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Trenchfoot

Troisième numéro de 80 pages de la collection Doggybags One Shot, des éditions Ankama. Mud au scénario, Nicolas Ghisalberti au dessin, parution le 15/01/2021.

bsic journalism

Merci aux éditions Ankama pour leur confiance.

A pieds joints dans la gadoue

Habitué aux histoires délicieusement sordides, la Label 619 d’Ankama nous attend une nouvelle fois au tournant avec sa nouvelle sortie, Trenchfoot.

Trenchfoot, c’est le nom d’une sinistre bourgade Louisiane, baptisée ainsi en référence à un mal qui touchait les soldats de la Grande Guerre, dont les pieds pourrissaient littéralement à force de patauger dans les tranchées nauséabondes. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que cette contrée délaissée du bayou soit emplie d’êtres malhonnêtes, désœuvrés, et généralement vicieux.

Le vice, Sid Widow connaît. Individu peu recommandable à la trajectoire brisée, il vivote dans son patelin natal, pathétique, et coutumier de la moiteur inique dans laquelle baignent tous ses pairs. Un soir de futile privation et d’errement, Sid trouve un chien, qu’il nommera Veinard. Ce n’est bien évidemment pas la compassion qui pousse le jeune péquenaud à recueillir l’animal, mais bien l’argent qu’il pourrait se faire grâce aux combats de chiens clandestins.

Comme dans toutes les bonnes histoires de ce genre, ce choix va inexorablement entraîner une cascade d’embrouilles et de règlements de compte, dont Sid va devoir se sortir. Sa chance va néanmoins culminer lorsqu’il mettra la main sur un ticket gagnant du Méga Million, appartenant à un individu peu fréquentable.

This is a Mud’s World

Malgré la pléthore d’anti-héros qu’a offert la BD jusque là, rares sont ceux dont l’ignominie égale celle de Sid Widow. Cynique et dépourvu de qualité rédemptrice, il est de ceux qui se laissent porter par la vie tout en lui portant un regard acerbe et ingrat. Conscient de sa médiocrité, Sid navigue entre un boulot sordide et une vie vide de sens, dans un environnement crasseux qui ne fait que traduire, à la manière du Roi Pêcheur, la corruption interne de ses habitants. A moins que ce ne soit l’inverse, et que Sid ne soit en définitive que le produit de son environnement.

Pour vérifier cette assertion, il n’y a qu’à voir le désœuvrement qu’il exprime après l’acquisition de son magot: lui qui n’avait jusqu’ici aucune ambition ni aucun désir particulier, il se trouve bien incapable de savoir quoi en faire !

L’amoralité du récit, dans lequel la rétribution se fait toujours attendre, a quelque chose de jouissif et de révoltant à la fois, car les auteurs ne se posent pas en compas moral, loin de là. Au contraire, ils laissent vivre leurs personnages, poussant l’histoire jusqu’à sa suite logique en offrant un final glaçant de cynisme.

Mud et Nicolas Ghisalberti atteignent donc des sommets en mettant les deux pieds dans la fange.

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