensibilité comme un joli conte sur la résilience ou comme une claque misérabiliste trop dure émotionnellement. Pas forcément très rigolo mais un album qui indéniablement ne laisse pas indifférent.
Attirée par la couverture, l’album me faisait envie. Je ne pensais pas qu’il était si dur. Ça n’enlève cependant en rien mon envie de la découvrir surtout que j’aime assez la touche des auteurs coréens en général (formés ou non en France ><). Merci pour cet avis éclairant !
J’aimeAimé par 1 personne