Grosse fournée de nouveautés chez trois éditeurs partenaires avec principalement des suites et une nouvelle série, entre animalier, fantasy chinoise et SF post-apo…
- Shaolin #2: le chant de la montagne (Di Giorgio-Looky/Soleil) – 2021, 50p., 2/3 tomes parus.
Merci aux éditions Soleil pour leur confiance.
J’avais passé un agréable moment sur le premier tome, qui surprenait en dépassant le cadre formaté que promettait son titre. La très chouette couverture continue de mettre en avant le non-héros qu’est nuage-blanc, alors que tout l’album est porté par le superbe personnage secondaire de cette guerrière (aperçue au volume précédent) aussi belle que redoutable avec sa propension à découper net ses adversaires à chaque combat… Car un des attraits de cette série est la radicalité d’auteurs qui croient et aiment leur projet, ajoutant un soupçon de sexy et des combats tout à fait sanglants dans des chorégraphies jouissives qui permettent à Looky de montrer sa maîtrise technique tout en travaillant encore ses arrière-plans. On retrouve ainsi les qualités du précédent et on est rassuré en constatant que la trilogie… n’est que le premier cycle. On comprend donc mieux pourquoi le héros est si effacé. Le scénariste l’accompagne donc fort logiquement d’associés qui compensent cette fragilité dramatique. On ressent toujours quelque manque de fluidité dans certains enchaînements ou dans les motivations de tel ou tel personnage. Mais le souffle épique de la fantasy se ressent dans la puissance de ces combattants, dans cette armée qui prend forme, dans cette magie encore bien énigmatique. Heureusement donc que le premier tome n’est que la fin du début car Looky et Di Giorgio auront su nous mettre en appétit dans une série qui commence à prendre une sacré ampleur…
- Voltaire & Newton #1: Panglos-Tula (Mitch-Bauduret/Delcourt) – 2021, 56p., 1/3 tomes parus.
Merci aux éditions Delcourt pour leur confiance.
Sacrée couverture qui nous montre la version animorphique de Voltaire dans une peinture de type portrait classique! Et avec des intérieurs à l’avenant et une promesse de débat philosophico-scientifique entre les deux grands hommes on pouvait s’attendre à un hommage à De capes et de crocs. Les premiers pages nous donnent l’espoir et pétillent plutôt bien sur des dialogues qui fusent… avant de basculer dans une surprenante aventure dans un monde alternatif où les théories de Voltaire, de Newton et de sa nièce ont vocation à prendre forme et démontrer sans doute la différence concrète entre théorie et pratique. On voit là une fausse bonne idée puisque ce faisant les auteurs rompent soudainement le jeu de théâtre entre personnages forts pour nous laisser dans les seules mains de Voltaire qui va devoir participer à des joutes rhétoriques au sein d’un royaume qui lui inspirera le Pangloss de son roman Candide. On tombe alors dans une forme de BD jeunesse moyennement rigolote et assez attendue dont les textes ne sont pas suffisamment subversifs pour relever l’intérêt. C’est fort dommage car les planches restent fort agréables, mais je crains que le public soit difficile à trouver pour cette série qui laissera les jeunes un peu interdits sur les concepts philosophiques et les adultes vaguement distraits devant le manque d’originalité. Heureusement que les autres n’ont prévu qu’une trilogie, qui permettra d’éviter une prolongation indue si le projet n’est pas réhaussé rapidement.
- Robilar #3: Fort animo (Chauvel-Guinebaud-Lou/Delcourt) – 2021, 62p., série complète.
Merci aux éditions Delcourt pour leur confiance.
C’est le drame au royaume! Alors que le Prince et son mari convolent dans le bonheur, voilà t’y pas que les animaux de la ferme se rebellent contre le sort qui leur est destiné, poussant les têtes couronnées à manger des légumes! Le Chambellan Robilar est alors envoyé en ambassade…
Annoncé en fanfare par une com’ en mode « must read », Robilar m’avait un peu déçu sur les deux premiers albums dont la qualité progressait néanmoins. Et je suis ravi de pouvoir vous annoncer que cette montée en puissance aboutit à l’un des plus drôles et intelligents albums animaliers qui soit paru depuis quelques années! Désormais délié de tout carcan et engouffré dans une envie de proposer sa propre version de la Ferme des animaux, David Chauvel se lâche enfin avec son comparse et leur envie est communicative puisque, quasi débarrassés des humains, l’album nous propose un grand délire de jeux de mots et de trognes. Sous un vernis cabochard qui joue encore sur la langue (les baragouinage des culs-terreux et les running-gags des bouffons), les auteurs nous surprennent en proposant de vraies réflexions sur la condition animale, sur le végétarisme tout autant que sur la Justice et la peine de mort. Il est finalement assez rare de trouver de nos jours des BD qui articulent aussi bien l’humour et le fond (récemment l’excellent Cage aux cons). Sylvain Guinebaud dans son jardin, les planches accompagnent superbement cette révolte des animaux qui nous laissent réflexifs à la fois sur les sujets abordés et sur le fait que, finalement, cette série aurait bien pu continuer en formats one-shot…
- Les Dominants #3: Le choc des mondes (Runberg-Toledano/Glénat) – 2021, 54p.., premier cycle de 3/3 tomes achevé.
Merci aux éditions Glénat pour leur confiance.
L’affrontement final pour la Libération de l’Humanité est sur le point de commencer. Alors que Neil rassemble ses troupes en vue d’une attaque coordonnées sur le centre névralgique des Dominants à San-Francisco, que peut faire Andrew, enrôlé dans cette faction belliqueuse et démuni face à l’attitude fanatique de sa fille?
Sylvain Runberg est très bon pour lancer des pitch accrocheurs et travailler avec des dessinateurs fort talentueux. Sur le développement en revanche c’est parfois plus laborieux et c’est ce qu’on retrouve sur cette conclusion de cycle où s’achève ce qui doit l’être, de façon très attendue, sans nous donner beaucoup de réponses pour autant. Comme son dessinateur qui est moins tranchant que sur l’ouverture (du fait d’une colo un peu rapide je trouve), le scénariste déroule une intrigue d’actionner très efficace graphiquement mais qui ne remet rien en question, ne soulève guère de nouveauté et continue de trimbaler son héros sans grande capacité d’action. Le personnage le plus intéressant, sa fille fanatisée n’évolue guère non plus, ce qui nous laisse dans une sorte de statut quo qui s’est contenté de décrire un univers en trois volumes. A charge du prochain cycle de démarrer véritablement une intrigue qui ne se contente pas d’un hommage à la série V.
Ah ok, ma mémoire de poisson rouge m’avait fait défaut sur ce point ^^!
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Bon Voltaire et Newton n’est définitivement pas pour moi, dommage. En revanche, Robilar confirme qu’il reste de qualité au fil des tomes. Il faudrait que je me lance !
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Pour moi on peut tout à fait commencer Robilar directe au tome 3. Sauf à craquer sur les dessins de Guinebaud ou avoir peu de BD à lire.
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Je note mais me connaissant je risque plutôt de commencer par le 1 car j’aime lire tout et dans l’ordre ><
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Pas vraiment d’ordre: le premier revisite le conte du chat botté, le second joue sur les princesses. Pas vraiment debliens entre albums. Mais l’ensemble reste sympa.
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