BD de François Bourgeon
Delcourt (2017), 24 p., épisode 1/4.
« Volume 1 »: la rue de l’abreuvoir
Journal très grand format, noir et blanc, incluant une page de garde indiquant la nature du projet, une page d’interview avec Bourgeon détaillant son travail, les liens entre les trois cycles des Passagers du vent et une page d’historique sur la période du début de la III°République et des premières réformes de Jules Ferry. Passionnant, pour ne pas dire indispensable à la lecture de cette histoire touffue.
Suivant la tendance (que j’ai déjà salué) à publier des BD en format journal à épisodes, Delcourt se lance avec le rachat du catalogue Bourgeon (passé par Glénat puis Casterman, puis 12 bis puis Delcourt, ouf!) dans la prépublication en format gazette du nouveau tome (le huit) des Passagers du vent. Je suis très surpris car je n’en avais pas entendu parler et avec les déboires éditoriaux du maître et l’interminable parution du cycle de Cyann, je pensais que la retraite avait sonné. Heureusement pour nous, le chef fil de la BD historique reviens avec une vraie-fausse suite de sa série phare. Les deux derniers volumes sur la petite-fille d’Isa avaient un côté un peu artificiel et formaient aux dires de l’auteur un second cycle qui se poursuit ici avec un troisième et dernier cycle en deux albums.
L’éditeur au triangle rouge propose donc (un peu cher…) un album (le tome 1 donc) en quatre partie en noir et blanc. On est dans de la vraie prépubli comme à l’époque bénie de la revue (A suivre), avec du rédactionnel d’actualité, comme pour la gazette du Château des étoiles. Avant la pose des couleurs – Bourgeon est un excellent coloriste – on constate déjà que l’illustrateur a continué à travailler pendant ses années maigres: son trait à évolué et pris encore de la précision depuis Cyann. Mieux, les quelques défauts connus de son dessin (certains angles capricieux) semblent résolus et hormis une certains statique qui caractérisent depuis toujours ses BD, on touche la perfection, notamment au niveau des visages et expressions.
Ce premier épisode montre l’arrivée dans la capitale d’une jeune bretonne ne parlant pas français [attention, plusieurs dialogues sont en breton… non traduit, l’éditeur nous expliquant gentiment que les traductions seront incluses en fin de l’album à paraître en fin 2018… Ça s’appelle arnaquer le lecteur en l’obligeant à acheter les deux versions!]. Elle tombe sur le cortège des obsèques de Jules Vallès et sur Zabo, la petite fille d’Isa que l’on a découverte sur le précédent cycle en Louisiane (la petite fille bois-caïman). Cet épisode extrêmement documenté, comme toujours chez Bourgeon, montre dans ce très grand format les paysages du Paris de 1885, des dialogues en breton, en argot et surtout de magnifiques visages, tantôt de badauds, tantôt de personnages historiques. On a d’ailleurs un sourire en coin lorsque Bourgeon–le-rouge nous croque un certain Pierre Gattaz en bourgeois versaillais et sa greluche Anne Parisot, se prenant des cailloux de la foule. Il fallait oser et c’est l’un des meilleurs moments de l’épisode! Les expressions des visages sont extraordinaires et les trognes des parisiens (le curé!) toujours redoutables comme à la bonne heure des Compagnons du crépuscule.
On retrouve dans ces pages tout ce qui fait la qualité des albums de Bourgeon: la documentation graphique et historique très poussée, le réalisme cru des personnages, la langue,… Les habitués savent que ce n’est pas de la BD à la lecture facile. Les nombreuses références historiques nécessitent d’avoir une certaine culture, de se renseigner en parallèle… ou de passer outre. Personnellement j’adore quand un bouquin m’apprend des choses sur une période ou un évènement spécifique et m’incite à me documenter. Ici on est dans la même thématique que les albums de Tardi sur la Commune. C’est peu connu mais passionnant. En outre l’auteur s’est toujours impliqué du côté des sans grade face aux puissances, dans une histoire réelle, celle du terroirs, de la crasse, des dents cassées. C’est la France d’en bas authentique, violente, aux mauvaises mœurs, auxquelles Bourgeon ne cherche pas d’excuses. L’humanité est sombre, qu’elle soit populaire ou puissante. Seules ont grâce à ses yeux quelques femmes. Ses héroïnes sont anachroniques, modernes en diable, rebelles, libres. Ce sont d’ailleurs les seuls personnages beaux au milieu de hordes de gueules tordues. Il y a du Sergio Leone dans Bourgeon, dans ses gros plans de visages, dans cette réalité crasse.
Je me suis longuement étendu sur ce blog sur la série que je considère héritière de Bourgeon: Servitude. La proximité entre les dessins de Bourgier et de Bourgeon me semble évidente (l’influence tout au moins) et je suis ravis de lire à nouveau l’inventeur d’un certain type de BD adulte, historique, crue, politique. Cette première partie est une mise en place qui se lit bien, aérée, sans trop de textes malgré la profusion de dialogues sur lesquels il faut parfois s’accrocher pour les suivre. On comprend par ailleurs que la bretonne sera le fil narrateur de l’histoire puisqu’on la voit en 1953 raconter sa vie à ce qu’on suppose des journalistes, devant le mur des fédérés. Le message est clair et on n’aime jamais tant Bourgeon que lorsqu’il dénonce et assume. Je pensais n’acheter que les journaux, je crains de ne devoir passer par la case album, en espérant qu’une édition collector grand format avec des annexes soit prévue.
