BD de Benjamin Von Eckartsberg et Thomas Von Kummant
Paquet (2013-). 80p/album, 4 albums parus /5.
L’éditeur Paquet nous a habitué à proposer de très beaux ouvrages, souvent en grand format, doté de couvertures attrayantes et au travail éditorial qualitatif. Essentiellement connu pour les (très bonnes) séries d’aviation de Hugault ou pour le manga best-seller Usagi Yojimbo, Paquet propose avec Gung-Ho de découvrir deux auteurs allemands pleins de talent, déjà créateurs de la série Chroniques immortelles. Les albums ont été publiés en deux sorties de 40 pages par tome puis en album de 80 pages grand format et enfin en édition deluxe (encore plus grand format). A 17€ l’album ce n’est pas une arnaque. Un court cahier graphique accompagne le premier tome. La maquette est fidèle à l’univers, prenant comme couverture un des personnages principaux à chaque tome. L’intérieur de couverture représente le cadre géographique de la colonie qui accueille l’intrigue. Du beau travail qui rehausse cette excellente BD.
Dans un futur proche, ce qu’il reste de l’humanité s’est réfugié dans des villes fortifiées et des colonies qui tentent de recoloniser le territoire en se protégeant du fléau blanc, les Rippers. Lorsque arrivent dans la communauté très réglementée de Fort Apache deux orphelins, Archer et Zack, ils se retrouvent confrontés à l’acceptation de ces règles, à leur transgression par leurs pulsions d’adolescents et au défi de se construire dans ce monde hostile.
Gung-Ho est une BD post-apocalyptique dans la veine de Walking Dead… sauf qu’ici pas de zombies. Le contexte préalable n’est que faiblement évoqué et si l’on apprend tardivement ce que sont les Rippers, l’on ne sait même pas s’ils sont à l’origine de la réduction de la population. Ce qui intéresse les deux auteurs ce sont les relations entre les personnages et notamment entre groupe des adolescents et des adultes. Cette mini société est absolument passionnante par ce qu’elle transpose en concentré les impératifs de toute société entre justice, liberté et ordre. Derrière ces concepts, les adultes et les adolescents n’ont pas les mêmes visions et vont souvent tester la réactivité de cette société expérimentale et communautaire. Les personnages sont vraiment nombreux et caractérisés à la fois graphiquement et par le scénario. Hormis quelques exceptions (le méchant corrompu), tous sont subtiles et crédibles, le lecteur comprenant leurs motivations qui ne sont jamais simples à condamner. Cela car le travail de contexte est important et la pagination permet de prendre le temps de soigner chaque figure. L’élément déclencheur de l’intrigue est l’arrivée des deux jeunes frères et notamment d’Archer, le joli rocker tête-brûlée (en préambule à chaque album les auteurs nous rappellent que Gung-Ho signifie « tête brulée »), qui ne respecte aucun code et va par ce fait mettre l’équilibre de la communauté et de ses lois en danger. Certaines personnalités sont plus alléchantes, comme la jeune asiatique experte en maniement du sabre ou le chef militaire du groupe. Mais tous semblent vivre leur vie entre les cases.
Ce qui a marché dans Walking dead (la transposition de la société dans une situation de crise extrême) fonctionne aussi ici avec l’accent mis sur l’adolescence et les thèmes qui lui sont liés (la transgression, la musique, le flirt, l’alcool, le passage au stade adulte,…). En revanche, si la série de Robert Kirkman est dotée de dessins loin d’être virtuoses, ici Thomas Van Kummant (passé par le design et l’infographie) fait des miracles avec sa palette graphique. Si vous êtes allergiques au dessin numérique vous pouvez passer votre chemin… pourtant vous aurez tort! Comme Miki Montllo sur la formidable série Warship Jolly Rogers (leur technique est proche, entre des formes plates et des textures et contrastes très sophistiqués) il parvient à donner une grande expressivité aux visages et une harmonie improbable quand on regarde les dessins à la loupe. Élément par élément on peut même trouver cela moche, mais l’ensemble est très léché, entre le photoréalisme des arrière-plans et les éclats de couleur des personnages. Comme Bastien Vivès, Van Kummant parvient à donner un réalisme à ses dessins en faisant appel à notre mémoire visuelle, transformant quelques traits ou touches de peinture en une anatomie et mouvement très parlant. Mais surtout les auteurs nous donnent un vrai plaisir à suivre tous ces personnages, pas seulement les héros. L’esprit est celui d’une bonne série TV que l’on veut voir durer des années. Ainsi sur un canevas simple ils parviennent à nous attraper, nous faire craindre pour untel, souhaiter un avenir à un autre, etc.
Gung-Ho est une vraie réussite et une très bonne surprise sur tous les plans, tant graphique que thématique. Deux auteurs inconnus arrivent à confirmer l’essai d’un projet montrant que l’on peut raconter mille fois la même histoire en intéressant toujours différemment. Par l’intelligence et la spécificité de chaque auteur tout simplement.
Cet article fait partie de la sélection de, cette semaine hébergée chez Mille et une frasques.
Moi j’ai décroché la série TV et jamais été tenté par la BD de WD. Je trouve souvent redondantes les histoires post-apo. Ici y’a un truc en plus, je sais pas. Peut-être les personnages. C’est souvent eux qui permettent à une création de sortir du lot.
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Le genre Walking dead, c’est loin, loin, loin d’être pour moi. Mais malgré ça, je suis presque tentée!
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J’adore rien qu’avec le résumé et les dessins (superbes!) !
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Merci!
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Pourquoi pas! Le post-apocalyptique n’est pas mon genre préféré mais si y a pas de zombies, ça peut peut-être le faire et je n’ai pas d à-priori sur ce dessin numérique, surtout après t’avoir lu.
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J’adore cette série. Vivant et contemporaine à la fois. étonnante aussi avec son graphisme très « animé ». Une réussite, je plussoie.
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Oui. Surtout que c’était pas gagné: un walking dead like, une série avec des ado, le projet sentait le truc pas original et les auteurs ont réussi à le rendre vraiment attachant (les personnages sont super travaillés). Une découverte aidée par un de ces petits éditeurs qui donnent de gros moyens à leurs auteurs (grand format, grosses paginations, etc).
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J’avais adoré !
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ça a l’air très sympa ! merci pour la découverte !!
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Ben vu que c’est une vraie découverte aussi pour moi, you’re welcome!
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Je suis sans doute vieux jeu mais ce type de dessin ne me plait pas du tout !
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C’est spécial en effet, mais hormis quelques exceptions j’arrive en tentant des lectures qui à priori ne m’attirent pas visuellement à apprécier la technique de l’illustrateur. Car on a quand-même un vivier de talents totalement ahurissant et rares sont les illustrateurs vraiment faibles (notamment en franco-belge, chez les ricains ils sont moins regardants je trouve…)
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Un apo sans zombie ? Pourquoi pas 🙂
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Ca fait partie de l’originalité de cette série et lui permet de sortir du cliché d’histoire de survie dans un monde de zombies. Souvent ca tient à un détail.
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Les dessins sont très tentants!
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Il faut aimer le numérique, mais moi j’avoue être totalement fasciné par ces artistes qui arrivent à donner un aspect presque classique avec une palette graphique. Miki Montllo fait là-dessus un incroyable boulot sur Warship jolly roger.
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Très tentée, merci pour la découverte !
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En plus c’est pas tous les jours qu’on a des auteurs de BD allemands!
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