Comic de Brian Bucchelatto et collectif.
Urban (2014-2021), édition intégrale par année, 5/5 vol. parus., 320p./volume.
Chaque volume d’intégrale par année rassemble deux volumes de la série publiée de 2014 à 2018 plus les épisodes « annual » intercalés et permettant de développer les interstices de cette bataille des Dieux… A savoir que DC a sorti récemment un Omnibus rassemblant l’intégralité de la série en deux volumes, mais qui ne semblent pas prévus pour le moment chez Urban.
Attention spoilers!
Désormais seul aux commandes du Régime, sans adversaires, Superman reste hanté par la résistance pourtant si faible de Batman. Alors que ses propres alliés commencent à manifester des signes de lassitude face à son comportement autoritaire, les seuls qui semblent en mesure de faire pencher la balance sont les super-vilains libérés par l’action folle d’Elastic-man. Rompant toute morale, l’Homme d’acier décide de faire appel aux services des plus grands criminels de la Terre pour retrouver le chevalier noir…
Ça y est, c’est la fin de cette immense saga qui aura su pour une fois me faire presque totalement adhérer à une intrigue de la Justice League grâce au grand talent de Tome Taylor (dont je parlais hier sur Dceased2). Pour une raison qui m’échappe, alors qu’il a tenu l’essentiel des quatre premières « années » d’Injustice, Taylor a ici complètement passé la main, avec pertes puisque cette ultime intégrale revient à un niveau qualitatif assez moyen où les incohérences et trous dans la raquette scénaristique deviennent bien plus visibles au milieu des affrontements. Est-ce à cause du ménage fait dans les rangs des héros ou simplement du fait d’une moins bonne liberté créative, cet opus retombe dans une certaine banalité qui siéra aux fans de DC mais risque de décevoir ceux qui comme moi ont vu dans Injustice un miracle inattendu.
Si le principal intérêt de ces derniers actes réside dans la faiblesse de Batman et la quasi disparition de sa résistance, les événements de crise qui avaient pu justifier jusqu’ici l’allégeance sans faille des autres héros n’ont plus lieu ici et on tique pas mal sur l’acceptation par des personnes à la morale la plus élevée des crimes perpétrés par le tyran. Il manque cette friction que l’on attend depuis le début, ce qui rendait le précédent opus intéressant lorsque l’Invincible Wonder Woman se retrouvait face à Superman. A la place on nous instille l’idée que Luthor pourrait agir en coulisse sur différents plans dont on ne nous révèle finalement rien, laissant entendre que certains événements sont à lire dans d’autres publications. Ainsi ce qui faisait la force de cette intégrale à savoir rassembler la totalité de l’intrigue (vraiment!) semble ne plus marcher et nous confronte a l’éternel problème des ties-in, devenus souvent indispensables. Par exemple ces séquences rattachées au spin-off Ground zero (non inclu) et qui nous laissent sans conclusion. De même avec cette conclusion qui part d’une bonne idée… mais semble attendre une suite immédiate.
Si la structure de cette Année cinq ne diffère pas fondamentalement des autres, elle n’a pas la thématique et les rebondissements des précédentes années et se résume à une interminable série d’affrontements avec les vilains et autour de ce faux superman dont on ne saura au final pas grand chose. Comme si les auteurs n’avaient pas su achever leur histoire et que Taylor avait un peu lâchement abandonné le bateau avant l’arrivée au port. Assez décevante donc, cette conclusion donnera suite deux ans plus tard à une série Injustice 2, bien moins volumineuse et décrivant semble t’il l’évolution du monde après la chute du Tyran (… et sans sa protection). A suivre donc…