BD d’Enki Bilal
Casterman (2017), 82 p., 1 album paru, série en cours.
L’album est de belle facture, au format comics, que je trouve particulièrement pertinent du fait du découpage assez aéré des productions de Bilal (grandes cases). La couverture est très jolie, comme d’habitude chez l’auteur. Petite réticence (là encore désormais habituelle chez cet auteur) sur la typo très informatique des cases de narration… c’est moche et un côté carré qui rompt avec le dessin artisanal de l’illustrateur.
En 2041 un événement mondial fait disparaître toute donnée numérique, provoquant un cataclysme dont personne n’est en mesure de comprendre la portée… Dans la sidération totale, dans un monde déjà soumis aux soubresauts des évolutions géopolitiques voyant des califats et conglomérats économiques s’émanciper des États, dans un monde totalement dépendant de ses technologies, un père et sa fille vont se retrouver au cœur de toutes les convoitises, détenant peut-être la clé de cette crise historique.
Bilal et moi c’est une succession de déceptions et d’envies d’avoir envie… Je me suis éveillé à la BD avec notamment La Foire aux immortels, puis les Partie de chasse, Phalanges de l’ordre noir, etc. Son univers géopolitique et/ou SF m’a toujours parlé et, bien sur, les dessins, si particuliers! Si ses meilleurs scénarios sont ceux de Pierre Christin du temps de leur collaboration, Bilal reste un très bon scénariste, avec son style pas forcément grand public, mais une franchise et un politiquement incorrecte que j’aime. Pourtant son cycle du Monstre m’a énormément déçu. En partie du fait de l’attitude hautaine voir méprisante de l’illustrateur pour ses lecteurs, mais surtout par-ce que tout simplement ce n’était plus de la BD! Il y a eu tromperie sur la marchandise comme on dit. Voir même arnaque: le premier volume Le sommeil du monstre est l’un de ses meilleurs albums… puis progressivement une série prévue en 3 tomes devient 4 et se mue en un obscure objet pédant à cheval entre l’illustration libre et la philosophie de bazar. L’artiste dira qu’il est libre de sa création. Mais la BD reste un format balisé qui doit être intelligible. On n’achète pas une BD que pour son auteur… Bref, je m’étais promis que Bilal c’était fini.
Puis vint cet album au sujet compréhensible, d’actualité et un premier écho plutôt favorable dans la blogosphère (par-ce que dans la presse… Bilal c’est comme Woody Allen, c’est forcément bien…). La bibliothèque m’a permis de tenter l’objet sans risque… et je dois dire que j’ai été plutôt (re)conquis!
Bug (premier album d’une série) est même étonnamment didactique, prenant le temps de poser, d’expliquer, d’avancer. On est loin de l’obscure objet graphique qu’ont été beaucoup d’albums de l’auteur. La principale difficulté vient du dessin de Bilal, ses personnages (on en a l’habitude) ont tous la même tête et malgré des coiffures originales, on peine parfois à savoir qui est qui. Nouveauté en revanche, dans l’utilisation pour les décors de photographies retouchées. Ça peut être vu comme une facilité mais c’est très efficace et aide au côté « propre » et un peu moins fou-fou de l’album.
Le scénario classique de Science-fiction aurait presque pu être écrit par un Christophe Bec (Prométhée) ou un Fred Duval (Travis, Carmen Mac Callum, etc) et pour une fois c’est vraiment sage, presque trop. Car en 82 pages (cases larges aidant), on a plus une atmosphère qu’une véritable intrigue. Personnellement j’aime ses dialogues à l’emporte-pièce, ses jeux de mots vaseux et ses trouvailles toujours un peu punk et hyper-actuelles (comme ces journaux en mauvais français du fait de la disparition des correcteurs orthographiques…). Le plus intéressant dans Bug c’est bien les effets (montrés par l’absurde) de la disparition brutale de toute technologie numérique sur une société devenue dépendante. Les thèmes chers à Bilal sont eux aussi présents mais plus en sous-texte (la mémoire, l’obscurantisme, les conventions,…). Hormis quelques excentricités, on est assez loin du Bilal fou de ces dernières années. Pas de poissons volants ou d’animaux miniatures, seul le graphisme sort un peu de l’univers d’anticipation standard qu’il décrit. Un Bilal sage pour une BD de SF grand public aux thèmes hyper-actuels. Au risque de tendre vers la platitude si le dessinateur n’arrive pas à décoller dans les prochains albums. Un a priori plutôt positif qui me donne envie de lire la suite.
Cet article fait partie de la sélection de, cette semaine hébergée chez Noukette.
Et l’avis de Sophie.
jamais lu Bilal encore, il faut que je m’y penche
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Jamais lu de Bilal… Pourquoi ne pas commencer avec celui-là ? Je vais regarder s’il est en bibli…
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il y a des chances, les bibliothécaires achetent bien du bilal comme du Loisel ou du Hermann…
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J’ai entendu parler de Bilal mais ses univers et son graphisme me font un peu peur, je pense. Je crains de rester extérieure. Je tenterai certainement un jour, ne serait-ce que pour tester.
