
Récit complet en 128 pages, écrit par Carlos Valderrama et dessiné par Miguel Valderrama. Parution le 25/09/2020 aux éditions Urban Comics, collection Urban Link (format comics).

Kaiju-palooza !
Il y a de nombreuses années déjà, le monde s’est écroulé sous les pas des géants. Des monstres à la peau impénétrables, qui ont rasé ce que l’homme tenait pour acquis et qui l’ont forcé à se cacher profondément sous terre. De cette catastrophe a émergé une nouvelle société, post-apocalyptique, violente, régie seulement pas la loi du plus fort.
C’est dans cet environnement hostile, contrôlé par des gangs en guerre perpétuelle, qu’ont grandi Gogi et Zédo. Deux jeunes orphelins réunis par le destin, prêts à affronter ensemble toutes les galères, mus par un simple rêve: faire partie du gang des Bloodwolves.

Pour ça, les deux survivants vont se voir confier une mission, déguisée en rite de passage: remonter à la surface, et mettre la main sur de l’ambrenoir, une ressource rare et puissante, issue du corps même des monstres géants. L’ambrenoir donne l’avantage à ceux qui la possède, et ici-bas, ne sert qu’à faire la guerre.
Gogi et Zédo vont donc embarquer pour leur périlleuse mission en territoire kaiju, impatient à l’idée de rapporter le trésor qui leur vaudra de faire enfin partie d’une famille, aussi toxique soit-elle. Mais les deux jeunes ne sont pas prêts pour ce qui les attend en haut. Leur fraternité sera-t-elle à l’épreuve des monstres ? Et d’ailleurs, qui sont les véritables monstres ?
L’Homme est un kaiju pour l’Homme
Dans les œuvres post-apocalyptiques, il est intéressant de voir ce que ce serait devenue l’Humanité si elle avait faire face à l’éventualité de son extinction. Comment les sociétés et les institutions se seraient réorganisées, la résurgence de la loi du plus fort dans un monde dévasté, sont autant de sujets fascinants et traités à l’envi dans ce genre transmédia.
Autant le dire tout de suite, ce n’est pas vraiment le cas dans Giants. Les frères Valderrama mettent le focus sur la relation entre leurs deux protagonistes, et ne livrent que le strict minimum concernant le background. Tout ce que l’on apprendra dans la série, c’est que des gangs de jeunes s’affrontent dans des villes sous-terraines, tandis qu’à la surface, règnent des (deux?) monstres géants qui se livrent eux aussi bataille.
Où sont les adultes ? Quid du pouvoir politique dans ces villes ? Si l’ambrenoir est une source de combustion, est-elle utilisée autrement que pour la baston ?

Si l’idée de base est intéressante (on retrouve la thématique des bandes de jeunes et le duo d’orphelins post-apo comme dans Akira), elle donne l’impression de n’être qu’effleurée, sans que les auteurs ne prennent la peine de la contextualiser. Les monstres non plus n’ont pas droit à un traitement en profondeur (ce qui est parfois le cas dans certains films de kaijus, Cloverfield en tête), même si leur design reste intéressant en évitant les poncifs reptiliens du genre. On retrouve d’ailleurs, en parlant de Cloverfield, l’idée des parasites de kaijus, sortent de puces monstrueuses et agressives.
Giants exhibe donc ses influences de façons assez ostentatoires, sans nécessairement en tirer profit sur la longueur du récit. La dynamique des frères ennemis est traitée de façon classique, mais assez efficacement pour que l’on s’attache aux personnages et à leur sort.
Giants: Brotherhood reste une lecture agréable, que l’on aurait aimé voir traitée plus en profondeur, au vu des influences évidentes citées plus haut.