Je serais curieuse de feuilleter l’album. Comme khadielit, c’est une découverte pour moi aussi.
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Pour découvrir bourgeon je pense qu’il vaut mieux attendre l’album, la prepubli est surtout destinée à ceux qui connaissent l’auteur
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… Mais rien ne vous empêche en attendant de lire les passagers du vent, normalement disponible dans toute médiathèque qui se respecte ou même en CDI…:)
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J’ai pas tout compris à l’histoire des journaux (je me suis réveillée très tôt contre ma volonté (faites des gosses ^^), on va dire que c’est pour ça). J’a retenu les phrases pas traduites qui appraitront dans la prochaine version, procédé franchement moyen.J’ai aussi retenu que le contenu me plairait bien. On verra ce que je ferai de toutes ces infos !
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C’est simplement une prépublication avanc bouclage de l’album. Donc Bourgeon est encore en train de faire son album, les couleurs ne sont pas encore réalisées. Ca permet à Delcourt de vendre la BD moins chère, au lecteur impatient de lire plus tôt. Surtout, selon moi ca permet d’avoir l’album en très grand format pour 12€ (4×3€) au lieu d’une trentaine en général pour ce type de format. En outre le contenu additionnel (interview de Bourgeon très intéressante) ne sera a priori pas dans l’album qui sort en fin 2018.
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Merci ! Je comprends beaucoup mieux 😊
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Je renouerai volontiers avec Bourgeon !
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J’adore Bourgeon, mais j’attendrais la version finale… Si j’habite en Bretagne, je ne parle pas breton ! 😉
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J’aime bien ce format « journal », je ne rate aucun Nestor Burma prépublié de la sorte.
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Je n’ai pas encore mis la main dessus, mais tu me donnes envie. Bourgeon, c’est quelque chose, quand même !
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Une découverte pour moi, intriguée, donc pourquoi pas…
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La découverte c’est Bourgeon ou ce nouvel album?
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Les deux !
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La planche sous la neige est superbe !
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Oui. Je me demande si l’album ezn pas plus fort en NB même si bourgeon fait une très chouette mise en couleur. J’aime pas acheter les albums en double mais c’est possible que j’achète la version album.
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En plus c des photos, pas trouvé d’images intéressantes sur le web
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J’adore Bourgeon, dont forcément je suis intéressée, mais je vais sans doute attendre aussi un produit fini… 😉 Plutôt sympathique ce dessin très fouillé et dense je trouve (plus que d’habitude ?), et ce noir et blanc.
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Je trouve que son dessin s’est vraiment amélioré depuis le cycle de cyann.
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Je suis mitigée. Il faudrait que je la feuillette !
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Parfait pour les afficionados des Passagers du vent 😉
Jamais lu cette série pour ma part…
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Pas franchement de lien entre les trois cycles. Ça se lit seul sans soucis.
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Je ne suis pas sûre d’avoir tout compris, d’autant que je ne connais aucune des références que tu cites…
Néanmoins, comme toi, j’aime quand un livre m’apprend quelque chose (et je suis servie avec la BD) et la couverture comme les planches que tu montres sont magnifiques.
A voir si je le trouve à la bibliothèque, car il y a tes bémols, non négligeables!
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La version journal n’est pas pour le grand public c’est sur. Mais si tu veux découvrir bourgeon l’album sera l’occasion. C’est pas plus touffu que Tardi, si tu aimes les BD impliquées et le XIX°siecle.
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Feuilletée hier dans ma librairie bullesque et très envie de me plonger dedans . Et puis Bourgeon quoi 🙂
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pourquoi pas, je verrai si la médiathèque l’a.
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Probable qu’ils prendront pas le journal mais demande leur l’album en fin d’année, les médiathèques aiment bourgeon.
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quand j’ai vu la couv’ j’ai fait « non!! » et quand j’ai vu dedans j’ai fait « ha ouais!! »
j’ai donc bien envie d’y jeter au moins un oeil! 🙂
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Cette fois, je pense que je vais passer mon tour. Je ne suis pas fan de ce genre de dessins.
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Je comprends. C’est particulier. Mais il faut quand même avoir lu un bourgeon une fois dans sa vie 🙂
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J’aime beaucoup Bourgeon et cette série (ainsi que « Le cycle de Cyann » ) sont vraiment un must. J’ai bien envie de mettre le nez dans cette édition atypique que tu présentes pour autant, je pense davantage opter pour le « produit fini » (pas fan des séries alors quand, en plus, un tome est morcelé en plusieurs opus comme ici avec le principe de la revue… je crois que ça va m’agacer. Si en plus on ajoute tes petits bémols comme le prix, le lecteur renvoyé à un glossaire à venir…). Je vais attendre 😉
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Oui c’est vraiment dommage de la part de Delcourt. Sur le château des étoiles rue d Sèvres avait vraiment fait un boulot top et la version journal était plus fournie que l’album. Pas la même démarche commerciale entre les deux éditeurs. C’est agaçant.
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