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Le seul truc qui peut faire « peur » c’est la science fiction si on ne connaît pas du tout. Si les thèmes de la SF te sont familiers et que tu ne rejette pas son graphiqme, cet album est vraiment la porte d’entrée la plus facile pour découvrir. Et puis quand on aime la BD, il y a 2-3 trucs qu’il est bien de connaître (Bilal, Moebius, franquin,…). Maintenant, perso j’ai jamais été fan de Moebius même si je reconnais son grand talent.
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Moebius, Franquin, j’ai tenté. Mais si tu dis que c’est une bonne porte d’entrée, pourquoi pas. Je me posais justement cette question.
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J’étais fan des BD de Bilal du temps de sa collaboration avec Christin, et j’ai adoré la trilogie Nikopol. J’avais une magnifique repro encadrée dans mon salon (Roméo et Juliette vu pas Bilal, superbe !) Mais j’ai été complètement larguée ensuite… Et je n’ai rien compris au 1er tome du sommeil du monstre qu’on m’avait offert. L’occasion de renouer avec cet auteur ?
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Pour moi oui en tout cas. À lire les commentaires on est nombreux dans ton cas
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Tout à fait d’accord avec toi. Bilal, pour moi aussi, c’est une succession de bons moments et de déceptions.
Bug m’a redonné envie de lire du « Bilal ».
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Je l’ai lu, dans la version grand format, très agréable à l’œil. Curieuse de voir comment l’histoire va évoluer, je réserve mon jugement.
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L’univers de cet auteur ne correspond pas à mes goûts mais je l’ai offert à Noel à quelqu’un qui aimé beaucoup cet auteur de BD.
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Pas fan des dessins de Bilal mais ses histoires peuvent être bien donc pourquoi pas 😉
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Je n’ai jamais lu cet auteur, mais je compte tester. Il vaut mieux commencer par Bug ou la trilogie Nikopol ?
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Si tu aimes bien la SF et familier des thèmes SF, lis la trilogie Nikopol. Bug est plus grand public je dirais mais plus « aseptisé ». Pour rappel Bilal est de la génération Metal Hurlant, dont ses premières BD sont un peu Punk et c’est ce qui en fait le piment.
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D’accord, je vais tester ça alors !
Merci beaucoup 🙂
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Je trouve les illustrations magnifiques mais les deux derniers m’ont laissé de côté … Donc je passe !
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J’ai abandonné à la quadrilogie du monstre et pas lu les deux derniers justement. Je pense que celui-ci est l’occasion de remonter en barque 🙂
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Je ne suis pas sensible aux dessins de Bilal.
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C’est sans doute parce qu’on est loin du Bilal des derniers temps que j’ai accroché, alors que j’ai toujours eu du mal avec ces livres… que mon mari adore ! Il en faut pour tous les goûts, mais j’avoue que là j’ai accroché à l’intrigue !
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oui, moi j’aime beaucoup les a côtés qui décrivent les effets sur le monde (les adolescentes qui se suicident, flippant!).
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Bilal n’est pas du tout un auteur qui me fait rêver, ni par son dessin, ni par son univers.
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C’est dommage. Je reconnais que son graphisme est particulier, on aime ou pas. En revanche, s’il a fait beaucoup de SF, il a également fait beaucoup d’autres choses, notamment à l’époque de sa collaboration avec Pierre Christin, spécialiste des scénarios de géopolitique. Les phalanges de l’ordre noir est à ce titre une formidable BD d’espionnage. Tu devrais essayer.
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On ne peut pas accrocher à tout! 🙂
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Rien à faire, je n’accroche pas au style d’Enki Bilal…
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je ne connais pas Bilal et je sais pas….. à voir…. 😀
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Si tu n’es pas allergique à la SF il faut essayer. Surtout pour des documentalistes, la question de la dépendance au numérique est étudiée de façon amusante mais intéressante.
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Je n’accroche pas aux dessins de Bilal…
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Je m’initierai bien à Bilal avec ce titre !
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C’est l’occasion. Un des titres les plus accessibles, si tu ne crains pas la SF et les thèmes qui vont avec.
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Je n’ai jamais essayé Bilal, ton billet est peut-être l’occasion de m’y mettre
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Passé sa « trilogie Nikopol », j’ai décroché avec Bilal. Je trouvais que ça devenait redondant (sur le fond comme sur la forme). J’ai terminé la série du Sommeil du monstre parce que je l’avais commencée mais sans grande conviction. Depuis, je ne suis plus tentée par ses sorties (mais je reviens avec plaisir à ses « vieux » albums). Je vais attendre de voir comment cette série se développe mais je ne suis pas certaine de faire le pas
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Moi c’était pareil et ça m’a redonné envie. Je pense en effet qu’il faut attendre déjà de voir s’il part sur une série longue au risque de se perdre. Mais même en one shot l’album est vraiment sympa
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