***·BD·La trouvaille du vendredi·Rétro

Fausse garde (Nouvelle édition)

A l’occasion de la ressortie de l’album (indiquée comme comportant une nouvelle couverture et un cahier graphique… mais surtout en grand format!) je republie ma critique sur la précédente édition.

Fausse Garde - NE
Bd de Merwan
Vent d’ouest (2009), 188p, format comics broché avec couverture à rabats, one-shot.

couv_84922Premier album virtuose de Merwan, Fausse Garde est sorti en grand format en 2004 sous le titre Pankat et prévu en plusieurs volumes. Cet album propose donc une réédition qui clôture l’histoire. Le choix de réduire le format est assez dommageable puisque la finesse des dessins de l’auteur nécessite de la place, ce qu’a compris Dargaud sur son dernier album Mécanique Céleste. Excellente nouvelle, l’éditeur ressort dans les prochains jours cet album en format original agrémenté d’une couverture originale et de de bonus.

A Irap, tentaculaire cité du désert, le Pankat occupe une place centrale. Des écoles de combat, celles du champion Eiam est la plus réputée, par la gloire de l’arène et la morale d’airin qu’il enseigne à ses disciples. Lorsque le jeune Mané arrive dans la cité, son idéalisme va se confronter à la dureté du traitement fait aux sans grade. Doté de facultés exceptionnelles pour le Pankat il va devoir assumer des choix entre la lumière de l’arène et l’ombre des gens de sa condition qui contestent l’ordre établi.

Résultat de recherche d'images pour "fausse garde merwan"Cet album m’a été très vivement conseillé par mon libraire lorsque je suis passé acheter le récent Méacnique Céleste du même auteur. Avant toute chose il faut bien distinguer les deux ouvrages, premier et dernier de la bibliographie de Merwan Chabane, virtuose passé par les Arts décoratifs, école donnant une technique graphique très poussée, et le dessin animé. Adepte d’arts martiaux, Merwan est aussi compagnon de route de la bande à Vivès. Un peu plus âgé que les Bastien Vivès, Michael Sanlaville, Bertrand Gatignol, il est le premier de la bande à publier son album en 2004, où l’on retrouve à la fois une grosse influence du manga (école Otomo, Merwan avait participé à l’ouvrage Tribute to Otomo publié à l’occasion d’Angoulême 2016) en même temps qu’un ADN de l’animation dans l’envie de mouvement. Si Bastien Vivès est le plus médiatique du groupe, Merwan est pour moi le maître technique en proposant dès cette époque un postulat, celui de s’affranchir des canons anatomiques et de perspective de la BD franco-belge pour y apporter, sous condition d’une très grande maîtrise technique donc, des effets de caméra que l’animation donne sur ses intervalles. C’était une vraie proposition artistique car il y a tout de même une sacrée différence entre un dessin-animé à vingt-cinq images par secondes et une case de BD qui peut faire appel à la mémoire visuelle du lecteur mais garde le côté extrême de ces déformations, nécessaires dans l’animation. A partir de là Merwan est celui qui est resté le plus proche de la BD, entre monsieur mouvement (Sanlaville) et monsieur épure (Vivès).

Résultat de recherche d'images pour "fausse garde merwan" Fausse garde est donc un premier ouvrage, qui comporte les défauts d’un projet précoce conçu sans l’aide d’un scénariste. Dès la série suivante il travaille d’ailleurs avec le déjà chevronné Fabien Nury et Fabien bedouel. Sur son dernier opus l’auteur a beaucoup mûri graphiquement, techniquement mais aussi scénaristiquement.

Le premier des trois chapitres est le plus impressionnant, à la fois puissant visuellement, doté d’une colorisation superbe (un des points forts de Merwan) très contrastée et vive et posant un cadre scénaristique très lisible. Ensuite cela se gâte avec un dessin qui s’affine mais évolue aussi vers quelque chose de plus estompé, perdant la force des encrages et des contrastes, tout comme l’intrigue qui se complexifie par trop d’ellipses et de sous-entendus parfois difficiles à capter. On attend une histoire d’ascension sportive vers la gloire, schéma archétypal connu et souvent réussi lorsqu’il reste simple. Les personnages sont là avec le héro naïf mais talentueux, les deux pères spirituels, le décors. Mais à force de chercher l’intelligence du lecteur l’auteur oublie parfois de suivre la linéarité nécessaire et de se concentrer sur des combats annoncés dès le titre (l’original s’intitulait Pankat). On a le sentiment que l’auteur a tout donné dans la première section, s’est vidé et a cherché à simplifier son travail pour la suite. On sort ainsi des quelques deux-cent pages un peu déçu, alléché par ce qui était proposé et un peu sur sa faim.

Résultat de recherche d'images pour "fausse garde merwan"Les qualités de l’album sont cependant nombreuses. Le dessin d’abord, qui malgré cette évolution vers du trait plus léger reste totalement maîtrisé en suggestion même si certaines cases de combat sont compliquées à lire. L’univers ensuite, ce monde très orientalisant, au design inspiré et coloré nous immerge et donne envie de suivre un héros attachant.Je dirais que la partie la plus contestable est pourtant ce qui semble intéresser le plus l’auteur, cette pulsion qui pousse le héros à renoncer à la lumière toute tracée pour suivre le sombre père, ce sicaire très violent aux motivations obscures jusqu’au bout. L’idée de cette opposition des mentors était intéressante pour peu que l’on comprenne ce qui pousse Mané à provoque le si charismatique et puissant Eiam. Toute la partie de l’école de Pankat et des tournois est superbement mise en scène. Les autres séquences d’école buissonnière du héros moins engageantes notamment par-ce que l’on s’éloigne du Pankat et ses séquences qui font le talent de Merwan.

Œuvre de jeunesse partiellement aboutie et qui aurait mérité d’être plus concentrée, Fausse garde reste une expérience visuelle très intéressante et qui donne envie de découvrir la bibliographie de Merwan Chabane et une variante proche de ce que proposeront plus tard Sanlaville et ses potes sur LastMan.

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