
Intégrale de 232 pages de la série Black Hammer, créée par Jeff Lemire et Dean Ormston. Contient Black Hammer: Age of Doom (2018) #6-12, Black Hammer: Giant-Sized Annual (2017), Black Hammer: Cthu-Louise (2018) et un récit de 12 planches paru initialement dans Free Comic Book Day 2019 (Dark Horse): General, puis The World of Black Hammer Encyclopedia (36 pages). En fin de recueil deux carnets de croquis (13 pages) et une galerie de couvertures (13 pages). Parution le 03/07/2020 aux édition Urban Comics.

Les aventuriers de la ferme perdue
Jeff Lemire et Dean Ormston concluent leur épopée super-héroïque avec ce quatrième volume de la série principale Black Hammer. Comme vu dans les trois premiers volumes, la série raconte les mésaventures d’un groupe de justiciers présentant tous des similitudes avec des héros bien connus de la Maison des Idées et de la Distinguée Concurrence.

Ainsi, Abraham Slam (sorte de Captain America vieillissant), Golden Gail (Une Shazam inversée), Barbalien (le Martian Manhunter local), le Colonel Weird (Adam Strange sous acides), Madame Dragonfly et l’éponyme Black Hammer (fusion de Thor et de Superman avec une bonne dose de New Gods), se sont-ils tous retrouvés piégés dans une bourgade américaine typique après avoir sauvé le monde d’un tyran cosmique nommé Anti-Dieu.
Après la mort soudaine de Black Hammer dès leur arrivée, les héros survivants ont du se rendre à l’évidence: ils n’étaient plus chez eux, et ne pouvaient en aucun cas s’éloigner du périmètre de la petite ville sous peine de finir comme leur leader. Certains héros, comme Abraham, y ont vu une chance de raccrocher et de profiter d’une retraite bien méritée. Mais d’autres, comme Gail, étaient déterminés à s’échapper par tout moyen.
L’apparition de Lucy, la fille de Black Hammer, dans leur ferme isolée en ébranla plus d’un, sans pour autant apporter de réel éclairage quant à la nature véritable de leur prison rurale. Lucy ayant hérité de la ténacité de son père, elle finit par découvrir la vérité: les héros de Spiral City étaient prisonniers, depuis le départ, d’une illusion fomentée par Dragonfly et Weird, afin de les maintenir à l’écart du monde et empêcher le retour d’Anti-Dieu ! Après avoir mis fin à l’illusion, voici les héros de retour dans le monde. Mais bien évidemment, rien ne se passe jamais comme prévu…
Suite et fin douce-amère (SPOILER)
Au vu de la conclusion du troisième tome, ce dernier volume de la série principale promettait une fin épique aux héros transformés en famille dysfonctionnelle. Le voile était levé sur leur sort, ce qui les amenait inéluctablement à une nouvelle confrontation avec Anti-Dieu.
Jeff Lemire, qui jusque là avait su faire monter les enchères tout en construisant une caractérisation solide de ses personnages principaux, s’offre un petit détour meta en début d’album, comme s’il souhaitait conserver encore ses jouets et faire durer le plaisir.

L’auteur nous offre encore quelques méandres de péripéties, durant lesquelles les héros dispersés et de nouveau amnésiques vont devoir se rassembler une nouvelle fois. Personnellement, si j’ai adoré voir encore les personnages auxquels il fut aisé de s’attacher à l’occasion des trois précédents tomes, je n’ai pas vu l’intérêt thématique de cet arc. Au contraire, il a eu tendance à faire retomber la tension dramatique accumulée dans le tome 3, qui culminait par la révélation des supercheries nécessaires de Weird et Dragonfly. Ceci a eu pour effet de me laisser tout le temps nécessaire pour repenser et anticiper la conclusion, qui, lorsqu’elle arriva, avait donc un air de déjà-vu et manquait quelque peu de surprise.
En effet, le caractère récursif du sacrifice des héros semblait, avec du recul, inévitable, aussi aurait-il surement été plus efficace de l’amener peu de temps après la révélation du tome 3. En revanche, le final demeure poignant et garde une saveur particulière due au sacrifice des héros, cette fois en connaissance de cause.
Notez que Black Hammer a engendré un univers étendu, qui a déjà commencé à être traduit en France, et même un crossover avec la JLA.