BD d’Emmanuel Lepage
Futuropolis (Gallimard), 96p. + 1DVD documentaire.
Ar-men est le phare le plus à l’ouest de la Bretagne. Un phare construit de main d’homme au milieu du XIX° siècle sur un rocher de quelques dizaines de mètres, au milieu des flots. De sa construction à sa dernière occupation, c’est le récit d’une partie de la Bretagne, d’une culture, d’une persévérance et d’un lien des hommes à la mer qui nous est relaté. C’est également le récit d’un homme et de ses fantômes.
Chaque nouvel album d’Emmanuel Lepage est désormais un événement dans la sphère bdphile. Auteur entier ne recherchant pas la facilité, doté d’une technique sans faille et d’une sensibilité esthétique qui ne fait pas de doute, il parvient livre après livre à parler de ses passions et questionnements très personnelles dans des œuvres passionnantes. Je le suis depuis la Terre sans mal, magnifique voyage ethnographique en terre d’Amazonie (pour moi son plus bel album) mais j’avais passé mon chemin sur ses carnets de voyages, genre qu‘il a entamé il y a quelques années et qu’il peaufine désormais en des albums à cheval entre la fiction et le reportage. La Lune est blanche, relatant l’expédition en Antarctique de l’Institut Polaire qu’il a suivie (à travers une BD agrémentée de photographies de son frère) m’avait littéralement passionné et j’ai entrepris de reprendre mon retard. Son dernier album inspiré des Voyages d’Ulysse m’avais laissé sur ma fin, trop réflexif. Ar-men est cette fois beaucoup plus classique et forme l’une de ses plus belles réussites.
Dès l’introduction, très cinématographique, Lepage laisse exploser son talent, sa maîtrise des plans aériens, de couleurs maritimes éclatantes en suivant une mouette progressant et nous emmenant de la pointe du raz à l’île de Sein et jusqu’au phare proprement dit. Là, deux hommes et une jeune fille résident dans un fut de dix-mètres de diamètre au milieu des flots… Chaque soir une grosse vague risque de briser la porte ou jusqu’aux vitres de la lanterne. Pourtant ils sont là pour sauver des vies, celles de marins au large qu’ils guident par leur lumière salutaire. La vie dans le phare est rapidement relatée avant d’entamer le récit à la jeune fille des légendes bretonnes de la ville d’Ys, de Dahut et de l’ensevelissement par les eaux, puis de la construction du phare il y a un siècle en creusant barre de fer à la main une roche battue par les flots. C’est une véritable aventure, du même souffle que celle de l’Endurance que j’ai chroniqué sur ce blog, qui nous est relatée via des planches toutes plus magnifiques, tantôt historiques, tantôt naturaliste (les flots, les oiseaux, le vent). Lepage est breton et fusionne avec sa terre, comme jamais dans cet album. L’on sent le lien aux éléments qui unit ces hommes simples de Sein, cette nécessité de vivre sur la mer, de la mer, pour la mer. Ironie de leur situation, ces marins vivaient des naufrages et vont vivre par et pour le phare destiné à éviter ces naufrages…
Lepage sait agencer l’histoire, le mythe, le contemplatif et le cheminement personnel de ses personnages en une alchimie parfaite, passionnante, graphiquement superbe et variée. Et ici l’album prend une dimension supérieure lorsqu’est révélé brutalement le passé du gardien. Tout en subtilité, en maîtrise Emmanuel Lepage réalise alors un grand album comme son talent, humain, sensible.
NB: l’album a été lu en numérique ce qui m’empêche malheureusement de mettre 5 calvin…
Cet article fait partie de la sélection de, cette semaine hébergée chez Noukette.
D’autres avis chez: Mo‘,Brize, Blandine, Jérôme, Antigone, Lecturissime, Bricabook,
Pour cette bd, je n’ai vraiment aucune excuse, je suis (presque) sûre qu’on l’a à la bib…
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Ben oui… et les autres aussi! 🙂
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Enfin lue !! Et adorée…
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Après le billet de Mo’ j’avais très envie de le lire, mais maintenant il faut ABSOLUMENT que je le lise !!
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Je plussoie ! Superbe Lepage comme toujours !!
J’avais découvert cet auteur en lisant « Un Printemps à Tchernobyl ». Une grosse claque, je n’étais absolument pas préparée à en prendre autant plein les yeux 🙂
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Tcherno est très chouette mais un peu terne je trouve. La Lune est blanche est vraiment magnifique et surtout la terre sans mal, en amazonie éclate graphiquement. A lire si tu connais pas.
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« La Terre sans mal » je ne l’ai pas lu. Et je compte bien remédier à cela
« La Lune est blanche » je te rejoints, magnifique !! « Voyage aux îles de la Désolation » aussi.
Ce qui m’a plu dans Tchernobyl, ce sont toutes les émotions qu’il parvient à transmettre. Un passage m’a particulièrement marqué : celui où il a pu entrer dans la zone de sécurité et il décrit sa peur, le fait qu’il est impressionné d’être là aussi… et le crépitement du dosimètre qui le presse voire qui l’angoisse
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C’est toujours très beau avec Lepage mais son dernier reprenant le mythe d’Ulysse m’avait déçu au niveau du scénario alors j’hésite un peu.
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ça a vraiment l’air sublime ! rien que le sujet est déjà fascinant et majestueux, alors mis en lumière par Lepage, ça doit décoiffer en effet.
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Je craque totalement pour le dessin ! Je note précieusement !
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Au passage, je crois qu’Ar-men est déjà passé sur la BD de la semaine, merci de me signaler vos billets svp afin que je les indique en fin d’article..
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J’adore le travail de Lepage! Celui-ci n’échappe pas à la règle, il sera lu!
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J’ai aimé le fait que ce soit une vraie BD. Certains de ses albums précédents perdaient un peu la forme narrative BD.
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Il me le faut !!!
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Tout pareil : séduite ailleurs tu finis de me convaincre !
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Je regrette juste de l’avoir lu en numérique, mais bon, vu ce que je boulotte je prends là où je peux 🙂
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Emmanuel Lepage, ce génie…! ❤
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j’étais déjà bien tentée mais tu enfonces le clou !!
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C’est un album que l’on termine avec l’assez rare sensation du sans faute. Et puis Lepage a un dessin assez classique qui peut plaire à beaucoup de monde (je me dis qu’on a un peu le même style que Gibrat en moins maniéré).
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Cet album m’a déjà tapé dans l’œil grâce à Mo’!
Les paysages sont superbes!
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