Comic de Skottie Young et Jorge Corona
Urban (2020-2021) env. 130p./album. Série finie en 3 volumes.
Prix jeunesse 12-16 ans Angoulême 2021
Série publiée en trois volumes chez Urban Link (label ado d’Urban comics) rassemblant les 18 chapitres de l’édition américaine publiée en 2018 chez Image. Les ouvrages sont au format comics, brochés, la première édition comportant les couvertures originales et des carnets de croquis.
Abel est un p’tit gars du Middlewest qui n’a qu’une envie: que son paternel soit fier de lui. Il se lève tôt pour livrer le journal… mais rien n’est assez. Depuis le départ de sa mère, Dale maîtrise mal sa colère intérieure qui explose dans des accès de violence destructeurs. Abel se voit contraint de fuir à la recherche d’une enfance perdue…
L’univers graphique coloré et géométrique du vénézuelien Jorge Corona claque immédiatement aux yeux. Si l’inspiration est celle du titre, ces plaines américaines balayées par les vents et cœur des Rednecks, ces populo qui habitent dans des caravanes et se constituent des communautés voyant les lois comme très lointaines, Skottie Young habille son monde d’un vernis steampunk et magique subtile qui
permet de basculer immédiatement dans la fable. Jamais loin du Magicien d’Oz et de tout l’imaginaire populaire américain, le scénariste vise néanmoins un propos relativement sombre, celui d’un jeune garçon victime de violences paternelle et qui doit partir en quête de sa propre identité. Afin de lui donner une magnifique concrétisation graphique, cette colère prend la forme d’une sorte de malédiction qui frappe cette famille, un mal d’amour qui transforme ses hôtes en des sortes de golems de tempête, des créatures de vent dont le potentiel destructeur ravage tous l’environnement, semant mort et désolation. Accompagné par un compagnon à la forme de renard parlant, une sorte de bon génie qui lui permet de rester maître de son corps, Abel est touchant dans sa fuite et sa recherche d’une famille d’adoption aimante, ce à quoi devrait avoir droit tout enfant.
L’idée de ces tempêtes est excellente puisqu’elle incarne dans un monde de magie cette réalité d’éléments du continent américain, cette nature indomptable, ces tornades qui deviennent des sortes d’esprits punitifs. L’approche psychanalytique du comic lui donne un propos à la lisière de la BD ado et adulte, le récit et l’univers graphique permettant toutefois une lecture très accrocheuse dans ces deux catégories de lecteurs. Pourchassé par ce père qui ne sait contrôler sa furie mais ne se pardonne pas son incapacité à aimer son fils, Abel se voit bientôt touché par ce « pouvoir » et seule l’amitié des forains qu’il va rencontrer lui permettra de maîtrises la malédiction. Comme dans tout bon conte, les drames relationnels, les failles intérieures se matérialisent.
Oh !! Voilà qui me tente vraiment beaucoup !!
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Très belle découverte en effet. J’adore les paraboles fantastiques sur des sujets complexes.
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